Courts extraits du compte rendu de Claude Tatilon sur le livre de Katharina Reiss "La critique des traductions, ses possibilités et ses limites" et lien avec l'affiche d'une conférence en mai 2018 à Berlin sur la traduction
Die italienische Redensart „Traduttore, traditore“ (zu Deutsch: Übersetzer, Verräter) impliziert den Verdacht, dass die literarische Übersetzung das Original verfälscht und alles andere als neutral ist. Autoren und Übersetzer kommen bei der durch den chilenischen Lyriker Pablo Jofré kuratierten Reihe über ihre Werke und den Übersetzungsprozess ins Gespräch und stellen sich den Fragen des Publikums. Gäste der ersten Veranstaltung sind Nina Jäckle (Berlin), Rocío Cerón (Mexiko-Stadt) und Hakan Özkan (Münster).
Une règle d'or
Evaluer la pertinence du contenu de la traduction à partir de la finalité accordée au
texte d’arrivée.
http://www.erudit.org/revue/ttr/2002/v15/n2/007487ar.pdf
par Claude Tatilon TTR : traduction, terminologie, rédaction, vol. 15, n° 2, 2002, p. 235-239. Katharina Reiss. La critique des traductions, ses possibilités et ses limites, traduit de l’allemand par Catherine Bocquet, Cahiers de l’Université d’Artois 23/2002, Arras, Artois Presses Université, 2002, 166 p.
Le but de cette étude, publiée en 1971 à Munich,...: « Comment savoir si une traduction est bonne ou mauvaise ? » ... C'est une démarche théorique inscrite dans une perspective précise : celle de la « traduction normale », par laquelle « on tente d’élaborer en langue-cible un texte équivalent au texte-source sans rien retrancher, sans rien ajouter ni distordre » (p. 33) ― forme canonique de traduction qui exclut toute « réexpression en langue-cible d’un contenu reçu en langue-source [ayant une] visée différente de celle du texte original, ou un nouveau public-cible, autre que celui de l’original » (p. 41). ... tout s’enchaîne ...
a) le texte à traduire s’inscrit dans une typologie « qui englobe la totalité des genres de textes que l’on rencontre dans la pratique » (p. 32) ;
b) il correspond à un type précis ― « à dominante informative », « à dominante expressive » ou « à dominante incitative »
c) ce type, à son tour, « détermine la nature de l’équivalence ― » ; laquelle penchera tantôt du côté de contenu, tantôt du côté de la forme ...
La typologie des textes apparaît donc comme la clé de voûte de tout l’édifice théorique : ...idée d’un lien fort entre le type de texte de départ et la nature de l’équivalence à établir.
...L’élaboration d'1 classification ...et pour chaque type, ...la stratégie préconisée :
« Pour les textes à dominante informative, centrés sur l’objet dont ils traitent, il s’agit avant tout de faire passer le contenu. Pour les textes à dominante expressive, qui sont centrés sur l’émetteur, il convient de se conformer aux préoccupations esthétiques de l’auteur de l’original afin de transmettre aussi la forme. Pour les textes à dominante incitative, qui sont centrés sur le récepteur, le traducteur s’efforcera de provoquer chez le lecteur de la version-cible les mêmes réactions que celles que visait à obtenir le texte-source pour le récepteur de la version originale. »
"CORRECTIFS" établis par Claude TATILON
Ce qui précède révèle une confusion ... celle que les années soixante-dix entretenaient autour de la notion d’expressivité, ...confondue avec celle d’impressivité, voire (comme ici) avec des aspects purement esthétiques.
La fonction expressive, chez Karl Bühler, comme chez Nicolas Troubetzkoy et Roman Jakobson, est bien centrée sur l’émetteur, ...= renseigne sur l’état d’esprit de celui-ci, sur l’opinion qu’il « exprime » vis-à-vis de l’information référentielle qu’il émet. Elle renseigne aussi parfois, à l'insu de l'émetteur, sur sa personne physique, sa personnalité, son appartenance sociale, son degré d’instruction, son origine géographique, etc.
L’ambiguïté est patente chez Katharina Reiss entre un contenu (cette information caractérisant l’émetteur) et la forme linguistique qu'il prend...brouillantla précieuse et délicate analyse de l’information artistique et, partant, compromet la traduction des « éléments à conserver » (toutes les fois qu’ils sont esthétiquement pertinents ?) d’un texte à traduire.
Quel est son rôle dans la formulation d’un contenu pertinent? A-t-elle une valeur esthétique?
...Redoutable problème formel ...pour chaque texte à traduire, quel que soit le type auquel il appartient.
... Evaluer la traduction d’une écriture particulière...: il convient de toujours « mesurer [une] traduction à l’aune du texte original, c’est-à-dire [de toujours] établir la comparaison entre les deux. »
Or...s’écarter de la norme de la langue d’arrivée n’est pas forcément une erreur. C'est même une nécessité dans le cas de textes manifestant une écriture singulière. « Le traducteur a parfaitement le droit de ‘dépayser le lecteur’ sans pour autant le dérouter, à moins que telle ne soit précisément la volonté de l’auteur de l’original. » (p. 56)
...Que de fois, lors de discussions académiques (voire à l’occasion de soutenances universitaires), n’a-t-on pas vu afficher (parfois avec force) des opinions qu’on pourrait dire « antitraductologiques », fondées sur la base du seul texte d’arrivée et condamnant des « faiblesses […] reproduites par souci de probité intellectuelle [et] immanquablement attribuées au traducteur et non pas à l’auteur du texte original »! (p. 87)
Traduire la spécificité d’une écriture singulière est souvent un impératif, qui concerne ― d’abord, mais non exclusivement ― le texte littéraire, engagé dans une recherche quasi permanente de l’inattendu...
le texte littéraire =>texte expressif et l’expressivité => contenu informant sur l’auteur du texte (intentionnellement : ce qu’il écrit pour exprimer sa réaction personnelle au sujet traité dans son texte, ou involontairement : ce qui transparaît de lui dans le texte, par exemple son origine sociale ou géographique).