''Cris de crises'' avec en lien un appel à textes de la Revue numérique TraHs

Publié le par Claire Antoine

''Cris de crises'' avec en lien un appel à textes de la Revue numérique TraHs

J'ai trouvé, comme souvent, un sujet de réflexion, un pré-texte qui me donne envie d'écrire quelque chose, qui m'oriente, qui m'inspire, sur le site "Fabula".  

                                      Un petit résumé incomplet

 Le post en lien, mis en ligne le 17  décembre, invite des universitaires à envoyer des textes portant sur  des analyses d'expériences ( décryptées) de confinement "(...) à travers le prisme de situations féminines, isolement subi ou  choisi (...) sous l'angle de la violence, de l’introspection, de la résilience, de l’ascétisme, de la maladie..." Ce qui regroupe les religieuses, les détenues, les otages, les femmes prisonnières de leur corps ou de leur esprit, etc. Le point commun à toutes ces situations c'est l'isolement entre dans quatre murs ou dans son corps, des zones frontières, dont la femme ne peut pas sortir. Il faut alors trouver des solutions. Pour vivre. Vivre des expériences dramatiques, punitives, sadiques, initiatiques, « préventives » ou encore cathartiques. "Démontrer comment cette expérience qui toujours la pousse dans des retranchements psychologiques interroge directement la phénoménologie et son rapport d’être au monde mais au-delà d’être à soi."

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                                               Cris de crises

Je me souviens d'un jour de vacances en Bretagne où j'ai été amenée à faire un court trajet en bateau pour me rendre dans une île. Je suis parfois (de moins en moins, en vieillissant, ouf !!! enfin un avantage) sujette à des moments de panique qui m'oppressent,  m'empêchent de respirer, dans ce cas je tousse, ( une petite toux qui ne soulage que pour 10 secondes ) et surtout pour y échapper, il faut que je bouge. Que j'entre en quelque sorte dans un autre rythme que le mien-intérieur. Je  sors rapidement de l'endroit où je me trouve, et si je suis dehors, seule, j'accélère le pas, ou je cours...Je peux aussi échanger quelques mots avec quelqu'un qui passe par là, ou entrer dans un magasin, si c'est en ville. Enfin, il faut que je m'oublie que je sorte de moi par un biais ou par un autre. Que je m'échappe de ce durcissement que je ressens, au niveau de mon appareil respiratoire et dont j'ai peur qu'il m'envahisse tout entière et que je tombe et que je meurs, ici, maintenant, surtout si je n'ai pas changé de chaussettes...   Alors, dans ce petit bateau où j'étais assise, avec ma famille, au milieu d'autres touristes, j'ai commencé à paniquer. J'ai couru sur le pont. Comme je vacillais, je me suis assise. La mer était un peu agitée, mais sans plus. Les embruns et une petite pluie fouettaient mon visage cinglaient mes lunettes, me fermaient la bouche, entraient dans mon nez.  Je ne pouvais pas aller plus loin. C'est terrifiant ce moment où tu prends conscience que tu ne peux pas aller plus loin. Que le ciel et la mer si vastes t'emprisonnent dans un petit bateau qui danse. J'entends encore brondir le moteur. Alors je me suis mise à crier. Je me suis ramassée sur moi-même et j'ai crié, j'ai sangloté que j'allais mourir, que je ne voulais pas rester là.   - Mais qu'est-ce qu'elle a ?  Tu te donnes en spectacle. Il n'y a pas de danger. On va bientôt arriver. Mais j'ai continué.  C'était pour moi la seule chose possible, jusqu'à ce qu'on voit la terre.   

J'ai crié aussi de cette façon "hoquetante" Maman je t'aime, reste, ne pars pas, enfermée dans une chambre d'hôpital, seule, avec une blouse, des gants, une charlotte sur la tête, au pied du lit de ma mère agonisante, les yeux mi-clos. 

Cris spontanés, mais de non délivrance.  Je suis contente qu'ils m'aient échappé, j'en suis étonnée, d'ailleurs. Mais cris inutiles, pour elle, puisqu'elle partait "pour de vrai", apparemment sereine.  

Quant à moi, même si je n'avais pas prévu ma réaction, je les ai, pendant que je les poussais, ces cris, jugés inefficaces peut-être même inappropriés. Je m'entendais et me voyais avoir cette réaction bruyante que ma mère désapprouvait certainement. 

     

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