Cla(i)rification de nouvel an 2013
Sorte de lettre ouverte
Ce que j'avais à dire à ma famille pour commencer l'année 2013
Je me souviens. C'était il y a de cela 15 ans peut-être, un samedi soir, papa regardait maman occupée dans la cuisine à faire des tartes. Son rouleau entre les mains, elle étalait la pâte. Il ironisait alors gentiment sur elle, désignant par là l'antithèse vivante qu'est l'intellectuelle pâtissière. Ce qu'il voulait dire, je crois, maintenant, c'est qu'il faut essayer de clarifier ce que l'on est et donc aussi affirmer ce que l'on n'est pas. Orpheline de ce père-là depuis 3 ans, retraitée, sexagénaire, grand mère, membre d'une nombreuse famille encore relativement soudée, je pense aujourd'hui être en mesure de dire ce que je ne peux pas faire autrement que d'être.
Depuis qu'internet me sert de dictionnaire, de traducteur, d'encyclopédie, vidéothèque, pinacothèque, bibliothèque, ..., je prends conscience que ... J'ai par exemple compris que... que je désapprouvais les lois mémorielles, et peut-être bien aussi Vatican 2, que j'appréciais les messes en latin, traces d'une langue que j'ai commencé à apprendre en sixième et...que je "parle mieux" que les incontournables langues dites, vivantes. Je suis aussi pour la manifestation ostensible de l'appartenance religieuse, toutes religions confondues. Je suis contre le féminisme, avec un grand "F", revendiqué, claironné, mis au devant de la scène pour cacher autre chose et autoriser d'autres choses à la fois démagogiques et d'une certaine façon dictatoriales et aussi pour l'existence d'un État unique pour la Palestine et Israël.
Je suis pour l'auto-édition, contre le racolage en librairie, ou sur des salons, même s'il m'est arrivé tout récemment de m'égarer ( en fait, ce n'est même pas amusant ).
Je n'aime pas la bourgeoisie de droite, et pas non plus les socialistes.
En passant,
comment peut-on encore penser que le modèle actuel de nos civilisations occidentales est à imposer comme un horizon désirable, insurpassable. Quel bête orgueil.
Toutes les questions sociétales - qui sont sans doute importantes, je n'en disconviens pas, - sont quand même posées en cette période où il vaut mieux éviter de regarder les statistiques concernant l'emploi, les entreprises, pour empêcher de parler du travail... Les vrais changements, les vrais défis sont là.
Et je sais que la presse ( encore elle ) accorde en exclusivité des propos du type que je viens de tenir à une femme qui représente un parti politique auquel évidemment je n'appartiens pas.
Mais l'adverbe "évidemment" est de trop. Il sent son autojustification.
Tiens, justement, à ce propos, celui du travail, je me souviens ... J'avais la passion des planches dans ma jeunesse. Les ailes du Sphinx fichées dans le dos, je pensais que
« travailler comme une c..., c'était de la m... ».
En fait, si je regarde sur internet des vidéos de Maxime le Forestier, qui chante avec sa sœur, à la fin des années 60, je me dis que c'est peut-être de ça dont nous rêvions tous, à l'époque... De vivre comme des gauchistes dans l'affinité élective, de transformer la famille en une communauté, de manger un sandwich sur un banc avec son copain, son frère, sa copine, sa soeur, face à la mer.
J'habite, moi, dans un quartier froid et figé, mortifié, dans une vieille maison en travaux depuis 20 ans. C'est ma maison bleue de San Francisco !
Vous "avez" tous la vôtre, les uns dans du logement collectif, au sein d' un quartier réhabilité pour classes moyennes, ce qui vous a fait devenir tout naturellement socialistes. Les autres ont de multiples adresses, ou, encore, occupent des locaux administratifs ou encore habitent dans des vallées protégées, troquant leur tranquillité contre celle d'Areva, qui mine les départements de centrales nucléaires etc. les autres encore aux portes de la ville, vous êtes obsédés par la voiture, comme Mel Gibson dans Mad Max...
Difficile de se comprendre.
J'étais prof de lettres. L'école, qu'elle soit laïcarde ou confessionnelle, me semble, aujourd'hui comme hier, d'ailleurs, quelque chose de juste « nul ». Je déplore que mon père ne m'ait pas soutenue (était-il déjà malade ?) quand j'ai voulu, en suivant l'exemple de Jean-Luc, somme toute réaliser le projet de base de n'importe quel fonctionnaire qui cherche avant tout, en travaillant, à s'émanciper du travail.
Mais la retraite, bien qu'étant un régime plus sain que celui du travail, reste cependant l'apothéose de la course aux petits profits - aux combines, aux avantages liés à des prestations sociales – course menée par chacun depuis sa première paie, qu'il appartienne au monde des professions libérales ou qu'il soit fonctionnaire. C'est là une folle idée. L'objet de roueries, d'intrigues. On veut « toucher », ne rien lâcher, faire valoir ses droits à...et c'est cette habileté à...qui donne l'impression de s’élever de la terre vers le ciel. Monter à Paris en TGV pour faire une école, ou s'emparer de l'ascenseur social en appuyant sur le bouton pour le dernier étage... Le pire étant, comme papa, ou messieurs, Haillet, Rolland, ses compagnons d'infortune, en quelque sorte ...de déchoir de la fac vers un collège de banlieue...
Depuis que je suis en retraite, je me perds dans des associations de 1901, qui transforment l'action en activité, parodiant le travail et l'ambition.
Une catharsis qui ne fonctionne que dans la répétition mécanique, sans humour, sans ironie. Tiens, je regrette que papa et maman se soient fourvoyés dans la vraie-fausse association « Lettres et Arts », un appareil à fabriquer de l’ambiguïté.
En fait, les deux seules personnes vivant dans le monde du spectacle journalistique, qui m'aient jamais touchée, sont le Che et Jean Edern Hallier.
Je vous souhaite une bonne année. Au-delà de nos convictions, de nos adhésions, de nos valeurs, de nos engagements, de notre courage, de nos devoirs, au sujet desquels aucune compromission n'est, bien sûr, possible, soyez certains que j'éprouve envers chacun des membres de la famille au grand complet, un amour, une tendresse et une fidélité indéfectibles.
Claire, alias Clara, alias Clairette
le 12 janvier 2013