Autour du thème ''Lire ou Jouer '' ? - ''lecture (au/du) théâtre''.''Une manière particulière de lire ensemble''- Bel article d'Arnaud Rykner sur ''L’écrivain et la lecture en public''. Lien academia.edu. Journals.openedition.org/itineraires
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Lire ou écrire, il ne faut pas choisir. L'écrivain et la lecture en public
Littérature, textes, cultures 2022-1 | 2022 Les émotions littéraires à l'oeuvre : lieux, formes et expériences partagées d'aujourd'hui Lire ou écrire, il ne faut pas choisir. L'écrivain et ...
Extraits
(...) la lecture en public est à la fois un théâtre miniature et peut- être l’essence du théâtre : ''Théâtre miniature'' parce que la page même du livre est une scène, sur laquelle se déploie l’univers complet de l’écrivain :
« Rien qu’un mot sur la page et le théâtre est là », écrivit Sarah Kane en une formule que Claude Régy aimait à citer.
Du coup, loin d’être un spectacle au rabais, la lecture en public peut se comprendre aussi comme l’essence du théâtre, en étant une manière particulière de « lire ensemble ».
Car « lire ensemble », c’est aussi la formule que Régy utilisait pour parler du théâtre :
Peut-être d’ailleurs que ce qui différencie le théâtre de la lecture, c’est qu’au théâtre il y a une masse de lecteurs qui lisent ensemble, et que toute action mentale de l’un se répercute sur le mental des autres.
Il est possible de prendre cette formule au mot en disant que le lire public, qui est un lire ensemble,
ne se distingue pas du théâtre, voire qu’il en est une sorte de noyau fondamental ;
Jusqu'à l'amorce des mouvements, qui [éloigne] la parole qui, alors, ne dispose pas du champ sonore auquel elle a droit.
Contre le jeu, et pour la lecture, Duras affirme : « le jeu enlève au texte ». Le jeu enlève paradoxalement du corps au texte,
(...) la lecture en public, est une façon de montrer le corps qu’il y a dans le langage,
peut-être parce que l’absence de l’image,
ou tout au moins sa limitation à l’extrême –
ou plus exactement encore la limitation du visible (qui n’est pas le visuel et que le visuel excède) –, permet de laisser émerger de manière absolue, sans parasitage par des mouvements ou des images artificielles, le corps du langage, ce corps qui est déjà déposé dans le langage.
Une fois le jeu enlevé, rien ne vient plus distraire de cette sorte de corps à corps avec le langage.
L’émotion est alors, pour ainsi dire, absolue, purifiée de tout ce qui voudrait la solliciter artificiellement –
d’où aussi un équilibre précaire à trouver dans la lecture en public entre un risque de « trop de corps » et un risque de « pas assez de corps », un risque de « trop d’image » et un risque lié à l’épure de la lecture.
La lecture redonne au texte sa part la plus charnelle en même temps que la plus collective. (...)