À propos de ''Pluie et vent sur Télumée Miracle'' de Simone Brumant Schwarz-Bart - notes sur l'oeuvre et l'écrivaine 5 liens : 1) fr.wikipedia.org; 2) academia.edu, article de Tatiana Pieters sur l'oeuvre; 3) fabula.org, colloque international ''Hommage au cycle antillais de Simone et André Schwarz-Bart''; 4) claireantoine.com, bio d'A. Schwarz-Bart; 5) liseusesdebordeaux.org

Publié le par Claire Antoine

    Pluie et vent sur Télumée Miracle, 1972, un chef-d'œuvre de la littérature caribéenne

Le roman de Simone Brumant Schwarz- Bart est au programme des classes de première en vue du Bac de Français 2026, dans le parcours ''Tisser les mémoires, habiter le monde''.    

''Arrière-petite-fille de Minerve, femme chanceuse que l'abolition de l'esclavage avait libérée, Télumée raconte les étapes de sa propre vie, marquée par l'alternance de saisons bonnes et mauvaises...''

Quelques notes prises dans l'article bio-bibliographique Wikipedia en lien

Simone Brumant est née le  à Saintes d'un père militaire et d'une mère institutrice, tous deux natifs de la Guadeloupe]. Elle fait ses études à Pointe-à-Pitre, à Paris puis à Dakar. Son oeuvre est imprégnée de l'Afrique, de la Caraïbe et de l'Europe.

À 18 ans, alors qu'elle est encore étudiante à Paris, elle rencontre André Schwarz -Bart qui deviendra son époux. Ils auront deux fils, Jacques et Bernard. Il est en train d'écrire Le Dernier des Justes.

Après un roman à quatre mains, Un plat de porc aux bananes vertes, l'histoire des exils antillais et juif en miroir. En 1972, Simone écrit seule Pluie et vent sur Télumée Miracle qui, encore aujourd'hui, est considéré comme un chef-d'œuvre de la littérature caribéenne, ''un best-seller inépuisé et inépuisable''comme le dit le romancier Patrick Chamoiseau. 

Elle et son mari vont subir un quasi-procès politique quand celui-ci publie le roman La Mûlatresse Solitude. 

Ils décident de rester en Guadeloupe, mais de ne plus rien publier.

Elle ouvre une boutique d'antiquités coloniales, puis un restaurant créole.

Après un long silence, Simone Schwarz-Bart écrit la pièce de théâtre en un acte : Ton beau capitaine. Puis avec André, son époux, elle publie une encyclopédie en six volumes Hommage à la femme noire] mettant notamment à l'honneur toutes ces héroïnes noires absentes de l'historiographie officielle.

En , elle est promue au grade de commandeur dans l'ordre des Arts et des Lettres.  

                                       Simone Schwartz-Bart et le féminisme

L'écrivaine participe, à la suite des avancées théoriques et directes du féminisme historique, à la constitution d'une épistémologie féministe.

Grâce à l'articulation de ses diverses appartenances de femme, noire, française et antillaise elle repense la notion du genre, de classe et de race dans une intersection de plusieurs rapports de pouvoir.                                               

Quelques notes prises dans l'article du lien 2 de Tatiana Pieters 

Ce roman regroupe en lui seul tous les constituants propres à l’essence de la littérature antillaise :

l’oralité, le merveilleux, le mythe, l’exil, l’exotisme, l’esclavagisme, la créolité, la quête identitaire, la négritude, l’influence africaine ...

Interpréter l’identité antillaise et alléguer de la condition de la femme Noire qui souffre.

Cette souffrance est propre à la « négresse », qui subit les « prérogatives injustifiées de l’homo europeanus », tout comme elle peut s’avérer universelle, étant donné que l’exploitation et l’inégalité des sexes semblent perdurer jusqu’au jour d’aujourd’hui. (...) .

Le couple mixte formé par Simone (1938) et André Schwarz-Bart (1928-2006) bien qu'ayant une couleur de peau, une religion et une culture différentes se sont exprimés pour une même cause, celle de leur opposition à ''la mauvaise conscience européenne, à l’antisémitisme et au racisme nègre''. 

La découverte de la culture antillaise a considérablement influencé l’écriture d’André Schwarz-Bart car en 1967, il publie, en collaboration avec sa femme Un Plat de Porc aux Bananes Vertes, aux Editions du Seuil.

                                                             Trois héritages

- (...) la France est la mère-patrie qui a imposé sa langue aux Antilles françaises. L'étude de Tatiana Peters révèle l’hybridité du roman qui est bien plus qu’une littérature d’expression française.

- s'ajoute aussi la spécificité antillaise du récit,

- qui résulte de l’ancrage dans l’espace américain.

L’identité est une notion ambiguë, voire un « faux ami ». (...) Le récit de Pluie et vent... se transforme en parfait outil pour déjouer les idées reçues sur l’identité, car il dépeint les appartenances multiples susmentionnées. 

Outre l’association à la critique post colonialiste, le roman montre le caractère féministe et d'une certaine façon ''engagé'' de l'auteure. À travers la description de la généalogie des Lougandor, elle s’inscrit dans une tradition qui vise à célébrer la femme noire, matriarche de la mémoire collective orale, s’opposant à la tyrannie de l’homme qui « tient le chemin de la ruine ». 

La manière dont Simone Schwarz-Bart aborde la/les questions d'identité permet d'en évoquer les « non dits ».  

                       Un nouvel art poétique antillais : richesse et la complexité de l’écriture

 L'oeuvre est empreinte d'une grande sensibilité lyrique et métaphorique, même si elle maintient un certain réalisme dans la description. Pluie et vent sur Télumée Miracle dépasse le cadre exotique qui réduirait le roman à des « imitations charmantes mais infantiles et exotiques du roman réaliste français ».

Le roman schwarz-bartien met clairement en scène la prédominance du matriarcat dans les sociétés caribéennes. Les personnages principaux apprennent à vivre ''par le truchement de leur grand-mère'' ou de'' vieilles gens de leur entourage'', porteur·e·s de sagesse.

                                   Réception 

(...) Si le peuple voit en ce texte un médium littéraire pour s’identifier aux personnages, l’élite se résigne à faire du roman une analyse sociologique et politique.

                                                              Encore un super autre lien 

                   Pluie et vent sur Télumée Miracle, Simone Schwarz-Bart – Les Liseuses de Bordeaux

    Je copie/colle le début de ce très bel article de France des ''Liseuses de Bordeaux'', en 2023

''J’ai découvert Simone Schwarz-Bart dans l’émission L’heure bleue sur France Inter, je me rappelle très bien de sa langue riche, suave, de la profondeur que prenaient ses mots, de l’ampleur de leur prononciation, de la rondeur de l’accent caribéen, cet accent qui donne un relief particulier aux mots, qui nous fait les redécouvrir. Et je me souviens de l’histoire de sa vie, la rencontre très jeune avec son futur mari, André Schwarz-Bart, et l’œuvre commune ayant guidé toute leur vie : dire l’esclavagisme et la Shoah, rapprocher les expériences vécues de l’exil et de l’esclavage (même si son initiative « d’homme blanc » voulant porter une parole sur l’esclavagisme fut, déjà à l’époque, très tristement délégitimée).

Voilà pourquoi j’ai voulu lire Pluie et vent sur Télumée Miracle parce que le verbe de Simone Schwarz-Bart déjà était une invitation à se laisser conter des histoires, à se laisser bercer par les alizés se faufilant dans les rames des cocotiers. Et c’est l’histoire de Télumée Miracle qu’elle raconte dans ce livre, personnage féminin bien sûr (ils écriront avec son mari une somme, Hommage à la femme noire : héroïnes de l’esclavage) dont elle relate toute la force malgré l’âpreté de sa vie. Guadeloupéenne « descendante de négresse », essayant de faire fructifier le peu que la vie lui donne à Font-Zombi, petit hameau guadeloupéen replié sur lui-même, sur lequel règne encore comme unique perspective l’empire de « la canne » (la canne à sucre). Le roman commence par relater l’histoire de sa grand-mère, qui sera un personnage central du livre, et de sa mère avant d’en arriver à sa vie à elle. (...)''

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