Le prix Nobel de littérature 2024 a été attribué à l'écrivaine sud-coréenne Han Kang. 2 liens 1) radiofrance.fr/france culture/les midis de culture avec Gisèle Sapiro et Alexandre Gefen ; 2) Wikipedia.org pour une bio-bibliographie de Han Kang

Publié le par Claire Antoine

Björn Wiman, chef du service culturel du quotidien suédois Dagens Nyheter avait bien annoncé un choix qui ''prendra[it] l’élite culturelle à contrepied'', misant sur l'élection d'une plume originaire d’une culture non occidentale. Et en effet, le prix Nobel de littérature, attribué le 10 octobre 2024, revient à Han Kang, la première femme asiatique et première coréenne. Depuis 1901, le prix, selon les recommandations d'Alfred Nobel, met à l'honneur, un·e auteur·e dont l'œuvre fait "preuve d'un puissant idéal".  

Depuis sa création, le Nobel de littérature est dominé par une vision occidentale et masculine : sur un total de 120 lauréats, seules 17 femmes ont obtenu le prix. Et une minorité d'auteurs récompensés utilisent des langues pratiquées en Asie, en Afrique ou au Moyen-Orient, - un seul auteur de langue arabe a été distingué (en 1988), l'écrivain égyptien, Naguib Mahfouz - hors des domaines anglophone, francophone, scandinave, allemand, slave, espagnol ou italien. "Il serait intéressant de s'ouvrir à une perspective non européenne", déclare Mme Franzén, professeure de littérature à l'université de Stockholm. 

                        Etaient présenti·e·s, pour cette année, entre autres : 

l'autrice chinoise Can Xue, le romancier australien Gerald Murnane, le Britannique Salman Rushdie, l’écrivaine caribéenne Jamaica Kincaid, la poétesse canadienne Anne Carson, l'écrivain et scénariste hongrois Laszlo Krasznahorkai,  l'écrivain japonais Haruki Murakami, la femme de lettres américaine, Joyce Carol Oates, le romancier américain, entre absurde et érudition Thomas Pynchon, l'écrivain -poète roumain, Mircea Cărtărescu, l'écrivain dramaturge essayiste kényan Ngugi wa Thiong'ola romancière poétesse grecque Ersi Sotiropoulos.          

Han Kang est décrite, par son traducteur et éditeur français, Pierre Bisiou comme ''une voix féministe, sans être militante(...)'' qui explore les douleurs des vivants et de la société patriarcale coréenne. Le personnage central de ses romans, à l'écriture poétique, contemplative, épurée est le plus souvent une femme, en position d'opposition mais aussi de vulnérabilité vis-à-vis de l'entourage et/ou de la société; faisant correspondre, comme l'explique le président du comité Nobel, Anders Olsson : ''le tourment mental et le tourment physique, en lien étroit avec la pensée orientale''.  

Han Kang dit la faillite du corps qui ouvre parfois vers des voix inconnues, comme dans La Végétarienne, (2016) où elle s'empare du sujet de la violence corporelle, psychique et sexuelle par le biais de sa narratrice Yeong-hye qui se convertit au véganisme, voulant devenir ''végétale'', arbre, ''poirier'', contre la pression de son entourage.

Son dernier roman traduit en français, aux éditions Grasset, par Choi Kyung-ran et Pierre Bisiou, Impossibles Adieux, reçoit, en 2023, le prix Médicis étranger. Entre songe et réalité, dans une atmosphère où règne le silence les fantômes, à travers les yeux de trois femmes,  le roman révèlera un événement resté longtemps tabou en Corée du sud, à savoir le massacre de 1948 à Jeju par les autorités à la recherche de ''rouges''. 

Elle pose un regard aiguisé sur les traumatismes historiques et les questions politiques de la Corée, notamment sur la transition démocratique des années 1990 et sur le libéralisme effréné actuel. 

Auparavant, en 2016, elle avait reçu le prix Booker. (''À la création de ce prix, en 1968, seuls les citoyens du Commonwealth, de l'Irlande ou du Zimbabwe pouvaient concourir, mais depuis 2013, tous les romans de fiction de langue anglaise publiés au Royaume Uni ou en Irlande sont acceptés''.) 

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