Prise de notes dans un article traitant des ''récits'' du post humain - Le transhumanisme mis en conte par Nick Bostrom. 2 liens 1) academia.edu article de Mohamed Sami Alloun; 2) nickbostrom.com, pour le texte intégral de la Fable du Dragon-Tyran
Les différents récits du posthumain
La figure du posthumain occupe de plus en plus le devant de la scène intellectuelle du monde entier. Quelle est sa définition et quelles sont les implications sociales, institutionnelles de la ...
https://www.academia.edu/103677723/Les_diff%C3%A9rents_r%C3%A9cits_du_posthumain
Notes prises dans le texte en lien 1
(À la fin de la lecture, je vous propose un exercice amusant, de transposition)
La communication transhumaniste à travers l’analyse de La fable du Dragon-Tyran (2005) de Nick Bostrom ( lien 2).
Rhétorique transhumaniste, idéalisation ( masquage) de son projet intellectuel. Il s'agit de créer une utopie qui légitimera des propositions de réformes sociales et éthiques.
Bostrom, philosophe du posthumain, recourt au texte littéraire pour illustrer le débat idéologique qui oppose, un fort enthousiasme pour le progrès technoscientifique à la crainte liée à la perte de contrôle de l’humain sur ses créations et à la disparition des repères éthiques conventionnels.
Les enjeux moraux et sociaux d’une évacuation potentielle d’une partie de la condition humaine concernent la sénescence et la mortalité. Depuis les années 1960, les auteurs transhumanistes utilisent souvent des références de science-fiction (SF) pour démontrer que le réel dépasse la fiction et pour illustrer des changements hypothétiques effectués à partir des progrès technoscientifiques.
Mais, certains d'entre eux, plus récemment, accompagnent leurs essais de leurs propres fables. Ils entremêlent discours rhétorique, scientifique et fiction d'une manière compacte simplificatrice, où il est difficile de les discerner. Christian Salmon (2007), montre comment le mode narratif et littéraire est investi par la communication transhumaniste relayée par des entreprises mondiales : Google , Amazon etc ...
Le recours à la fable/au conte apparaît comme un outil de simplification ( positive) pour un débat complexe, dans la mesure où « les contes merveilleux recréent un espace imaginaire où les principes opposés se rencontrent et se disputent, de manière claire et succincte ». Le recours à des éléments narratifs et à un espace imaginaire pour favoriser l'adhésion au point de vue transhumaniste qui voile l’idée d’un changement de la condition humaine ( libre, belle, en bonne santé, ayant ''tué la mort'').
Quatre topoï principaux dans la rhétorique des différents transhumanismes occidentaux: 1) le progrès, 2) la nature humaine, 3) la liberté 4) le devoir moral et citoyen.
Le discours exprime une volonté de libération de l’espèce humaine de sa condition physique (faiblesse, maladie, sénescence) et morale (les sentiments considérés comme vices moraux).
Les acteurs des courants transhumanistes veulent étendre les valeurs humaines aux avancées technoscientifiques actuelles et à éliminer les contraintes liées à la condition humaine.
1) Le progrès est essentiellement lié aux avancées technoscientifiques soutenues et désirées par ces courants technophiles.
2) La nature humaine se rapporte, d’une part, aux défauts qu’elle comporterait, à sa perfectibilité et d’autre part à une optique qui évacue ''le contexte social, culturel, politique et économique '' au profit ''d’un solutionnisme technique qui fait fi des droits humains et qui renvoie à un réel système de castes, basé (...) sur une pureté de l’espèce qui n’est pas étrangère à l’eugénisme ».
3) Le topos de la liberté se conçoit, dans la pensée transhumaniste, à travers un discours très critique vis-à-vis de la condition humaine : l’homme est condamné à vivre dans une enveloppe corporelle, un espace et une durée de vie très limités.
4) Enfin, le devoir moral et citoyen se rapporte directement aux enjeux éthiques et politiques qui varient d’une tendance à une autre : d’un transhumanisme soucieux de l’égalité entre les Hommes à un autre davantage porté sur la liberté individuelle.
Dans tous les cas, de nouvelles vertus sont à atteindre.
« chaque groupe interprète le transhumanisme en fonction de son environnement socioculturel, selon des valeurs propres, son rapport au corps, à autrui et au monde »
Il faut également noter que les auteurs transhumanistes divergent dans leurs conceptions politiques. la perspective politique de l’idéologie est tantôt anarchocapitaliste, tantôt sociale ou encore libertarienne.
L’art de raconter des récits influencés par les logiques de la communication et du capitalisme triomphant.
Depuis que le storytelling est adopté comme autre moyen de communication, l’objectif est de susciter une adhésion émotionnelle qui favorise une nouvelle manière d’aborder la condition et la nature humaines. L’usage du storytelling implique le remplacement de l’argumentation par la narration (scénarisation) et de la logique par le sentiment.
Une exploitation propagandiste du récit, dans un contexte performant.
Loin du « mentir vrai » d'Aragon, des ''spin doctors''( « façonneurs/ doreurs d'image » , fournissent slogans, révélations et images qui mettent en scène les événements et les ''réorientent''. To spin, ''faire tourner une toupie'', ''donner de l'effet'', ''broder'' un récit. ) pratiquent le storytelling comme une forme nouvelle de désinformation.
Il s'agit d'une scénarisation qui masque le caractère fictionnel des récits. Ce qui est visé, c’est la promotion d’un produit ''autre'', transhumaniste, de transformations du réel. L'auteur pénètre dans le monde de l'oeuvre et il transmute les comportements de personnages imaginés en comportements d’individus réels. Le storytelling transhumaniste est alimenté par de petits récits qui sont racontés par des chercheurs à travers des essais et autres ouvrages de théorie. Ces textes composent, comme un puzzle qui assemblé suggère le bonheur que représenterait la trans/posthumanité.
Le prologue littéraire du conte Dragon-Tyran, est intitulé « La fable inachevée des moineaux… ». Fable animalière qui figure de façon allégorique, la posture d’une humanité en tension, partagée entre l’enthousiasme que génèrent les nouvelles possibilités de progrès sociaux et sécuritaires et la crainte d’une perte de contrôle fatale pour l’espèce humaine.
Bostrom se sert de la fiction littéraire pour capter l’attention du lecteur qu'il dirige par le pathos, vers le point de tension à partir duquel il légitimise son discours.
Le conte merveilleux du Dragon-Tyran suit formellement les codes du genre. L’histoire est celle d’un peuple tyrannisé par un énorme dragon qui chaque jour reçoit son tribut de chair humaine.
La première séquence du conte se situe dans un passé absolu qui par ellipses narratives successives et rapides finit par ressembler à celui de l’époque contemporaine, où le temps ralentit ( il n'y a pas de mise en scène ''futuriste''. Le temps ''présent'' se situe à une époque où la science est très avancée).
Le narrateur découpe trois époques en fonction des relations que l'humanité entretient avec le dragon.
1. D’abord la naïve, chevaleresque et magique où des héros et mages essaient tant bien que mal d’affronter le dragon qui les dévore.
2. Puis la spirituelle, un temps de soumission où des ''gourous'' ( religieux, intellectuels, ''entrepreneurs pragmatiques''... ) expliquent au peuple que le dragon est en quelque sorte ''une aubaine''.
3. Enfin, l'époque de la transhumanisation. Des scientifiques parviennent à convaincre le roi et le peuple de la possibilité de se libérer de leur condition. Les avancées technoscientifiques vont pouvoir mettre un terme à l’existence du dragon. L'humain devient alors posthumain, qui transcende l'humain ''par son potentiel d’action et son degré de liberté''. Plusieurs groupes de personnages jamais nommés se confronteront principalement à travers trois scènes permettant de mettre en exergue l’essentiel de la rhétorique transhumaniste qui les sous-tend.
Les anti-dragons vont se rebeller...
''C’est l’époque du règne d’un roi qui, bien que difficile à convaincre, semble plus sage que ses prédécesseurs. Et dans ce contexte de progrès scientifique, un groupe de scientifiques commence à sérieusement remettre en cause la thèse – jusque-là admise et défendue par tous les partis - de l’invincibilité du dragon. Ils critiquent les faramineux investissements dédiés à la logistique « dragoniste ». En effet, au fur et à mesure que le temps avance, le dragon grossit et impose davantage de sacrifices humains. Des travaux de réaménagement et de construction de nouvelles voies de livraisons des corps humains vers le dragon doivent régulièrement être entrepris afin de répondre à ses besoins en temps voulu.''
Voici l'intitulé de l'exercice
Remplacez dans les deux derniers paragraphes dragon par acquis sociaux ( et en particulier ''ce qui coûtent les retraités''). Les enjeux moraux et sociaux d’une évacuation potentielle d’une partie de la condition humaine concernent la sénescence et la mortalité. Serions-nous dans un script transhumaniste, puisqu'il s'agit de créer des règles qui légitimeront des propositions de réformes sociales et éthiques.
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