39 Tercets d'alexandrins ( 2012). Idée de départ ''pour la forme'' : ''La Fileuse'' de Paul Valéry, en lien unjourunpoeme.fr
Assise, la fileuse au bleu de la croisée Où le jardin mélodieux se dodeline; Le rouet ancien qui ronfle l'a grisée. Lasse, ayant bu l'azur, de filer la câline Chevelure, à ses doigts si faibl...
" Assise la fileuse au bleu de la croisée Le rouet ancien qui gonfle l'a grisée..."
Et aussi pour "m'approprier", à ma mesure, compte tenu des circonstances, les valeurs d'exercice, d'inachèvement et d'accidentalité. (CF " les trois lieux communs" de la critique valéryenne résumés ainsi par Michel Jarrety : il attribue à la poésie "la valeur d'exercice", à l'oeuvre, "l'arbitraire de l'inachèvement" et à la publication "une valeur accidentelle").
Mais bon...C'est une évidence que même pour éventuellement pasticher, il faut la bonne dose... : " 10% d'inspiration et 90% de transpiration", de plus, ici, quelle perfection technique ! J'ai donc renoncé au pastiche, tout en gardant la forme, je me suis peu à peu laissé déborder et j'ai terminé dans l'urgence, au niveau de Pantin. Je n'aurais pas dû commencer par prévoir les rimes et leur enchaînement jusqu'au verset final. Le développement s'est fait ainsi, en partant de la fin d'un supposé dodécasyllabe( au lieu d'un hendécasyllabe). Au fur et à mesure j'ai ajouté des contraintes. Des répétitions de mots, de syllabes, à intervalles réguliers etc. Et je me suis perdue en route. Aucune souplesse ni inventivité dans les coupes et césures trop systématiques et sans grâce...Les accents ne sont pas vraiment travaillés non plus. Sans respecter l'alternance 1 rimes féminines et masculines, j'ai commencé par des rimes féminines et introduit, de façon désordonnée, des masculines dans la deuxième partie, mais la disposition rimique en chaîne, (terza rima 2), aba/bcb/cdc/ded/efe/fgf/ghg/h, peut avoir été utile pour le/un sens, arrivé... par surprise.
1 "La fileuse" ne contient que des rimes féminines. 2 La terza rima dont les vers sont généralement des hendécasyllabes intercale dans un tercet une rime issue du tercet suivant. Elle est utilisée pour la première fois par Dante dans la Divine Comédie. Une forme de poésie italienne qui se compose de tercets, une terza rima suit une rime en chaîne dans laquelle le deuxième vers de chaque strophe rime avec le premier et le dernier vers de la strophe suivante. Il se termine par un verset, isolé, rimant avec le vers médian de l’avant-dernière strophe.
Le résultat, le voilà...Mais Boff...C'est très très...
Assise à la fenêtre, elle rêve morose (a)
Ses songes la transportent debout dans une bulle (b)
Jusqu'au jardin tout près où elle cueillit des roses. (a)
Le bouquet lui donna. - Son souvenir la brûle- (b)
Hélène n'est pas prude. Il lui fit de la peine. (c)
Elle trébuche et tombe. Loin, une chouette hulule. (b)
La bulle éclata qui chez elle la ramène. (c)
Son corps est frémissant ses larmes ravalées, (d)
Il ne saura jamais. Serpolet marjolaine... (c)
Si grande fut sa peine ! Accoudée, accablée (d)
Aux Erynies, semblable, elle peut devenir. (e)
Se levant, elle court, la pente est dévalée.(d)
Tendresses ravalées. Pour le voir revenir (e)
Qu'elle puisse maudire enfin le scélérat (f)
Sur lequel le malheur, elle veut faire venir.(e)
Fin de tout avenir : - Tu as été ingrat - (f)
Par les vertus du trèfle, qui la fera traîtresse (g)
Sauge thym romarin ! Tu la suivras.(f)
Et c'est là, scélérat, qu'heureux par ta maîtresse (g)
Que la douleur étreint au profond de son cœur (h)
Tu connaîtras aussi, son ardeur vengeresse.(g)
Elle rêve morose aux affres de son cœur. (h)