Sonnet de Stéphane Mallarmé : "Tombeau" de Paul Verlaine. Le poème et des notes de lecture à partir de l'étude de Jean-Michel Maulpoix en lien

Publié le par Claire (C.A.-L.)

                      

                 Le poème (suivi de ma prise de notes dans l'excellente étude de J.M. MAULPOIX) 
 
Le noir roc courroucé que la bise le roule
Ne s'arrêtera ni sous de pieuses mains
Tâtant sa ressemblance avec les maux humains
Comme pour en bénir quelque funeste moule.
 
Ici presque toujours si le ramier roucoule
Cet immatériel deuil opprime de maints
Nubiles plis l'astre mûri des lendemains
Dont un scintillement argentera la foule.
 
Qui cherche, parcourant le solitaire bond
Tantôt extérieur de notre vagabond -
Verlaine ? Il est caché parmi l'herbe, Verlaine
 
À ne surprendre que naïvement d'accord
La lèvre sans y boire ou tarir son haleine
Un peu profond ruisseau calomnié la mort.
 
l'arbre bleu 2
 
Prise de notes
 
                                    Mallarmé accompagne l'entrée de Verlaine dans la postérité.
 
De l'homme tragique, torturé, interrogeant, bousculant, des limites, comme autant de mirages, cherchant à s'y cogner, s'y fracasser enfin... au poète, maintenant indifférent, dont la voix qui s'apaise,  peut se faire entendre, car la mort n'est qu'une étape.   
 
Monument ascèse. Mémoire qui se fixe dans  les œuvres et non dans les commentaires et le mépris ad hominem de la foule. 
 
Singularité appréhendée et identité dévoilée au cœur de la disparition. 
Paul Verlaine ne peut se laisser enfermer dans une tombe. La fidélité à sa mémoire réclame pour sa vérité et sa gloire un tombeau verbal
1Q Le poète objet d'un malentendu avec la foule
2Q Le deuil s'allège et devient immatériel. Ce que prépare le chant du ramier.
T1et2 Verlaine est dans la substance même de son oeuvre.
 L'oeuvre en ce qu'elle est porteuse de cette gloire, de la reconnaissance. La mort efface l'homme et libère l'auteur, permet sa résurrection.  Le poème est le lieu de la conversion du corps terrestre en astre dont le feu serait toujours futur. Le tombeau est une lampe qui  éclaire.  La foule reçoit le "rayon argenté" de la "montée lumineuse" du poète qu'elle a méconnu et persécuté. 
 A la question du tercet : « Qui cherche Verlaine? », la réponse décalée au ton familier : « Il est caché parmi l'herbe, Verlaine ». Le toponyme le fait surgir et l'impose, en ouverture et fermeture du vers,  le limite. L'identifie et le localise, le spatialise, le "paysagise". Des vagabondes errances du poète il re - bondit  dans l'inconnu de l'autre vie; la vie d'après. "Parmi" "Caché". Tel Orphée démembré, disséminé. Le vers si on l'isole avec la tentation de s'arrêter-là,  fait cercle , écho. Parmi les vers où ? Mais l'absence de ponctuation conduit au deuxième tercet : il est passé par ici mais il reviendra par là " naïvement, d'accord" mais pour y redire et donner sens et vie à ce qu'il a poursuivi, mélancoliquement, à ce qui le hantait, à  la disparition, sans bruit, en surface, à la mort, rencontrée. Le ruisseau source et trajet de la mort désaltère la lèvre sèche. La voix de Verlaine  est présente pour l'éternité " parmi  l'herbe" verte où il repose. Son chant, sorti du tombeau, par-delà...
 
 Le tombeau poétique de Mallarmé est le berceau où naît la gloire de Verlaine. 
  Le conseil donné est  celui de ne surtout...pas faire de lui une figure     emblématique, un modèle, un prototype de la malédiction.
                           C'est son œuvre qui compte. 
                                                                               Mai 2013
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