34 Prendre acte pour demain et lien pour l'illustration pinterest. fr
La tension médiatique créée par la catastrophe
(L'événement soudain qui bouleverse le cours des choses amenant la destruction, la ruine, la mort)
japonaise semble désormais passée...
Moins, beaucoup moins, de mots, pour ainsi dire, presque plus du tout.
A nouveau noyés enkystés dans d'autres d'autres mots d'autres "informations" cruciales.
Bientôt ces jours de détresse, de terreur, de désespoir se transformeront en sages images récurrentes qui rediront que vraiment nous n'oublierons jamais, que notre émotion est intacte etc etc etc etc et blablablablablabla.
Des violences nouvelles succèdent aujourd'hui déjà à celles d'hier. Et le discours peut continuer frôlant, lèchant par a-coups tantôt doux et discrets tantôt spasmodiques et furieux, refusant les ombres et les profondeurs.
Mettant à jour, au jour, dévoilant, dénudant et délaissant exsangue dévasté. Serpentant après la mue à la recherche d'autres nourritures.
Et pourtant, avec le drame japonais
s'est ouvert une brèche, dans ce qui faisait nos certitudes d'être des humains "humanistes" aux discours rodés à la rhétorique parfaite, ayant appris pour les meilleurs d'entre eux à parler, recracher jusqu'à épuisement des argumentations donc "L'art d'avoir toujours raison" preuves de leurs capacités à imposer leur désir devenu magiquement certitudes pour tous formidablement technologiquement et scientifiquement sûres, sûres et certaines, vraies justes, voire plus,
mieux encore,
mieux compétents mieux experts "mieux disants".
En ces temps d'avant il fallait être le meilleur, disait-on. Toujours meilleur en tout. Meilleure Classe, Meilleures notes, Meilleure famille, Meilleure connerie etc blabla
Les mots et les images de ce pays si lointain, de cet autre continent ont déferlé, recouvrant en hurlant désespérément ciel et terre.
Là bas, tout s'est ligué échappant au contrôle.
La terre gronde,
tremble, se fissure, s'écarte et l'effrayante mer dans une violence effréné, l'envahit et la dévaste.
Noces maudites, hiérogamies monstrueuses à la rencontre du fruit des entrailles de l'homme
L'homme tout petit ridiculement émouvant dans sa croyance en lui.
Mais cet homme là tout bêtement là, ici.
Et c'est ...VIGNY qui me revient...
"A voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse Seul le silence est grand ; tout le reste est faiblesse. - Ah ! je t'ai bien compris, sauvage voyageur, Et ton dernier regard m'est allé jusqu'au coeur !
Il disait : " Si tu peux, fais que ton âme arrive,
A force de rester studieuse et pensive,
Jusqu'à ce haut degré de stoïque fierté
Où, naissant dans les bois, j'ai tout d'abord monté.
Gémir, pleurer, prier est également lâche.
Fais énergiquement ta longue et lourde tâche
Dans la voie où le Sort a voulu t'appeler,
Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler. "
Mais voilà, cette stoïque attitude n'est pas le fait du poète lui-même qui lui ne se tait pas.
Alors, je ne sais plus et je me tais.
Pour aujourd'hui.
19 mars 2011