Poème 187 ''Si le passé n'existait pas''

Publié le par Claire Antoine

Poème 187 ''Si le passé n'existait pas''

                                            Si le passé n'existait pas                          

 

Il n'y aurait plus d'origine

Et « Je » ne souffrirait plus

Il ne ferait plus souffrir la souffrance

Il n'endurerait plus que le fantôme

D’une  souffrance sans objet.

 

« Je » serait éradiqué,

Arraché, dépouillé.

"Je" participerait à son propre retranchement,

Son ablation.

Privé.

 

Couper pour nettoyer, Donner vie.

Ecarter, dépasser.

 

Le passé ne pourrait plus se re – dérouler. 

 

Ellipse du passé.

Eviction du monde auquel " je" se référait.

Erosion de la « personne » qui parle,

Ecritur' sans détermination.

Vague et informe

 

Qui au moment du saisissement

Se dessaisit de sa forme 

S’éparpille par foudroiements qui se dissipent.

 

 

Non !

Je ne veux plus !

Ni ça ni ça

Plus

Plus jamais !

 

Sans début

La fin aussi disparaît

Sans voir

Sans pouvoir raconter

Sans récit

Sans mémoire

Sans histoire

 

La parole est à la tache d’encre

Qui s’étale

Qui finit par pâlir

Par disparaître

Absorbée par le buvard

 

Je chasse la guêpe de mon cou,  

Son dard reste fiché dans ma peau

Pour aiguillonner ma douleur

Pour toujours.

 

Il y a urgence à penser à écrire

Prendre en charge des mots

S’immerger dans des espaces inconnus

Qui comblent l’attente

 

Mais le rythme des touches

Révèle l'absence...

 

Et le poème se dilue dans la pensée

Qui ferme jusqu’à demain

Sa porte chancelante.              

 

Publié dans Poème

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