Quelques notes prises dans "L'acheminement", article de Jean DUVIGNAUD
...Ne peut-on faire l'hypothèse que certains comportements, attitudes, conduites ne ressortissant pas à une utilité fonctionnelle seraient pour ainsi dire sans finalité :
une intentionnalité qui s'ouvrirait sur le possible plutôt que sur un objet défini ?...
Une béance détachée de l'ordre des choses.
Ces moments au cours desquels on ne vise pas l'accomplissement d'aucune tâche définie par la place qu'on occupe dans la hiérarchie codée ni non plus la situation convertible dans une structure...
Toutes les organisations sociales sont tentées de récupérer ces conduites ( fêtes, rire, sexualité...) , qui échappent à sa cohérence.
Les institutions religieuses font de la volupté le fantasme d'une faute, d'un péché originel incontournable. Le rire est codé, domestiqué en un comique réglé. La rapacité financière des Etats tire profit des jeux et rentabilise le hasard. La fête, matrice d'émotions et d'anticipations, sur le moment subversives, s'enlise en de tristes commémorations politiques.
Et la création imaginaire est canalisée dans les idéologies du "goût", les doctrines de l'"art", les musées ou la prostitution des marchés...
La création s'empare de la matière sociale - langage, couleurs, décors, sons - pour tenter, comme le suggère Adorno,- de répondre aux éternelles questions du Sphinx.
...L'oeuvre nous laiss[e] entrevoir le fantôme d'un concept jamais conceptualisé....Toute création est comme le dit Stendhal de telle femme, "une promesse de bonheur" ou une communauté des consciences et des désirs.
....L'incessant combat d'une liberté qui cherche à se réaliser à travers les déterminismes.