Atelier poésie - Sappho et Louise Labé - Muses et poétesses- 5 liens 1) article fabula : Laurent Angard à propos de "Louise Labé. Une créature de papier" de Mireille Huchon; 2) article du ''blog de la pintade'' ; 3) Pinterest : Sonja Hpunkt Louise ''chevalier''; 4) Christine Planté; 5) Amable Tastu
Louise Labé, portrait gravé par Pierre Woeiriot (1555), BNF. Pierre Woeiriot de Bouzey, né à Neufchâteau, résidera entre autres à Nancy.
Laurent Angard sur l'étude de Mireille Huchon, "Louise Labé. Une créature de papier", Droz, 2006
"Ce sont les poètes fréquentant l'atelier de l'imprimeur Jean de Tournes, réunis autour de Maurice Scève et de quelques autres, qui ont créé les oeuvres de Louise Labé, à savoir les vingt-quatre sonnets, le Débat de folie et d'amour en prose et trois élégies. Le Débat devrait beaucoup à Maurice Scève, les poésies à Olivier de Magny, Claude de Taillemont, Jacques Pelletier du Mans et autres gentilshommes."
Louise labé | History, Women in history, Female armor
Apr 28, 2014 - This Pin was discovered by Terri Rasmussen. Discover (and save!) your own Pins on Pinterest
Louise "Chevalier"
Les œuvres de Louise Labé ont traversé les siècles irrégulièrement.
Le XIXe siècle redécouvre Louise Labé, cette « illustration féminine de Lyon », ville en concurrente avec Paris. Les poétesses, telles que Marceline Desbordes Valmore ou Renée Vivien, s’emparent de son image, de sa « parole […] libérée » pour célébrer une certaine émancipation des mœurs et des femmes.
Au XXe et au XXIe on parle " de l’authenticité de ses accents, de sa sincérité sublime"
Cependant, une image perdure depuis le XVIe siècle : Louise Labé en « double de Sappho »
Ce parallélisme est exprimé dès la première ode des Escriz de divers Poëtes, à la louenge de Louïze Labé Lionnoize, qui occupent la fin des Euvres de Louise Labé.
Les écrits relèvent de l'éloge paradoxal et célèbrent une femme notoirement décriée. Sappho est devenue alors « un élément de comparaison dans l’excellence et une référence d’autorité dans le discours sur les femmes ».
Les humanistes érudits connaissaient aussi Sappho grâce à l’ « Ode à Aphrodite » de Denys d’Halicarnasse qu’ils avaient traduite dès 1547.
Mireille Huchon s’étonne de trouver chez Louise Labé une « remarquable application en français de ce que les rhétoriciens grecs considèrent comme l’essence de la poésie de Sappho ».
Mais comment décrire la multiple Sappho ?
Sans doute Louise pouvait-elle se rappeler « L’Épître à Sappho » d’Ovide, qui est une longue plainte d’une amante délaissée.
Et comment peindre Louise Labé ?
Le portait de Pierre Woeiriot (1555) semble répondre à cette dernière question. Il existe deux états de ce portrait datant de la même année, l'un ( cf illustration) représente une femme correspondant aux critères sociaux les plus estimés, avec, en plus ce je ne sais quoi d'amusée complicité dans le regard et l'autre en "Méduse...effrayante" .
Mireille Huchon dénonce la surinterprétation des critiques qui y ont vu une autobiographie alors que l’ode ne relève que « des conventions du genre […]. Sappho devient alors « un élément de comparaison dans l’excellence et une référence d’autorité dans le discours sur les femmes»
Mireille Huchon interroge la légende de la « Belle Cordière », une belle courtisane, apparue pour la première fois sous la plume de Philibert de Vienne, en 1547, et associée en 1584 au nom de Louise Labé.
Cette « Belle Cordière » suscita de nombreux écrits, de Jean Calvin à Olivier de Magny. « Du vivant de Louise Labé, écrit le critique, la ‘Belle Cordière’ est donc, sans l’ombre d’un doute, une paillarde » (p. 129).
En 1585, Antoine Du Verdier fait la synthèse entre « les témoignages les moins défavorables sur la ‘Belle Cordière’ et l’activité littéraire de Louise Labé » .
De ce travail, naît la biographie de la poétesse qui y est décrite comme « une courtisane aux dons multiples ».
Pour Enzo Giudici et Olivier Millet, le mystificateur ne serait donc que Maurice Scève (accompagné d’une pléiade d’amis lyonnais) qui égare les lecteurs à la faveur de cette fameuse anagramme qui rapproche le nom de LOYSE LABE du mot labyrinthe : « La Loy se laberynte ».
Et il faut chercher Louise Labé « Non si non la », autre jeu sur les mots qui perdent le lecteur.
Tous les regards se tournent donc vers cet auteur qui fut célébré par ses contemporains : Claude de Rubys qui affirmait que Louise Labé était une courtisane, Claude de Taillemont qui s’inspire de ses pratiques poétiques et qui le reconnaît comme « initiateur », Estienne Pasquier qui loue en lui son obscurité
« Maurice Scève est, écrit-elle, dans le Lyon des années 1530-1560, un des personnages clefs du monde littéraire, très entouré ».