J'ai l'impression qu'on s'approche ...''Penser l'être humain face à la possibilité de son propre anéantissement…'' avec Günther Anders dans ''L'obsolescence de l'homme '' 2 liens : 1) questionsdecommunication.revues notes de lecture de Tanguy Wuillème; 2) Podcast radiofrance.fr France Culture : ''sans oser le demander'' avec Ninon Grangé

Publié le par Claire (C.A.-L.)

                           
   Notes de lecture prises dans les notes
                  de lecture de Tanguy Wuillème
 
                Ni enjoué[e), ni désespéré[e) ...
      ... juste...envie de garder les yeux ouverts,  
              tant que c'est encore possible,
                     désirable, pour moi...
                       

                                          L'obsolescence de l'homme de Günther ANDERS*1

             

      « Pour étouffer par avance toute révolte (...)

     Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes.
         L’idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées. Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. (...)
Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste*2
Que le fossé se creuse entre les gens et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif. Surtout pas de philosophie.
Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif. 
On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. 
Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser. 
 On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains.
Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux. En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, 
d’entretenir une constante apologie de la légèreté ;
de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain
et le modèle de la liberté. 
 
Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle intégration, que la seule peur
– qu’il faudra entretenir – sera  pour les hommes celle d’être exclus du système
 et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions nécessaires au bonheur.
 
 L’homme(...) ainsi produit, (...) doit être surveillé comme doit l’être un troupeau. 
             Tout ce qui permet d’endormir sa lucidité est bon socialement, 
          ce qui menacerait de l’éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu.
Toute doctrine mettant en cause le système doit d’abord être désignée comme subversive et ceux qui la soutiennent devront ensuite être traités comme tels.
On observe cependant, qu’il est très facile de corrompre un individu subversif : il suffit de lui proposer de l’argent et du pouvoir ».
                                                     Et la responsabilité, là dedans ?
 
Il n'y a pas de responsable assignable mais ce qu’il appelle un « agnosticisme social » où personne ne reconnaît le rôle qu’il joue dans le tout social : le dominant ne reconnaît pas dans le dominé celui qu’il domine et vice versa, puis le dominé ne reconnaît pas en lui-même le dominé, de même pour le dominant. Cet effacement fait que l’homme n’expérimente pas véritablement le monde environnant, que la technique travaille elle-même à effacer sa prédominance.
                
*1Günther ANDERS est un penseur et essayiste autrichien juif d'origine allemande, né en 1902 à Breslau et mort à Vienne en 1992. Il est surtout connu pour avoir critiqué la modernité technique, notamment envers le développement de l'industrie nucléaire. Anders s'est intéressé aux défis techniques et éthiques contemporains. Son sujet principal fut la destruction de l'humanité. 

*2 Là, je rajoute, qu'au XXIe siècle, le fin du fin du fort de café, est de faire croire que l'élitisme est, par les mesures prises, combattu. 

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