Maison de Verlaine Metz - Carte blanche aux ''insolitudes'' de Bérangère Thomas. ci-dessous ma préparation à la rencontre Lien e-litterature.net pour un article de Françoise Urban-Menninger, ''Les insolitude, un éloge à la terre''.

Publié le par Claire (C.A.-L.)

Maison de Verlaine Metz - Carte blanche aux ''insolitudes'' de Bérangère Thomas. ci-dessous ma préparation à la rencontre Lien e-litterature.net pour un article de Françoise Urban-Menninger, ''Les insolitude, un éloge à la terre''.

                          Ce qui suit est ce que j'ai gardé de ma préparation     

                               Un recueil de 58 poèmes divisé en 4 parties,

1.16 poèmes sans titres ;

2. 26 « Nouveaux Petits Poèmes en Prose » 

3. 7 hymnes aux fontaines sous le joli titre «  Les musiques d'eau volent en éclats de mots à la claire fontaine, je m'y suis penchée.. »-

4. « Chansonnade » qui comporte 9 poèmes.

         

                                                               Quelques questions à poser à  Bérangère Thomas 

° Titre qui intrigue,  les « insolitudes » : quel(s) sens lui donnez-vous ?

*une sorte de mot valise insolit[e] [solit]ude

préfixe in privatif et soleo, dont on n'a pas l'habitude, la solitude dont on n'a pas l'habitude

*ou sans solitude, simple négation de la solitude

*ou encore en privilégiant le préfixe homophone in avec le sens de « dans », dans la solitude ?

                                                                      Lecture  Amour

° Quand et comment donne-t-on un titre à un recueil ? Par rapport à un projet d'ensemble plus ou moins secret...qu'on n'a pas forcément envie de dévoiler... ?

° Les poèmes ont-ils tous été écrits au même moment ?

° Abordons l'oeuvre par le poème liminaire, la porte d'entrée, qui comme de nombreux poèmes présentent un sous titre, pour dire autre chose ?  Confirmer ?

« Vérité », ce qui nous manque à tous, c'est bien la vérité, que je vais lire et qui nous permet d'évoquer une des postures de la poète, du Je, autre vous-même, du je poétique qui s'exprime sous différentes facettes –

° Verriez-vous un inconvénient à utiliser le mot « poétesse » qui revêt paraît-il un sens un peu péjoratif ?

                                                                    Lecture Vérité 

Le ton est donné, symbolique, imagé. La vérité n'est pas un absolu, elle est là comme manque, carence, abandon à la douceur lancinante de l'écriture, qui remplace avantageusement les volutes de la cigarette, à le douceur du rêve.

La voix poétique parle au nom de tous, en s'incluant, ce qui le place en dehors d'une position de juge moralisateur.

Ce n'est pas la vérité froide dure d'une Electre ou d'une Antigone, au nom de laquelle on fustige, on persifle.

Ici on reconnaît l'entrée dans un monde symboliste où la chose existe au-delà d'elle même :

elle est le signe d'autre chose, le symbole d'un jeu de correspondances infinies.

°Il est tentant quand on étudie une œuvre, de chercher la partie qui expliquerait le tout ; métonymie qui le mettrait en perspective, une mise en abyme de l'ensemble.

Françoise Urban-Menninger écrit (cf.lien), sur le site exigence littérature « Dans "Les insolitudes", Bérangère Thomas nous confie avec beaucoup de charme et de délicatesse, le secret qui anime sa poésie éminemment festive, elle nous le révèle avec grâce et humour dans le titre de l’un de ses poèmes en prose

                                          ''J’ai fantaisie''...écoutons-le  Lecture 

Le poème  débute par des jeux de mots dans lequel on repère par exemple le procédé rhétorique dit de l'enchaînement rétrograde sans répétition des syllabes communes aux deux mots( du type j'en ai marre (mar)about...)et de paronomase entre autres contrepétries.

C'est en quelque sorte le point du recueil où tout se résorbe, où la poète nous soumet à sa loi... « J'ai fantaisie... » fantaisie, théâtre... ; mais, je pense qu'on peut y ajouter un autre poème qui se trouve dans la première partie, pour approfondir et nuancer et prendre en compte également un autre aspect de votre recueil, le caillou dans la chaussure, amorcé quand même par « la poupée automate » et par l'idée « d'empocher, » « de répéter, » de « fausse aventure » possible, le poème/fable intitulé : la souris et le chat.... (« Je me sers d'animaux pour instruire les hommes », disait La Fontaine. ) et sous titré, par le très ambigu groupe nominal...fable de bêtes (nom/ adjectif?)

                                                                     Lecture

Des hexamètres sur 4 rimes où alternent rimes F/M sauf dans les 3 derniers vers où il ne reste plus que les rimes masculines ; Ne pourra-t-on y entendre une interrogation profonde ironique, fantaisiste également, désabusée ? Sur la poésie en général sur l'écriture, ou plus largement sur la vie et les actions que l'on pose ?

Une introduction cadre de 4 vers comme dans les romans/nouvelles réalistes du 19ème, où le fabuliste s 'approche et met à distance en la regardant la scène qui en devient « érotique » de par la pulsion scopique.

° Jouez-vous aussi au chat et à la souris avec le langage que vous vous employez à rendre à nouveau vivant. Le poème serait une mise en garde mais qu'on pourrait prendre à plusieurs degrés et donc même au premier ?

Comme j'ai fantaisie, moi aussi...Survolons maintenant seulement l'exergue qui  prépare à la lecture

Qu’est ce qu’écrire ? – C’est fuir l’ennui de voir trop de ciel en angle droit et rechercher la nature qui bouge et qui vit. Qu’est-ce qu’être ? – Ecrire. 

Exergue qui fait cercle, cercle magique de l'écriture. Ecrire ...L'envie de vivre, en traquant l'ennui  venu de la vue d'un excédent, trop plein, de ciel, lumière, raison, de volonté d'effacer les hésitations, les approximations pour ne garder que les lignes droites de même origine qui se croisent à angle droit...pour la recherche quête de la nature, à l'ombre du mystère, sombre et horizontale de la forme géométrique, signe de la ville, de l'urbanisme, de l'aménagement deu territoire...

 Va dans ce sens le 2ème poème du recueil qui s'intitule : 

                                                               ''Poète'' Un regard en zigzag  Lecture.

° Vous y parlez là de l'art d'écrire comme d' une révolte « paysanne » et nerveuse des mots autonomes, vivants.

En danger d' être réprimée, dans le sang ?

° Vous opposez également l'action à l'écriture en conclusion du poème. A celui qui n'écrit pas manque-t-il quelque chose ?

Toujours sur le même thème de la géométrie,  le poème II des Nouveaux petits poèmes en prose...

                                                     Lecture ''Des courbes et des droites''

Encore une définition de l'art et de l'artiste qui répond à l'injonction du Petit Prince de saint Exupéry.

Le monde est magique, les objets ont une âme... Même si le combat est rude contre les clichés,   le

«mensonge» du langage, qu'il faut éradiquer pour parvenir précisément à la vérité qu'on évoquait tout à

l'heure.

° Parlez-nous de votre manière de traiter le langage à « quel supplice » le soumettez-vous ?

Les Nouveaux petits poèmes en prose sont clairement référencés à Baudelaire...Ce dernier par cette nomination désigne un recueil qu'il complétait au fur et à mesure de son inspiration, libéré de la contrainte de la rime. ° En quoi la nouveauté du vôtre consiste-t-elle ? le 1er poème ''Exode'', en guise d'exorde aux NPPP

L'écriture est le fruit d'une époque, d'un monde. Vous évoquez un monde passé, celui de l'enfance avec ''Le premier homme de Lettres'' Mais aussi le monde d'aujourd'hui, filmé par le visionnaire Fritz Lang en 1927, dans le poème intitulé ''Les grandes jambesDubaï ou Metropolis révélée'' où la critique sociale affleure et se termine par le thème romantique du paradis et de l'amour perdu. Lecture.

Il sera aussi question d'amour nuancé, subtil, musical, et cruel avec ''Ballade en rose, Joueur de blues''. Lecture

Amour qui nourrit/habite  les rêveries, et tient chaud à la vie, même si l'objet aimé n'est pas nommé. Il  est relié  à d'autres thèmes  lyriques, comme la mort, le temps, la nature...Lectures :  ''Nostalgie'';  "Echo de voix" où l'on peut "entendre" musique ( un autre thème très présent, à la fois dans le champ lexical de la musique mais aussi par la musique des mots ) et voix entrenêlées.

Attendre émue un apaisement d'amour inattendu et timide... Suggérer plutôt que direLecture J'aime, j'aime plus, ''Amour lunatique'' ( lecture ) verlainien, baudelairien. 

                                                                 Les 7 fontaines 

°Où sont-elles situées ? Toutes à ParisComment vous est venue l'idée de les immortaliser, de les chanter ?

                                              Françoise Urban-Menninger, poète écrit :

« Et dans un rythme qui nous tient corps et âme dans une danse lumineuse du verbe,

nous renouons avec "les musiques d’eau" qui nous remémorent celles de Paul Verlaine.

On perçoit l’écho des jets d’eau qui "sanglotent d’extase"dans "Les fêtes galantes" et qui resurgissent "en douce ivresse de cristal" dans la poésie de Bérangère Thomas pour voler "en éclats de mots à la claire fontaine". Avec elle nous n’avons qu’une envie, celle de nous y pencher "Quand les heures s’enfuient" pour puiser dans la "Fontaine des Anges" ne serait-ce qu’un seul "instant ensoleillé". »

                                         Lecture ''Belle fontaine'' ( Fontaine Saint Michel )

                                 Encore une réponse concernant la question du rôle du poète... 

                                            Lecture : ''Les fontaines du Parc André Citroën''

                                                                            En rondes d’eau sur le verre

O destinée !

Cette friche industrielle

Se transforma en merveille [...]

[...] Et rêver au miracle du génie :

« Donner un coeur à la géométrie ! »

° Il est temps d'aborder "les Chansonnades", où vous avez rassemblé les 9 derniers poèmes du recueil.

Le sens du mot lui-même est impossible à trouver dans un dictionnaire courant...

°Un mot de patois, peut-être ? Lillois ?

Si les premiers poèmes d'un recueil prennent un sens particulier, le dernier aussi, je crois

''Troubadours des temps futurs''

Ma guitare aux quatre vents du monde

Me raconte les saisons,

Accrochant à un rayon de lune

Les refrains de mes chansons.

Certains n’aiment pas mon infortune

Et je passe mon chemin.

Je m’abreuve à l’eau de la fontaine

Chez mes frères d’amitié.

Comme Pierrot cherchant Colombine,

J’interroge les étoiles.

Murmurant dans la brise légère,

Elles me disent : « Tu verras »

Je suis le rêveur infatigable

Et j’arrête le temps

Le sculpteur d’émotions invisibles

Qui font se parler les coeurs.

Je m’attable et récite mes pères

En bon enfant du voyage

Sous mes doigts se tissent les révoltes

D’un papillon noctambule.

Chiffons d’adieux s’agitent en silence

Quand les bateaux quittent le port.

Derniers regards,

Dernières poignées de mains,

Partir c’est revenir.

° Est- ce le portrait du poète idéal ?

° Pensez-vous qu'il y ait une manière « féminine » d'écrire ?

Citons  encore une fois Françoise Urban - Menninger : « des merveilles dans ce recueil, il y en a ! Bérangère THOMAS nous invite à goûter le miel d’ une ruche bourdonnante", où les images, les mots et les sons se font fête dans un charivari qui ne peut que nous ravir [...] dans une féerie qui "inspire le silence" au coeur même du poème où elle nous interpelle[...] la "joie de la lumière qui se repent de tout" 

                                                                           Conclusion

Un dernier recueil très riche, frémissant d'images en recherche continuelle de rythmes suggestifs; fondamentalement symboliste en ce sens qu'on y décèle une tentative d'introduire, de donner à voir, de nommer des éléments du monde d'hier et d'aujourd'hui mais pour révéler l'invisible et l'inconnu ; un refus du « matérialisme » afin de renouer avec le mystère de vivre et de sentir. La poète part souvent d'un quotidien, pleinement vécu et le transforme ...lui donnant plusieurs strates de sens qui se conjugent et confèrent ainsi à l'ensemble une richesse dont une seule lecture ne peut rendre compte.

Pour déchiffrer les signes du monde vous privilégiez l’interrogation sur l’identité, la nuance, les reflets, les éclats... En cela on rejoint le poète funambule qui comme le dit l'écrivain - poète Maxence Fermine avance « mot à mot sur un fil de beauté, ...le fil d'une oeuvre, ...couchée sur un papier de soie, le plus difficile ...[...étant] de rester continuellement sur ce fil qu'est l'écriture, de vivre chaque heure de sa vie à hauteur du rêve, de ne jamais redescendre, ne serait-ce qu'un instant, de la corde de son imaginaire ». 

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