Les Muses et les violences faites aux femmes. Archives article du N° 4 du ''Pan poétique des Muses'' (en lien), consacré aux ''Philomèles, en ce monde'' et compte rendu rapide de la journée du 5 juillet 2014 à l'Arsenal, à Metz, sur le thème de la violence avec Camille Aubaude, Philippe Cantraine, Nouria Yahi-Boggio, John Wander, Bérangère Thomas

Publié le par Claire (C.A.-L.)

LA REVUE N°4,  | Hiver 2015-2016, est sortie,  Tant de Philomèles en ce monde Muses & Poètes. Poésie, Femmes et Genre sous la direction de Camille AUBAUDE
 
Hélas, Camille Aubaude ne fait aucune allusion, dans cette Revue, à la journée de Metz, à laquelle elle  a été invitée et au cours de laquelle j'ai eu l'occasion de lire une traduction personnelle du mythe de Philomèle...🤣)
 
Introduction de l'article par Dina Sahyouni : "De Lucrèce, de Philomèle, de Dinah et autres figures mythiques, nous ne connaissons presque rien. Des récits épars, des fragments  de vies mutilées symboliquement... Toutes ces femmes ont subi des violences inouïes. Ces muses ont traversé les lettres et les arts, mais elles demeurent méconnues, vengées par une violence meurtrière ou enfermées à jamais dans leurs peines, dans le chant des Sirènes. Ces aïeules violentées, réelles et fictives sont des archétypes féminins qui transportent dans leurs sillages des enseignements éthiques. À travers la figure de Philomèle, ce numéro de la revue LPpdm rend hommage aux femmes meurtries dans leur chair et/ou dans leur âme. Cet hommage poétique et théorique permet de questionner nos sociétés en désarroi. Faut-il répondre à la violence subie par une violence similaire, folle et meurtrière ? Faut-il s'enfermer dans ses souffrances, ses traumas, ses regrets, se perdre dans l'ailleurs, l'errance et la folie, voire s'offrir à l'autre qui s'est déshumanisé et a commis des horreurs ? S'offrir dans une poésie de soi, dans un geste créatif qui traduit notre humanité renouvelée et renforcée face à la haine en rendant à l'autre déshumanisé son humanité. Voici en dossiers majeur et mineur, en illustrations, en bémols artistiques et en critiques des bribes d'une poésie de soi « Telle une aubade » (cf. Camille Aubaude, La Malcontente, 2015) dédiée à l'humanité, telle une longue prière pour l'amour et pour la paix, telle une colombe blanche, telle une danse poétique macabre et joyeuse des mots dédramatisant (et se révoltant contre) les violences, les horreurs et les sévices que des humains pratiquent envers leurs semblables."
 

      Remontée du ressenti du Samedi 5 juillet 2014, 14h30 à l'Arsenal Metz  

                

­Rencontre/discussion passionnante avec  Camille Aubaude, Philippe Cantraine, Nouria Yahi-Boggio  et John Wander sur le thème des violences faites aux femmes dans la salle Claude Lefèvre, au deuxième étage de l'Arsenal, toutes fenêtres ouvertes donnant sur une partie de l'Esplanade. 

La  modératrice était Bérangère Thomas. Afin de  stimuler la réflexion, le passage d'un thème à l'autre, s'est fait  grâce à des montages d'images et des citations projetés sur un grand écran, face au public.  

Un public pas trop nombreux, en ce début de période de vacances, mais qui a donné matière à penser grâce à des interventions très intéressantes, qui n'ont, hélas, pas pu - faute de temps, mais aussi peut-être parce que ce sont là des noeuds inextricables,  des tabous - être approfondies notamment sur le rôle des mères dans l'éducation des fils et sur la sexualité masculine, la vision de la maternité d'Elisabeth Badinter*, sur les jeunes versés, retenus, enfermés dans la catégorie, du "genre ado" et qui doivent se soumettre au groupe dont on connaît le conformisme et la capacité de formatage ...et donc parfois/souvent aux excès de son leader qui n'est pas toujours dans l'équilibre et "le juste milieu". 

 
 *entre parenthèses, c'est moi qui l'ajoute ici, Madame Badinter ironise sur les femmes qui seraient encore trop nombreuses à penser qu'il existe un quelconque "instinct maternel".
Logiquement, elle refuse catégoriquement d'évoquer ses propres enfants : "Je ne parle jamais de cela, dit-elle"...
 
 Les thèmes abordés par les intervenants : les mythes fondateurs, l'éducation dans "la famille", à l'école, l'égalité, l'indifférenciation sexuelle, l'homosexualité, les dynamiques négatives dans les groupes, le viol, les guerres... Des sujets , là aussi, à peine effleurés mais c'est une des lois de l'exercice. L'idée est de privilégier les faits, de ne pas faire de morale, surtout pas,  et de constater que dans le grand brassage que représente la mondialisation globalisée même si parfois, on semble, à la faveur de l'ouverture à tous,  régresser dans la poursuite des grands principes, qui sont ceux d'égalité,  de "droits de l'homme"( rassurons-nous, il s'agit d' "homme ( homo, hominis) générique" le mot qui signifie homme (vir) et femme ...de constater, je reprends, ...de constater qu'il n'y a pas grand chose à faire, et que c'est comme ça !  
 Les lectures poétiques de la dernière demi-heure ont permis de faire une sorte de synthèse de l'après midi :
Marie Daffini a lu deux poèmes dont l'un de François Coppée intitulé "le père":  le XIXe, l'alcool et l'enfant, celui qui permet à la mère de changer de statut. De victime des coups d'un mari irascible, elle devient intouchable, gardienne du sommeil et de la vie de son enfant. Une dame du public a enrichi la lecture de son interprétation. 
J'ai lu le mythe de Philomèle et Procné,(deux soeurs) extrait du livre 6 des Métamorphoses d'Ovide que je me suis amusée à retraduire, en partant d'une ancienne traduction du XIXe.  Les thèmes sont la violence destructrice masculine ( mensonge, malhonnêteté, viol, mutilation : l'une d'elle a la langue coupée ...), qui va  engendrer la fureur meurtrière des deux femmes, les menant au meurtre d'un enfant. 
Eliane Charabot a lu un poème extrait de son recueil "Les fleurs de mon jardin" sur les enfants soldats -garçons et filles- les souffrances de leurs familles, leur vie brisée. En voici la fin 
 
"Quand la guerre est finie
Elle a beaucouup grandi,
Elle revient au foyer
Mais elle a enfanté...
(...)
Toutes ses meurtrissures
détruisent son bonheur
D'être enfin libérée(...)
                                   Puis chacun des  5 intervenants  a dit ou lu au moins un de ses poèmes. 
     
                             Quelques remarques personnelles 
 
Les choses ont beaucoup changé depuis 20 ou 30 ans en ce qui concerne les fameux stéréotypes sur les métiers. Il suffit d'ouvrir les yeux.  C'est un combat qui a déjà été mené ( il ne faut quand même pas s'imaginer que mes collègues prof, depuis des décennies ne vont pas dans ce sens...) et qui porte ses fruits maintenant et dans bon nombre de pays. Les réticences à voir une femme conduire un bus, à devenir chirurgienne, prof à sciences po ou dans une fac sont quand même en voie quasi totale de disparition, en France... Mais bref tout le monde semble s'occuper très gravement et fougueusement de ce "problème". Les hommes également désertent certains métiers, même  ceux que l'on désigne par un geste qui élégamment part vers le haut, montant d'un octave... les dites "hautes spères"... qui exigent manipulation, vanité, capacité à faire taire ses scrupules, et surtout la grande solitude de celle ou celui "corvable à merci" qui a renoncé à une vie personnelle riche, active et engagée  et/ou à l'aventure que représente une vie de couple et/ou familiale. 
Ce qui est certain aussi, c'est que les filles réussissent, en classe, souvent, beaucoup mieux que les garçons. J'ai eu plus de cas de garçons que de filles  à traiter,  au cours de mes années de prof, au moment des passages de fin d'année.  
                                                         Claire Antoine 14/07/2014                                         -----
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