Prise de mots dans les chapitres consacrés au Haïku de "L'empire des signes" de Roland BARTHES
Photo de portable
( Jardin Albert Kakn )
C'est ainsi !
ça ! !
Un événement bref, décanté, prédomine qui trouve d'un coup sa forme juste, saisie comme substance. Rectitude de la trace, sans sillage, ni marge, ni vibration. Efflorescence inessentielle, excentrique de l'objet.
Coupure sans écho convertie en essence. Justesse musicale pure et vide de la note de musique.
Articulation avec une métaphysique d'un temps sans sujet. Le corps collectif des haïkus est un réseau de joyaux, dans lequel chaque joyau reflète tous les autres. Il n'y a jamais à saisir un centre, un noyau premier d'irradiation. Comme un miroir qui ne saisit rien, reçoit sans conserver et capte seulement d'autres miroirs. Vers le vide de la forme.
Pas d'ouverture à la communication divine. Apparition fragile.
Moment intenable, pli léger, soie du langage, balafre légère, où la chair va devenir parole. Rétrospective reconstituée.
Ce qui est posé est mat sans marges, interstices qui excéderaient le sémantique et l'ajoureraient.
Arrêt de la radiophonie intérieure
Assèchement du bavardage incoercible de l'âme. Fragments, poussières d'événements.
Effacement du règne des codes
Refus du symbole
Rupture du cercle dont le langage est dépositaire
Se dit deux fois en écho pour souligner d'un trait la nullité du sens. Répétition à reconnaître sans origine. Événement sans cause. Mémoire sans personne.
Pas de pittoresque
Pas de romanesque.
Vison sans commentaires, ni définitions, ni descriptions ornementales, de leçons engagées comme indices dans le dévoilement d'une vérité ou d'un sentiment. Le sens est refusé au réel. Sans regrets, manoeuvres, corrections. Sans finalité. Libérée de l'image avantageuse de soi. Pure désignation.