Mauvais alexandrins césurés systématiquement à l' hémistiche, devenus "par défauts" honteux hexamètres
J'allais voir ma fille, j'étais dans le train, et pour rendre mon voyage plaisant, je voulais, au départ,
pasticher la célèbre "fileuse" de Paul Valéry.
Pourquoi ? Mais parce que j'avais un de ses recueils de poèmes dans mon sac, voyons. Pas plus que ça. Pour faire "de l'exercice". J'en aime le début :
" Assise la fileuse au bleu de la croisée
Le rouet ancien qui gonfle l'a grisée..."
Mais bon...C'est une évidence même pour le pasticher, il faut la bonne dose... :
" 10% d'inspiration et 90% de transpiration", car quelle perfection technique !
Je me suis peu à peu laissé déborder et j'ai terminé dans l'urgence.
Je n'aurais pas dû commencer par prévoir les rimes et leur enchaînement (aba/bcb/cdc/ded/efe/fgf etc ) jusqu'au verset final.
Le développement s'est fait ainsi,
en partant de la fin d'un supposé dodécasyllabe.
Au fur et à mesure j'ai ajouté des contraintes.
Des répétitions de mots, de syllabes, à intervalles réguliers etc. Et je me suis perdue en route.
Aucune souplesse ni inventivité dans les coupes et césures...Les accents ne sont pas vraiment travaillés non plus.
Le/un sens est arrivé pendant, par surprise.
Le résultat, le voilà...Boff...C'est très très...
Assise à la fenêtre,
Elle rêve morose (a)
Ses songes la transportent
Debout dans une bulle (b)
Jusqu'au jardin tout près
Où elle cueillit des roses. (a)
Le bouquet lui donna.
- Son souvenir la brûle- (b)
Hélène n'est pas prude.
Il lui fit de la peine. (c)
Elle trébuche et tombe.
Loin, une chouette hulule. (b)
La bulle éclata qui
Chez elle la ramène.
Son corps est frémissant.
Ses larmes ravalées,
Il ne saura jamais.
Serpolet marjolaine...
Si grande fut sa peine !
Accoudée, accablée
Aux Erynies, semblable,
Elle peut devenir.
Se levant, elle court
La pente est dévalée.
Tendresses ravalées
Pour le voir revenir
Qu'elle puisse maudire
Enfin le scélérat
Sur lequel le malheur
Elle veut faire venir.
Fin de tout avenir :
- tu as été ingrat -
Par les vertus du trèfle
Qui la fera traîtresse
Sauge thym romarin
Tu la suivras.
Et c'est là, scélérat
Qu'heureux par ta maîtresse
Que la douleur étreint
Au profond de son coeur
Tu connaîtras aussi
Son ardeur vengeresse.
Elle rêve morose
Aux affres de son coeur.
C.A.-L. (37)