Courte prise de notes dans le texte de Martine Sforzin, "L'Art de l'irritation" chez Thomas Bernhardt, Artois Presses Université/PU Valenciennes, 2002. Lien texte intégral books.openedition.org

Publié le par Claire

                                                                 Prise de notes

L'oeuvre de Thomas Bernhard a longtemps été lue comme un monochrome en noir,

reflet d'un pessimisme d'inspiration baroque,

renforcé par un nihilisme typiquement moderne.

Cependant, entre Frost, le premier roman, et Auslöschung.

 Dans  Eîn Zerfall, le dernier, une évolution est perceptible,

qui va de l'extrême de la douleur au rire et aboutit à la revendication d'une écriture de l'effacement.

Que ce soit sous la forme d'un désespoir ressassement dans " une phrase infinie " ou encore d'une exagération délibérément grotesque et " carnavalesque ", l'oe’œuvre de Thomas Bernhard est toujours à situer au-delà des strictes limites de l'espace littéraire, de scandales et autres perturbations de la vie publique autrichienne.

En cultivant savamment ceux-ci, Thomas Bernhard dépasse la simple recherche de l'effet et tire d'une sensation qui est la condition de l'émergence de l'oeœuvre, une capacité à irriter, à arracher à l'indifférence et, par là, à une menace de mort.

L'irritation saisit, dans la réactivation, la possibilité d'élaborer un art de l'irritation.

Esthétiquement, celui-ci détermine une écriture unique et originale.

 

Mais sur le plan éthique surtout, l'évolution de l'oeuvre reflète la possibilité - tirée de l'art de l'irritation - de s'opposer au monde, de s'affirmer en existant contre lui.

 

L'écriture de l'effacement, tout en portant les stigmates du nihilisme montre la voie d'une existence possible dans une attitude d'opposition permanente au monde.

 

Le fondement de cette existence n'est plus l'attachement nostalgique mais utopique à un rêve d'accord parfait entre le moi et le monde, mais la volonté de s'en guérir et de se construire sur les sables mouvants d'une vérité qui sans cesse échappe.

 

Endossant les crises de la modernité, l'irritation telle que Thomas Bernhard la pratique, propose un art d'exister qui, loin de se satisfaire de reproduire le nihilisme partout constaté, tente  sans l'occulter ni  le nier, de transformer un ars moriendi en modus vivendi.

Compte rendu de l'article original de Martine SFORZIN à paraître                                     dans Acta fabula.

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