L'indifférenciation festive, ''l'uniformisation'', l'ennui civilisationnel ... Quelques mots sur le ''Festivisme'' de Philippe Muray; une fable d'Antoine Houdar de la Motte - 3 liens : 1) wikipedia.org, bio de P. Muray; 2) radiofrance.fr ''Les nuits de France Culture'' interview de P. Muray; 3) books.openedition.org, article de Bernard Puel sur Adorno ''une philosophie de l'ennui

Publié le par Claire Antoine

Quelques mots...sur le monde ''Musée'' auquel nous appartenons et que nous cautionnons, parce que la Mort, ---- finalement après l'agonie, (dernière lutte possible) qui nous sera épargnée dès l'instant où ''la loi fin de vie'' sera votée par nos élus zélés (zélus par nous) qui veulent notre bien ''collectif '' s'entend)-----c'est doux ...

Philippe Muray défend l'idée de ''la festivisation'' du monde contemporain comme un temps de désordre destiné à consolider l'ordre. Chroniqueur et contempteur ( à la manière d'un La Bruyère) du monde contemporain, il identifie une entrée dans l'ère festive conduisant à une indifférenciation généralisée (...) '' jusqu’au point[/moment] où le risible [sort de ses limites] et fusionn[e] avec le sérieux''.

En effaçant les distinctions traditionnelles entre différents aspects de la vie, il se crée une uniformité et une banalisation des comportements et des valeurs.

                                                                 Post-Histoire

Les limites entre les différents moments de la vie (travail, loisirs, fêtes) tendent à disparaître. Si tout est  occasion de célébration, il n'y a plus de ''grands moments'' festifs, mais des moments de figement de "l'instituant'' qui n'est plus en capacité d'instituer, mais seulement - confiné dans la grammaire normative du social et donc, n'étant plus en capacité d'être ''dans un espace-temps oppositionnel'' ( synonyme de vi·e·talité) - de répéter toute séquence à satiété - la brèche, comme "trou temporel" s'étant refermée " la fête devient le symptôme d'un monde mort que nous ne pouvons donc plus détruire (cf l'anthropologue Jean Duvignaud), monde ''devenu musée''. 

Uniformisation des comportements : Dans cette ère festive, les comportements individuels tendent à se standardiser. Toutes les différences s'estompent au profit d'un conformisme généralisé. 

Rebellion et contestation devenues des routines institutionnalisées perdent leur potentiel subversif.

                   Les ''rebellocrates'' et les ''mutins de Panurge'' se rebellent sans risques. 

La fête étant une sorte de carnaval permanent, incarnant un temps court d'inversion des valeurs devient mécanisme d'enrôlement, d'adhésion aux nouvelles valeurs d'un aujourd'hui du ...Aie !!!! Je vais dire des G R O S M O T S du... du... ''capitalisme néolibéral''.

 

Tout se valant, sauf les ambitions individuelles sous couvert de/au nom d'un courage/ d'une vertu - ''politiques'' -  au service de tous ( même si l'on sait dans notre bon sens populaire si ridiculisé par les néoidéologues de tous bords ( ceux qui savent qu'il ne faut jamais regarder en arrière et que hier n'était pas mieux que ne le sera demain )  que ''trop'' de démonstrations de courage tuent le courage et qu'il en est donc de même pour la vertu et touti quanti et je pourrais même ajouter citant l'aphorisme de Pierre Dac que ''tout [étant ]dans tout ...et réciproquement'', et que puisque ( comme le répètent à l'envi les journalistes de droite et de gauche, sans oublier, pour contrer la binarité, ceux du centre) , selon Tancredi dans le Guépard de Giuseppe Tomasi di Lampedusa adapté en 1963 par Luchino Visconti ''Il faut que tout change pour que rien ne change''. 

Et ''woila'' ! comme dit une pub pour les canapés

... Je rattrape au vol mon idée de départ : ''Tout se valant'', partant, '' toutezetous'' se valenTaussi''.   

Pour stigmatiser, par le rire, la dérision et l'outrance de la caricature, les travers de notre temps, Muray invente (après l' habilis, l' erectus, le neanderthalensis et le sapiens), l’Homo festivus, qui transformé en Festivus Festivus, devient le « fils naturel de Guy Debord ( La société du spectacle) et du Web».

Pour défendre cette hypothèse de l'entrée dans l'ère festive, qui s'adosse à une société  ''obsédée par la régulation et la normalisation des comportements individuels'', Philippe Muray, caustique, théorise ( à coups de calembours et néologismes ) les concepts de

- Festivisme, célébration exacerbée de ''la vie moderne'' 

- « envie du pénal », cf. l'« envie du pénis » de Freud afin de désigner la volonté moderne et farouche de créer des lois pour « combler le vide juridique », c'est-à-dire, selon lui, pour supprimer toute forme de liberté et de responsabilité.

- « glucocrate », figure du Tartuffe moderne, lequel va, au travers d'une candeur relationnelle et d'une valorisation excessive de quelque chose qui est perçu comme un Bien, une Valeur ( ''nos valeurs''), exercer un contrôle qui revêt une forme de violence psychologique et une domination sociale. 

 On pourrait dire que cette obsession de ''la normalisation des comportements individuels'', qu'il stigmatise s'apparente à ce que l'on reprochait aux villages et aux vieilleszetvieux qui regardaient ''passer la vie dont ils avaient -évidemment- décroché'' d'un oeuil critique sévère derrière leurs rideaux semi ouverts.

 

Il parle pour les néo-conformistes que nous sommes ( ravie, suis-je, de me fustiger un peu, de me fouetter un peu les sangs😏)  

 - de « mutin de Panurge » 

- de « mutants de Panurge » qui désignent tout individu qui applique la rébellion et la contestation comme une nouvelle norme mais aussi comme instrument de pouvoir.

- de « statopathe », quand ils se rebellent sans réponse concrète.  

etc. etc.

Donc "au bout du bout" comment faire pour avoir ''envie d'avoir envie'' ...là je suis désolée pour la référence mais il ne me vient à l'esprit que ''Johnny ''. Mais bon ! On l'aime !!

''Et woilà'' encore...

Les Amis trop d’accord (fable XV)

Il était quatre amis qu’assortit la fortune ;

Gens de goût et d’esprit divers.

L’un était pour la blonde, et l’autre pour la brune ;

Un autre aimait la prose, et celui-là les vers.

L’un prenait-il l’endroit ? L’autre prenait l’envers.

Comme toujours quelque dispute

Assaisonnait leur entretien,

Un jour on s’échauffa si bien,

Que l’entretien devint presque une lutte.

Les poumons l’emportaient ; raison n’y faisait rien.

Messieurs, dit l’un d’eux, quand on s’aime,

Qu’il serait doux d’avoir même goût, mêmes yeux !

Si nous sentions, si nous pensions de même,

Nous nous aimons beaucoup, nous nous aimerions mieux.

Chacun étourdiment fut d’avis du problème,

Et l’on se proposa d’aller prier les dieux

De faire en eux ce changement extrême.

Ils vont au temple d’Apollon

Présenter leur humble requête ;

Et le dieu sur le champ, dit-on,

Des quatre ne fit qu’une tête :

C’est-à-dire, qu’il leur donna

Sentiments tout pareils et pareilles pensées ;

L’un comme l’autre raisonna.

Bon, dirent-ils, voilà les disputes chassées

Oui, mais aussi voilà tout charme évanoui ;

Plus d’entretien qui les amuse.

Si quelqu’un parle, ils répondent tous, oui.

C’est désormais entr’eux le seul mot dont on use.

L’ennui vint : l’amitié s’en sentit altérer.

Pour être trop d’accord nos gens se désunissent.

Ils cherchent enfin, n’y pouvant plus durer,

Des amis qui les contredisent.

 

C’est un grand agrément que la diversité.

Nous sommes bien comme nous sommes.

Donnez le même esprit aux hommes ;

Vous ôtez tout le sel de la société.

 

L’ennui naquit un jour de l’uniformité.

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