Le pantoum, généralités ( source Wikipedia), 4 exemples et 2 liens : 1) You tube ''Le pantoun, trésor poétique de l'Archipel malais''; 2) spafen lorraine.unblog.fr Dalstein Gérard pour approfondissement (18 février 2012)

Publié le par Claire

pantoum ou pantoun, n.m., poème d'origine malaise à forme fixe.
Adapté en France par les poètes liés plus ou moins étroitement au "Romantisme" ( Hugo, Baudelaire, Verlaine...)

                                                        Quelques principes 

Deux thèmes qui n'ont rien de commun ( deux idées, l'une extérieure, l'autre intime et morale) y sont traités parallèlement, qui se relient et s'opposent, l'un dans les deux premiers vers, l'autre dans les deux derniers de chaque strophe.

Strophes de quatre vers ( octo ou décasyllabes) à rimes croisées

construites de telle sorte que le deuxième et le quatrième vers de chacune passent dans la suivante pour en former le premier et le troisième vers.

Le premier vers de la pièce doit en outre revenir à la fin, comme dernier vers.
.
             1. Pour commencer, voici un" faux"  pantoum, "Harmonie du soir", de Charles Baudelaire : il ne développe                       qu'un seul thème, il  est en alexandrins, les rimes sont embrassées et le dernier vers diffère du premier.

Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir;
Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir,
Valse mélancolique et langoureux vertige!

 

Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir;
Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige;
Valse mélancolique et langoureux vertige!
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.

 

Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige,
Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir!
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige.

 

Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
                                      Du passé lumineux recueille tout vestige!                                                                            Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige                          Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir !

 

2. Le premier exemple de pantoum apparu en France ( traduction en prose d'un poème malais par un érudit de l'époque reprise par Victor Hugo dans les notes des Orientales):

 

Les papillons jouent à l'entour sur leurs ailes ;
Ils volent vers la mer, près de la chaîne des rochers.
Mon cœur s'est senti malade dans ma poitrine,
Depuis mes premiers jours jusqu'à l'heure présente.

 

Ils volent vers la mer, près de la chaîne de rochers...
Le vautour dirige son essor vers Bandam.;
Depuis mes premiers jours jusqu'à l'heure présente,
J'ai admiré bien des jeunes gens ;

 

Le vautour dirige son essor vers Bandam,...
Et laisse tomber de ses plumes à Patani.
J'ai admiré bien des jeunes gens ;
Mais nul n'est à comparer à l'objet de mon choix.

 

Il laisse tomber de ses plumes à Patani.
Voici deux jeunes pigeons !
Aucun jeune homme ne peut se comparer à celui de mon choix,
Habile comme il l'est à toucher le cœur.


 

3.Pantouns malais, de Leconte de Lisle [modifier]

 le parallélisme : dans les deux premiers vers, la plainte du meurtrier ; dans les deux derniers, le paysage
 

Ô mornes yeux ! Lèvre pâlie !
J’ai dans l’âme un chagrin amer.
Le vent bombe la voile emplie,
L’écume argente au loin la mer.

 

J’ai dans l’âme un chagrin amer :
Voici sa belle tête morte !
L’écume argente au loin la mer,
Le praho[1] rapide m’emporte.  ( barque des pirates malais)

 

Voici sa belle tête morte !
Je l’ai coupée avec mon kriss.
Le praho rapide m’emporte
En bondissant comme l’axis.

 

Je l’ai coupée avec mon kriss[2] ; ( glaive à lame ondulée)
Elle saigne au mât qui la berce.
En bondissant comme l’axis[3]  (gazelle)
Le praho plonge ou se renverse.

 

Elle saigne au mât qui la berce ;
Son dernier râle me poursuit.
Le praho plonge ou se renverse,
La mer blême asperge la nuit.

 

Son dernier râle me poursuit.
Est-ce bien toi que j’ai tuée ?
La mer blême asperge la nuit,
L’éclair fend la noire nuée.

 

Est-ce bien toi que j’ai tuée ?
C’était le destin, je t’aimais !
L’éclair fend la noire nuée,
L’abîme s’ouvre pour jamais.
 
C'était le destin, je t'aimais !
Que je meure afin que j'oublie !
L'abîme s'ouvre pour jamais.
Ô mornes yeux ! Lèvre pâlie !
 

 

 

4. Pantoum, de Louisa Pène-Siefert

(thème du temps qui passe, au sens chronologique du terme, annonce d'une mort précoce, et celui du temps des saisons qui s'écoule et voit le retour de l'automne, précédant l'hiver)
 

Vraiment j'ai vingt ans révolus,
Ma première enfance est enfuie.
- Hélas ! les beaux jours ne sont plus,
C'est l'automne, voici la pluie.

 

Ma première enfance est enfuie,
Mes premiers muguets sont passés.
- C'est l'automne, voici la pluie,
Les nuages sont amassés.

 

Mes premiers muguets sont passés,
Mon aubépine est effeuillée.
- Les nuages sont amassés,
La prairie est toute mouillée.

 

Mon aubépine est effeuillée,
Et j'ai pleuré sur ses débris.
- La prairie est toute mouillée,
Plus de soleil, le ciel est gris.

 

Et j'ai pleuré sur ses débris.
Pourtant, ce n'était rien encore.
- Plus de soleil, le ciel est gris,
Le bois de rouge se colore.

 

Pourtant ce n'était rien encore,
D'autres fleurs s'ouvraient sous mes pas.
- Le bois de rouge se colore
Mais le beau temps ne revient pas.

 

D'autres fleurs s'ouvraient sous mes pas
J'ai teint de mon sang leurs épines.
- Mais le beau temps ne revient pas,
La sève descend aux racines.

 

J'ai teint de mon sang leurs épines.
Adieu, fleurs qu'on ne peut cueillir.
La sève descend aux racines,
La nature va défaillir. 

 

Adieu, fleurs qu'on ne peut cueillir :
Joie, amour, bonheur, espérance !
- La nature va défaillir
Dans une indicible souffrance.

 

Joie, amour, bonheur, espérance,
Que vous étiez beaux autrefois !
- Dans une indicible souffrance,
Faut-il que tout meure à la fois ?

 

Que vous étiez beaux autrefois,
Au clair soleil de la jeunesse !
- Faut-il que tout meure à la fois ?
Est-il sûr qu'un jour tout renaisse ?

 

Au clair soleil de la jeunesse,
Pauvre enfant d'été, moi, j'ai cru.
- Est-il sûr qu'un jour tout renaisse,
Après que tout a disparu ?

 

Pauvre enfant d'été, moi, j'ai cru !
Et tout manque où ma main s'appuie.
Après que tout a disparu,
Je regarde tomber la pluie.

 

Et tout manque où ma main s'appuie.
Hélas ! les beaux jours ne sont plus.
Je regarde tomber la pluie...
Vraiment, j'ai vingt ans révolus.

 

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