Camus et le théâtre : citation de Morvan Lebesque (et qqmots sur M. L.)
Camus avait instinctivement compris cela et c’est pourquoi son œuvre de vérité devait partiellement s’exprimer sur scène.
Peut-être avait-il aussi ce « goût de preuve » qu’ont les mots lorsqu’ils ne se contentent pas de s’étaler sur du papier, mais passent en bouche de l’homme, de l’acteur, de celui qui est sur un tréteau et s’adresse à la foule.
Le papier, comme le lit, porte tout.
La langage parlé s’affronte, lui à des exigences.
Mai 68. Morvan Lebesque, visionnaire
Né à Nantes en 1911, tenté dans sa jeunesse par l'autonomisme breton, avant de devenir une des grandes plumes du Canard Enchaîné à partir de 1952, Morvan Lebesque a été l'un des intellectuels
français les plus réactifs aux évènements de Mai 68.
Profondément libertaire,
humaniste au sens camusien du terme,
Lebesque est alors un opposant presque « professionnel » à la V e République gaulliste, dont il fustige l'autoritarisme. Il s'enthousiasme donc pour cette révolte de la jeunesse qui bouscule les
cadres établis.
Il n'hésite ainsi pas à prendre la défense de Cohn-Bendit contre L'Humanité et les communistes, qu'il juge trop conservateurs.
Il écrit d'ailleurs, dans le Canard Enchaîné du 8 mai 1968 : « Du nouveau, et comment ! La révolution mondiale ne passe plus par les masses ouvrières, mais par les étudiants ; elle ne fait plus
de politique, mais elle la vit et s'identifie aux moeurs.
Et ne me dîtes pas qu'il s'agit de fils de bourgeois. Si c'est vrai à Paris, tant mieux. Et si c'est vrai à Varsovie, vous avouez que le socialisme a constitué une bourgeoisie ? »
Pour Morvan Lebesque, Mai 68 est en effet un nouveau juillet 1789, le caractère révolutionnaire des évènements du Quartier latin ne faisant guère de doute.
Le journaliste espère voir un nouveau monde bousculer l'ancien,
une nouvelle société émerger où pourront s'allier « le socialisme et la liberté », qui sera « une démocratie moderne, populaire et fédéraliste ».
Il oppose également « d'un côté, cette révolte prémonitoire. Et de l'autre, en France, un pouvoir monolithiquement bête, non seulement pour ignorer sa dimension, mais pour croire qu'il la
corrigera d'une bonne fessée. »