Je marche 195
Je marche
«La poésie est affaire de souliers blessés », J-M Maulpoix
Tous les matins
Avant le lever du jour
Je parcours en silence
Des territoires
De mots.
En rôdeuse, à l’affût,
Vampire de lignes d’écriture.
Je flaire à l’instinct
Toutes ces phrases rectilignes
Que je survole
Passant de l’une à l’autre
Je circule
Sur un coup de sens
Hasardeux
Je cherche
Des croisements
Qui m’éclaboussent
Me rafraîchissent et qui m’apaisent.
Et je descends
Brusquement
Vers celles
dont les échos
Me parviennent
Elles parlent à mon oreille
En rougissant
M’imprègnent.
La merveille est là !
Je l’enserre et je l’emporte sur mon fragile établi
Là où j’expérimente,
A l’aveugle,
Des bifurcations
Des chemins de traverse
Accidentés.
De retours au « point de départ » pour réduire les fausses pistes
Des essais pour se perdre où elles pourront devenir partances
Désirs d’envol
Qui me transporteraient
Vers des destinations incertaines
Sur des pistes
Qui se renient sitôt empruntées
Qui arrivent rarement à la rime
Et qui doivent repartir.
Mais l’esquisse
Devenue empreinte
Reste collée au texte
L’ébauche
Participe à l’amorce
De ce moment ténu
A la poursuite
Passionnée
De la transe
Qui pulse et se perd
Quand le texte devient danse et sons...