Prise de notes dans un article de Brice Koumba pour une mise au point sur les concepts de ''texte'' et de ''présence'' chez Derrida. 2 liens : 1) briska.r.b.f.unblog.fr pour l'article dans son intégralité; 2) podcast radiofrance.fr Les chemins de la philosophie : ''Le langage tient-il sa parole ? Expliquez-moi Derrida'' avec Charles Ramond

Publié le par Claire Antoine

Prise de notes dans un article de Brice Koumba pour une mise au point sur les concepts de ''texte'' et de ''présence'' chez Derrida. 2 liens : 1) briska.r.b.f.unblog.fr pour l'article dans son intégralité; 2) podcast radiofrance.fr  Les chemins de la philosophie : ''Le langage tient-il sa parole ? Expliquez-moi Derrida'' avec  Charles Ramond
Quelques notes prises dans l'optique du projet d'analyse d'un "texte" de Tastu  Amable
 
                     La notion de "texte" comme possible voie d’accès à la pensée d'un auteur.    
 
( Je suis arrivée au texte en lien, lors d'une petite recherche sur la métaphore du tissu - rechercher le textuel dans le textile - chez Barthes et le réel "polyglotte et inépuisable"de Michael Edwards. "Une tresse de voix différentes, de codes multiples entrelacés et inachevés". cf les métaphores figées : tissu de mensonges, perdre le fil, filer un mauvais coton ou le parfait amour. Et aussi l'idée de texture arachnéenne ou de structure rhapsodique, cousue, faite de tressages multiples d'une écriture qui se file et se faufile.
Intéressante aussi celle qui voit la traduction comme occasion de saisir des liens entre des fils enchevêtrés. Ce fil qui devient réseau qu'on ne peut démêler, qui semble n'avoir ni début ni fin. Filer ce serait refuser la filiation ?
Ecrire pour ne pas s'originer, pour dévier, dévoyer, dérouler le fil, des échos d'une fille/poète pas encore née.
Cf la mythologie, le fil du destin tissé par les Parques et la tapisserie de Pénélope. Et  Proust pour qui
 " l'oeuvre se fait comme une robe", dans son  bruissement  ( cf Roland Barthes et son essai, Le bruissement de la langue : «C'est le frisson du sens que j'interroge en écoutant le bruissement du langage - de ce langage qui est ma Nature à moi, homme moderne.» )

                             

                          La métaphysique détermine l’être comme présence. 

La lecture d'un texte, peut être entendue comme l'espérance d'un sens, grâce à une exégèse, une  réappropriation métaphysique du texte, conçu comme une mimesis qui reflète et répète la vérité originaire, "la présence". 
Le lecteur part  à la recherche de la vérité du texte, vérité  platonicienne qui est celle de la « présence (ousia) du présent ». Recherche du sens conservé, de part en part présent, à travers la forme de l’origine ou de la fin. Le texte qui reflète et répète la vérité originaire, dit la présence. 
Construit de mots, le tissu textuel montre et communique la présence.
Un texte n’est un texte que s’il cache au premier regard la loi de sa composition.  
Mais, même au deuxième regard,  il restera quand même, sans qu'il y ait pour autant un secret enfoui, bien caché sous ses voiles,  toujours "im- perceptible".
Or le présent, parole première, devrait permettre de percevoir et de dire l'origine, et la "vérité" de la chose qui se donne au regard, de leur coïncidence.
Le mot est la condition de la venue à la présence de la chose : "Aucune chose ne soit, là où le mot faillit", dit Hölderlin. 
Toutefois, la perte "du lieu fondement" où le mot a failli n'est que provisoire, elle est suivie de la conviction de sa possible restauration.  Le moment métaphysique du texte se déploie en 3 étapes, visant la re-collection du sens : fondement/perte et restauration. 
 
Comme dans la structure d'un récit ou l'état initial  CF récits : l'équilibre initial perturbé initie une quête permettant la restauration d'un nouvel équilibre. 
Un espace stable qui fait fond, présent à soi et pour soi, habité par une propension à "s’excéder", va vers sa perte, sort de lui-même pour un « être-au-dehors-de-soi ». devient autre, se nie et se partage, créant un vide, une béance. Les moyens, les ponts en vue de la recollection du fondement perdu sont le signe, le thème, le centre...
Le signe qui est pour Hegel un « passage », détour provisoire qui finira par disparaître et laisser advenir ce qui se cache dans l’accomplissement de l’absolu, c' est le texte dont les détours finissent par ramener et manifester la présence perdue. 
Elle peut se retrouver aussi à travers les méandres du thème : « unité nucléaire d’un sens posé, là, devant le regard, présent hors de son signifiant et ne renvoyant qu’à lui-même » repérable à travers le jeu de fréquences lexicales. Le thème suppose l’unité et la fixité du sens dans la totalité de ses apparitions. Il est « le moment du sens présent », « la réappropriation de la semence dans la présence ». Le thème apaise le texte.
Le centre :  le texte structure réduite et neutralisée par un centre point de présence, origine fixe. qui oriente, équilibre et  stabilise, maîtrisant l’angoisse. Le centre maîtrise les turbulences textuelles. La structure pensée comme une série de substitutions de centre à centre, un enchaînement de déterminations du centre. Le centre reçoit, successivement et de manière réglée, des formes ou des noms différents. . « tous les noms du fondement, du principe ou du centre ont toujours désigné l’invariant d’une présence 
(essence, existence, substance, sujet, vérité, transcendance, conscience, Dieu, homme, etc.)
 Le centre est l’invariant de la  présence, sa permanence dans le texte quelque soit son éloignement ou sa dissimulation, le "signifié transcendantal ». 
 
 
Dans  le labyrinthe de la pensée, Derrida envisage le concept de « Texte »,  de ses frontières et de ses limites comme possible fil d’Ariane pour la lecture.  Il  élargit les limites du texte qui devient ainsi un texte général selon le principe que tout est texte et que « tout dans ce texte est généralisé en somme».
« Il n’y a pas de hors texte ».
D’abord le texte est texture, tissu, qui peut mettre des siècles à dérouler sa toile se régénérant sans cesse derrière le geste de lecture qui tente de la  suspendre. 
Il se donne, ensuite, comme une réalité formée de deux parties, « dont l’une seulement est visible, lisible pour avoir été du moins publié ». 
« texte à demi-absent » une de ses faces est invisible.
Le texte est une quadrature ;Trois des quatre côtés du dispositif sont à l’imparfait.
Et une des faces s’écrit et se donne au présent, « l’ouverture de présence ». face tournée vers le regard du lecteur ouverture en forme scène visible et parlante ». sur laquelle le « surgissement incessant » de l’unité primitive et mythique qu’est la présence peut se faire jour; le présent semble se libérer».
Le texte déborde les limites de la représentation,  et de  ce qui est interdit à la représentation  à savoir, les techniques de son agencement; comme la greffe textuelle.
 
"Ecrire veut dire greffer». C’est pratiquer une greffe.
Mais cette greffe ne survient pas à quelque chose qui aurait été présent et qui aurait reçu l’implant d’un texte second. 
Selon la logique de la greffe il n’y a pas de « propre » d’une chose ni de « texte original ». 
Un texte est toujours déjà un texte de texte.
 
 Tout est greffe et greffe de greffe textuelle, dissémination textuelle « Il n’y a rien avant le texte, dit Derrida, il n’y a pas de prétexte qui ne soit un texte ». 
 
La loi de la greffe nous met au minimum devant deux textes qui se contaminent l’un l’autre. « Chaque texte greffé continue d’irradier vers le lieu de son prélèvement, le transforme en affectant le nouveau terrain ».
 
 Mais  « La transplantation est multiple »,  chaque texte ne se conçoit et ne se construit qu’au pluriel.
Le texte ainsi se régénère. Ce n'est pas un copié/collé.  
Le texte se reproduit derrière le geste qui la coupe.  Se régénérant sans cesse, il s’écrit. De lui même. 
Pour Derrida « le texte […], s’écrit et se lit, présente lui-même sa propre lecture, présente sa propre présentation et fait le décompte de cette opération incessante ».  
Voilà pourquoi le texte est indéchiffrable, récalcitrant à la présence.
Il s’écrit incessamment de lui même  sous l’impact du texte que le lecteur pense lire.  Toujours « être-en-train-de » s’écrire pour un lecteur. qui se met en scène ».  
Il paraît manifester le présent dans sa nudité. Cependant cette présence ou vérité n’est qu’une illusion, puisque la surface quatrième, celle sur laquelle la lecture/présence se produit est un miroir déformant qui reproduit à l’envers le jeu se déroulant au niveau des trois autres scènes du texte, le texte se régénère,la surface de sa visibilité remarque le drame incessant des surfaces une, deux et trois du dispositif. 
Il n’a pas de présence, recevant de façon simultanée les traces d’une kyrielle de textes qui se donne dans un ordre confus selon un mouvement incessant.
La surface quatrième, surface visible du texte, où le présent n'a plus rien de présent est toujours déjà pris dans le jeu de la trace.
Seul demeure le « jeu »,
aventure séminale de la trace,
pratique comptable de la dissémination.
La présence disparaît, et dans sa fuite laisse place à une nouvelle possibilité d'exploration - sans certitude ni sécurité du lecteur.
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