Internet permet des relations nouvelles à la lecture et à l'écriture. Quelques réflexions en lien avec un article d'Eléni Mitropoulou : semen.revues.org :'' Sémiotique et Communication en nouvelles technologies''
J'ai copié/collé le logo pour avoir une image. Le lien correspondant à l'article n'en ayant pas généré.
Attention toutefois à ne pas succomber à la tentation de ce que l'auteure du texte en lien appelle un état d'" eucharistie syncrétique" avec comme points de départ et d'horizon le " pouvoir de se substituer mutuellement l'un à l'autre".
-- Lettrure : Capacité de lire et d’écrire. […] dans l’univers quotidien des hommes où les activités les plus diverses sont de plus en plus médiatisées par des machines, l’activité de “ lettrure ” devient une activité vitale sans laquelle il n’est plus d’action possible. — (Emmanuël Souchier)
-- Littératie : Notion qui recouvre les fondamentaux auxquels l’école prépare pour adapter l’élève à une société de culture écrite. La lecture sur Internet relève de pratiques multimédia et multimodales qui interfèrent sur les processus de compréhension et d’interprétation.
-- Ecriture/lecture en multimédia donne naissance à la notion de « écrilecture » un mode de lecture nouveau par l’intermédiaire de l’écriture. Ce que lit le lecteur n’est pas figé, il écrit en lisant lorsqu’il part dans l’hypertexte.
La lecture devient une action « interactive » produisant un "nouveau texte"
En effet, cet « acte qui va agir sur le texte » est celui que désigné par le terme d' « écriture-action », cette écriture devant être pensée pour « elle-même » et non comme fusion entre deux pratiques distinctes que sont écriture et lecture, et qui demeurent deux pratiques distinctes même "en Internet".
Le statut de l’écriture-action fait, de la pratique Internet une pratique sémiotique autonome, une
articulation inédite entre écriture et lecture,
il semble que la notion d’écrilecture ait perdu de vue la relation de contrariété qui caractérise écriture et lecture au profit d’une relation fusionnelle entre elles.
La mise en examen de la notion d’« écrilecture » nous interpelle par rapport au type de relation communicationnelle qu’écriture et lecture initient avec Internet :
l’écrilecture comme relation de complémentarité entre écriture et lecture,
Relation qui modifie la présupposition réciproque entre écriture et lecture en implication, avant « l’interpénétration » totale entre elles, entraînant la perte d’immanence pour chacune au profit de leur syncrétisme.
« L’écrilecture » désigne « la transformation profonde des relations entre l’écriture et la lecture »,
permettant d’ « envisager un lecteur « co-créateur »… Dans cette perspective « écrire » doit permettre d’être « lu » de manière à pouvoir « récrire », recréer, modifier sans cesse un texte… », propos qui déclenche une « course de relais » quand, à la relation entre complémentaires, succède une relation entre contraires :
« l’écriture tend alors à se transformer en un miroir dans ce processus où un auteur paraît se dérober et s’effacer en déléguant une partie de son pouvoir de création au profit d’un lecteur actif, d’un lecteur écrivain, bref d’un « écrilecteur ».
Il est nécessaire de « défaire » le lien qui unit écriture et lecture au profit d’une approche de leur rapport en termes de jonction en tant qu’écriture-action.
Internet oblige donc à reconsidérer la notion de « textes » et leur assemblage. En effet, les relations transtextuelles complexes sont à l’œuvre au niveau des « textes » disponibles. Elles potentialisent l’activité de réception du lecteur.
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Le lecteur de textes sur Internet est un vagabond digressif. Il bricole, trouve par hasard des éléments/arguments/info qu'il ne cherchait pas ( par sérendipité) et les relie à l'objet initial de sa lecture (du genre : "voilà l'argument ou l'information que j'attendais..."), construisant ainsi un cadre théorique "subjectif" qui englobe des informations jusqu'alors disparates.
Et bien sûr, les choix opérés dans le nouveau texte ainsi créé va assurer, comme tout texte, des fonctions déictiques, herméneutiques et idéologiques, sans que l'écrilecteur en ait forcément conscience. Il va mélanger des notions qui parfois ne s'articulent que dans des paradigmes qui s'affrontent, apportant sans le savoir une réponse à des affirmations qui semblaient contradictoires.