Peter Szondi Théorie du drame moderne, éditions Suhrkam, traduction de Sibylle Muller (extrait gratuit d'un article trouvé sur http://www.revue-etudes.com/Theatre dramatique et post-dramatique)

Publié le par Claire

Peter Szondi Théorie du drame moderne, éditions Suhrkam, traduction de Sibylle Muller (extrait gratuit d'un article trouvé sur http://www.revue-etudes.com/Theatre dramatique et post-dramatique)
Un certain nombre d’oeuvres contemporaines (Thomas Bernhard, Heiner Müller, Robert Lepage, Bernard-Marie Koltès, Jean-Luc Lagarce, Valère Novarina, Wajdi Mouawad, Joël Pommerat etc.), (...), posent la question du « dramatique » comme tel.
Dans sa Théorie du drame moderne, Peter Szondi (1929-1971) pose très clairement le cadre problématique dans lequel s’inscrit dorénavant le théâtre en tant que crise du drame ou mise en question du « dramatique ».
Szondi analyse ainsi les différentes formes de la littérature dramatique moderne à partir d’une dialectique entre forme dramatique et contenu épique (défini comme « trait structurel commun à l’épopée, au récit, au roman »).
Le drame est absolu, c’est un « univers second » : autonome, autoréférentiel, clos sur lui-même, il possède son temps propre, une logique interne qui exclut toute référence à ce qui lui est extérieur (grâce à la scène à l’italienne, il feint d’ignorer la présence d’un public passif dans la représentation mais actif par l’identification).
 
En outre, il est centré depuis la Renaissance sur l’immanence de la relation intersubjective et des rapports interhumains, d’où la primauté accordée au dialogue dans la conduite et le développement de l’action dramatique.
 
Or, à cause de l’introduction d’éléments épiques, au XIXe, le drame entre en crise avec la « littérature dramatique épique moderne » : Ibsen, Tchekhov, Strinberg, Maeterlinck et Hauptmann
(en l’occurrence, Szondi semble négliger le drame romantique et ses avatars hugoliens qui pourtant relèveraient parfaitement d’une telle analyse).
Cette crise se comprend comme une contradiction dramaturgique entre la survivance de la forme traditionnelle du drame
et la présence d’un nouveau contenu structurellement épique (donc narratif ou romanesque) qui impose, à la façon d’un récit, le point de vue ( focalisation ) d’un sujet (subjectif et/ou extérieur) sur un objet, (l’action dramatique).
Dès lors le drame se déplace vers la fresque sociale (en tant que témoignage, il n’est plus qu’une partie d’une totalité qui lui échappe) ou le théâtre lyrique de l’intime (qui privilégie l’invisible sur le visible).
Le « théâtre épique », qui s’impose avec les mises en scène d’Erwin Piscator et les pièces de Brecht, présente une des plus fécondes tentatives de résolution des contradictions du drame moderne : la forme dramatique procède alors de ce nouveau contenu épique (le contenu se cristallise en une nouvelle forme dramaturgique qui fait imploser l’ancienne).(...)
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