Y penser quand arrive la rentrée : Les Brigades d'Intervention Poétiques - en milieu scolaire - en Lorraine ( Florange) DOSSIER : Principe + qq réflexions sur la mise en pratique.
- 51 Avenue de Lorraine, 57190 Florange, France03 82 59 44 90
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- MERCI à Georges GUILLAIN
- Ce qui suit est copié/collé trouvé sur le site :
***Le texte de JP SIMEON :" Les BIP ou Brigades d’Intervention Poétiques ont été inventées en 1998 dans le cadre des Langagières, « quinzaine autour de la langue et de son usage » organisée par la Comédie de Reims, Centre Dramatique National dirigé par Christian Schiaretti. Leurs principes, en cohérence avec la politique menée par Schiaretti qui entend remettre la langue et particulièrement la poésie au coeur du théâtre, consiste à offrir aux élèves de tout âge le poème vif et nu, hors de tout commentaire.
La formule est à la fois simple et exigeante : deux comédiens interviennent chaque jour à la même heure dans une classe pendant deux semaines, selon un rituel précis qui ménage la surprise, le mystère et privilégie l’écoute libre des enfants.
Un poème, et un seul, est lu à chaque intervention sans que soit même mentionné le nom de l’auteur, ce qui serait déjà comme une mise en garde et une mise à distance (le texte et ses références sont cependant laissés dans la classe à la fin de la lecture).
Les comédiens veillent à éviter la théâtralisation autant que l’interprétation « poétisante ».
Cette stratégie rigoureuse vise à dépouiller le poème des méta-discours explicites ou implicites dans lesquels l’école l’a malheureusement trop souvent enfermé.
Il s’agit donc de faire confiance à l’enfant et au poème, de rechercher simplicité et proximité, d’instaurer un rapport vivant et sans préjugé avec la langue toujours déconcertante du poème, ici considéré comme l’objet non d’un savoir mais d’une expérience.
Il va de soi qu’on sollicite ici le répertoire le plus large, dans la diversité des registres et des
esthétiques, issu des domaines français et étrangers, et presque toujours contemporain.
Les comédiens font leur choix eux-mêmes à la faveur d’un exploration assidue du corpus poétique, fondant ce choix d’abord sur leur propre désir, leur curiosité, leur découverte.
On y trouve, sans autre souci que celui de varier les tons et les formes,
des textes par exemple de Gertrud Stein, Guillevic, Ezra Pound, Jean-Marie Barnaud, Ghérasim Luca, Paul Celan, Claudel ou Jean Pascal Dubost…
Le succès auprès des élèves est considérable et on n’a pu observer ici ou là d’inquiétudes ou de réticences, rares néanmoins, que chez…les enseignants.
Il est certain que trois années après leur création, les BIP ont contribué à modifier les représentations des milliers d’élèves concernés et à susciter chez eux une demande de poésie qui témoigne certes de leur plaisir mais aussi de leur capacité à recevoir et à apprécier les formes littéraires les plus exigentes." Jean Pierre Siméon, Poète associé au CDN de Reims
suivi de Dans la pratique de la réalisation par
Georges Guillain
Comme on peut le penser il n’est pas si facile de pouvoir faire intervenir dans l’ensemble d’un établissement un groupe de comédiens faisant intrusion régulièrement dans les cours pendant deux semaines consécutives.
L’expérience aussi nous a montré que certains comédiens avaient tendance à mettre surtout en valeur leur technique au détriment du texte et qu’ils n’étaient pas toujours les meilleurs intermédiaires entre la poésie dans ce qu’elle a de plus riche et de plus vivant et les élèves.
Sans compter que le budget nécessaire est assez conséquent : autour de 2500 euros.
Il nous a semblé plus pertinent de faire appel aux poètes eux-mêmes en privilégiant des auteurs ayant un peu l’expérience de ce type d’intervention qui réclame quand même une certaine réactivité et pas mal d’engagement. On a aussi cherché à rassembler outre des poètes vivant dans la Région, des poètes venant d’ailleurs en s’arrangeant surtout pour varier les personnalités tout en pariant sur une certaine complicité.Les poètes n’interviennent que sur une durée de 3 fois une heure au cours de laquelle ils visitent en général par couple, trois classes (ce qui fait au total une petite dizaine de classes par poète) accompagnés par un petit commando d’élèves qui les guide et les présente. Qui parfois aussi les enregistre, les filme et les prend en photo. Il arrive que ces élèves s’associent à leur lecture. Ils auront alors préparé ces lectures en classe avec le professeur responsable de l’opération. Au cours de ces interventions les poètes lisent certains de leurs textes mais pas exclusivement. Certains préfèrent parfois dire certains textes qui leur paraissent se prêter davantage à l’occasion. Certains des poètes sont particulièrement habiles pour rebondir poétiquement sur le sujet qui faisait l’objet avant leur arrivée de la leçon. La mise en place du dispositif à l’intérieur de tout un établissement est certainement un peu lourde pour le professeur organisateur qui doit bien entendu s’assurer du bon accueil qui sera fait aux brigades et préciser quelles sont les salles dans lesquelles elles ne doivent pas se rendre (élèves en devoir, professeur ayant manifesté son refus de participer à l’opération).
En règle générale il faut avertir l’ensemble des collègues en demandant à ceux (très rares) qui seraient défavorables à l’opération de se faire connaître. Il faut veiller ensuite à varier les équipes, leur prévoir un point de ralliement à la fin de chaque heure, pour faire un point des passages, des classes touchées, se reposer un peu. Ces moments sont souvent très riches pour les élèves accompagnateurs qui ont ainsi l’occasion d’échanger librement et de façon décontractée avec les poètes dont ils ont préparé en classe la venue avec leur professeur. Je me souviens en particulier d’une élève incapable de retenir et de dire un texte à qui j’ai proposé de lui apprendre sans problème un poème entier d’Apollinaire ce qu’elle ne croyait pas possible jusqu’à ce que je lui fasse découvrir Chantre dont on sait qu’il n’est composé que d’un seul vers !Elle en était ensuite très fière. Bien entendu aussi les objectifs visés par ces brigades de poètes ne peuvent être les mêmes que ceux fixés par JP Siméon à Reims. Il ne s’agit plus de jouer sur l’attente puisque à part la classe qui a la charge de préparer l’opération personne n’est vraiment au courant. Du moins presque personne. L’essentiel est ici dans ce contact vivant, physique avec de vrais poètes qui apportent avec eux par le caractère intempestif de leur intervention un peu de cette liberté de ton, de pensée, de parole dont le jeune lycéen est particulièrement friand et dont la manifestation est de nature à susciter même momentanément une envie nouvelle de découverte. Bien entendu encore, il est important que l’établissement se soit procuré certains des ouvrages des poètes intervenants. Que les élèves puissent ensuite s’y reporter. Qu’on mette à leur disposition quelques photocopies. Signalons enfin que les brigades sont très souvent suivies d’une lecture offerte aux élèves volontaires par l’ensemble des poètes réunis dans la salle polyvalente de l’établissement. Le contact peut ensuite être maintenu avec eux grâce au courrier électronique.
Georges Guillain