Moselle plurielle d'Albert WEYLAND (préparation du Café littéraire APAC du 9 juin 2012 )
MERCI à Celles et Ceux qui se sont déplacés
à la Brasserie du Grand Comptoir dans la gare de Metz
à l'initiative de l'Association Plumes à Connaître ( APAC)
pour rencontrer
M. Albert WEYLAND
Cliché Bernard Appel
sur la photo de gauche à droite Claire antoine; Jean Havel et Albert Weyland
Travail préparatoire à l'animation de la rencontre
pour
Moselle plurielle
Identité complexe et complexes identitaires
Trame plus ou moins développée
[Principe : l'auteur et le public interviennent quand ils le souhaitent]
En guise d'intro une série de petites phrases... à interpréter comme des questions ...avant de parler de l'auteur lui-même de la langue et de bien d'autres sujets encore...
-Un ouvrage qui n'est pas une oeuvre de fiction, édité en 2010 aux Éditions serpenoise et couronné par le Prix du livre d'histoire de la ville de Woippy
- ...qui ne peut que nous interpeller ici, aujourd'hui, en Moselle
-...qui n'est pas un brûlot, ne fait pas de prosélytisme, ne cherche pas à susciter la polémique
écrit sur un ton plein d'allant, agréable, fluide et politiquement dépassionné
- Ce n'est pas non plus un livre d'histoire aride. Les faits historiques, géographiques, les anecdotes, les curiosités amusantes souvent, sont enchaînés d'une façon très naturelle avec respect et bienveillance.
- On apprend beaucoup de choses qu'on a envie de partager :
Tu savais ça, toi, sur la pierre de Jaumont, les quetsches " ces belles inconnues", les mirabelles " modestes et indépendantes" ...comme les Mosellans...?
De plus, sans relâche poursuite de l'exploration de l'aspect linguistique de la Moselle, aspect sur lequel il faudra bien s'attarder. et qui conduit à un autre fil conducteur contenu dans le sous titre " Identité complexe et complexes identitaires ". Jeu de mots en chiasme qui renvoie à la psychologie et de manière plus vaste à l'anthropologie.
En effet l'auteur est au plus près - et c'est également un des charmes du livre- de la description de l'homme dans son appartenance à des groupes culturels.
A un moment, page 110 il est écrit : " Le sujet de ce livre n'est pas de décrire le déroulement historique d'une période, mais d'en mesurer les effets sur l'identité". Il y a intention...
Les lecteurs le suivent dans son parcours d'appropriation d'un passé pour comprendre peut-être certains blocages du présent.
Mais ce livre est aussi un aveu clair, un engagement sans détours formulé d'entrée de jeu, dès les premières lignes de l'intro, sous le signe de l'audace :
" J'ose le dire.
J'aime la Moselle, sa géographie, son histoire, ses habitants avec passion".
-> Une histoire d'amour, contrariée...?
Comme c'est un livre situé, à tous les niveaux, parler de l'auteur lui-même s'impose : conditions d'écriture. Pourquoi ce livre ?
-> né en Sarre et français
-> historien géographe de formation. études à Metz, au Saulcy, au tout début de l'Université de Metz, après "Navereau"
-> Proviseur- adjoint d'un lycée messin, celui qui porte le très beau nom de "Communication". Auparavant Saint Avold.
Est-ce qu'il existe à Metz, dans le quotidien des traces des problèmes évoqués dans le livre ? Les Messins - très urbains - sont-ils différents ?
Elèves, collègues, parlent-ils de ce livre ? Discussions houleuses ou nostalgiques ? Se sentent-ils concernés? Ont-ils aujourd'hui conscience des problèmes évoqués ?
-> Le fait d'être "un sang mêlé" fait-il de l'auteur un "éducateur" un peu différent dans son approche de la réalité des problèmes des élèves d'aujourd'hui ?
Détour par la bibliographie, qui multiplie les possibilités de poser les problèmes d'appartenance.
Livres de fiction des grands auteurs lorrains comme le passionnant Jacques Gandebeuf, la romancière Elise Fischer, le livre de notre actuelle ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, des historiens comme Raymond Poitevin, François Roth, des dictionnaires etc.
De l'auteur au livre
Cette identité qui pose question, c'est par la médiation de la langue qu'elle sera abordée.
page 148 l'auteur écrit : " Pour présenter les mots, les expressions propres à la Moselle, je vous propose d'emboîter le pas à un homme jeune, de 30 ans qui vient rendre visite à sa grand-mère...
C'est Monsieur Jean Havel qui a accepté de lire les pages où sont disséminés des mots et des expressions en platt.
En conclusion " [son petit-fils] sait qu'elle est la survivante d'une histoire linguistique complexe. Ses parents ignoraient tout de la langue française et s'étaient vus imposer le hoch deutsch sous l'annexion. Ils s'étaient réfugiés dans le Platt ( le patois )." ( Il existe d'ailleurs des platts )
Le problème linguistique et ses enjeux peut être posé grâce à un cas particulier et circonscrit. Celui des gens du bassin de Forbach qui travaillaient dans des usines allemandes et qui ne trouvent plus d'emploi ni en France, ni en Allemagne...ils ne parlent ni l'allemand, ni le français. Soumis qu'ils sont à une double peine linguistique identitaire. Broyés entre deux langues.
Or quoi de plus important ? Parler la même langue, c'est adhérer au même projet. Ces femmes et hommes - complètement lorrains, sont en voie de disparition. C'est unique aux situations frontalières et donne le même résultat que les migrations.
Ce sont nos compatriotes ( gens de la même patrie : Heimat; lieu de naissance ) Déchirement ! Pose le problème de la fidélité...
Bien sûr seul un très petit nombre est concerné, mais la question des langues régionales est ainsi posée.
Est-ce " normal" qu'il n'y ait petit à petit plus qu'une langue ( celle de Paris ) de refuser la diglossie ?
(Ici on peut penser à la formule que rappelle François Roth :
" pour résister à la germanisation, les Mosellans ont développé leur propre identité, comme le souligne cette formule de l'époque : " Français ne peux, Allemand ne veux, Lorrain, je suis."
C'était pour eux le moyen de se distinguer des Allemands immigrés qui s'étaient installés dans le pays conquis, principalement à Metz.
Ne pourrait-on pas dire en pastichant la formule : Lorrain ne peux, Français ne suis,
Allemand ne suis pas non plus et surtout... ne peux. Étant tout proche de l'Allemagne et pourtant en France. )
Il faut aussi évoquer l'accent ...snobisme urbain par rapport aux gens qui vivent dans les bassins industriels.
En faire une force
articuler les deux
Lorrain ET Français
Contribuer au national, au pays,
-sans se camoufler sous une forme d'hypercorrection langagière par exemple, entre autres -
en ayant une connaissance intime du local.
-> Le Centre Pompidou et le TGV peuvent-ils nous aider à cela ?
Albert Weyland parle ici d'une plus grande séduction de la région.
J'ai conscience que tous les aspects du livre n'ont pas été abordés...Alors LISEZ-LE !
LA FIN
Page 157 il est écrit :
" Les Mosellans aiment chanter l'amitié, l'amour, la joie et surtout l'espérance. "
Une chanson d'ici - folklorique - "En passant par la Lorraine" accompagnée à l'harmonica par Albert WEYLAND et à la guitare par Sébastien WEYLAND.
et lecture d'un très court passage ( sans accompagnement musical ) - juste ce qu'il faut pour ne pas être obligée de faire une déclaration à la Sacd/Sacem - d'une chanson de Patricia KAAS, native de Stiring Wendel, sur des paroles de Jean-Jacques Goldmann.
"Dans la réalité des choses"... tout n'a pas pu être dit...tout ne s'est pas déroulé exactement comme je l'avais prévu, d'où l'utilité je crois de cette page.