Réflexion (superficielle) sur un aspect de la finalité de ce qui est appelé "le théâtre de la catastrophe" : interrogation (un peu désabusée) en creux sur le rôle des pratiques artistiques un peu trop "reconnues"
"Catastrophe !" (καταστροφή, bouleversement et dénouement, de στροφή strophê, "tournant" ou "retournement" et de κατά, katá, "vers le bas" déchéance, ou résorption.) Donc, fracture, cassure, brisure de quelque chose d'organisé, approuvé, ressenti comme normal, juste, à faire et à penser
L'oeuvre d'Howard Barker, est riche et percutante. En gros j'adore, mais finalement je me demande... Partisan d'un théâtre exigeant, il traite le spectateur en adulte, ce qui signifie qu'il ne l'abreuve pas de recettes.
( Le problème, pour moi, c'est que tout le monde dit la même chose, que ces mots sont banalisés et intransitifs - ils font juste plaisir à lire et à redire, c'est peut-être déjà ça...rêverie...)
Alors que ces textes, ceux que l'on peut lire de lui, l'auteur, si on s'intéresse un peu au théâtre, relèvent de la tragédie, une tragédie qui dessine un espace théâtral tout entier livré au rythme de la beauté, de la terreur, du sacrifice, de l'excès et de l'imagination. Pour que puisse éclore un théâtre viscéral et vital, travaillé par le secret et la liberté, celui où se grave une parole révulsée et désirante.
Pour le spectateur "catastrophique", il va s'agir de désapprendre ce qui lui a été inculqué, de renoncer à la morale toute faite pour être enfin en mesure de vivre "l'expérience de l'art", une expérience sans retour, traumatique dont on ne ressort pas indemne.
"C'est le travail de l'artiste d'être brutal. Préserver la brutalité, voilà ce qui est difficile".
Et donc capable de retournement,
cf Révolution permanente, ce que de par mon éducation ( l'avant, le paradis vert perdu et enfantin) de fille de profs (langues/sciences humaines) adoubés par l'enseignement public et laïc et obligatoire, on m'avait appris à appeler trahison, hypocrisie, mensonge, bétise, voire c...rie etc.
Depuis,
grâce à un puissant lavage, prélavage et finition à l'eau déminéralisée, de cerveau, complet, haute pression, à rouleaux, avec eau chaude savonneuse et mousse active,
j'ai appris à considérer cette "volution"comme un paradigme... le retournement, sans craindre une quelconque "statufication salinifère",
car quand l' "avant-garde",
croûle sous les subventions et qu'elle est présentée comme l'horizon à atteindre pour tous...il faut s'inquiéter, pour le secret, pour la liberté et pour la brutalité de l'artiste intransigeant.