Individu/société : pacification des moeurs ? ''Processus de civilisation'', notes sur quelques idées de Norbert Elias prises à partir de Wikipedia. 3 liens : 1) couverture du livre ''Les mécanismes de la violence'' de Régis Meyran; 2) podcast France Culture ''Emeutes, violence, révolte ? '' ; 3) books.openedition.org ''Norbert Elias et l'anthropologie''

Publié le par Claire

Microcosme / macrocosme

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Derniers soubresauts (ici :  mouvements brusques, convulsifs quasi involontaires, d'une partie du corps social)  d'une société en voie ''d'apaisement'' (ici : bien canalisée par des dispositifs normatifs, sous les regards ''internationaux''), retour du refoulé ? 

                                                   Mais nous sommes prévenus...

Attention ! ces soubresauts, émeutes, révoltes, violences ou autres ... vont mettre à mal "nos libertés" !!!!                                                         

Je retrouve ce matin le nom de Norbert Elias auquel je m'étais un tout petit peu intéressée en avril 2009. L'idée de processus de civilisation et de pacification des moeurs qu'il met en avant est intéressante à examiner suite aux événements de ces derniers jours ( lien 1) et aussi à la manière dont certains politiques traitent le seul leader politique de gauche en insistant ( photos généralement grimaçantes à l'appui) sur son côté "colérique jamais content", loin de "la médiation des pulsions" nécessaires, apparemment, à "la vie de cour/politique", dont feraient preuve tous les autres. 

                                                         (Notes)  Préalable

Connu en France pour ses travaux sur le « processus de civilisation » en Occident, ce sociologue pionnier de la vision constructiviste a cherché dans ses travaux à dépasser la traditionnelle opposition entre individu et société.

Les individus interdépendants forment la société qui n'est donc pas extérieure à eux :

- la société n'est pas le simple agrégat des unités individuelles  

- et pas non plus un ensemble indépendant des actions individuelles.

"Comme au jeu d'échecs, toute action accomplie dans une relative indépendance représente un coup sur l'échiquier social, qui déclenche infailliblement un contre-coup d'un autre individu"

Sur l'échiquier social, il y a à prendre en compte les innombrables contrecoups exécutés par chaque individu..., ce qui limite ou même contrecarre "la liberté d'action du premier joueur".  

Norbert Elias nomme les formes spécifiques d'interdépendance entre individus «configuration » ; celles-ci peuvent être de taille variable de la plus petite forme de relation à celle de la taille des relations internationales. La complexité et la longueur des chaînes de relations permettent de différencier ces interdépendances.

La notion d'interdépendance est par ailleurs reliée à celle de pouvoir, qui serait à voir comme un déséquilibre dans les interdépendances : plus ou moins dépendant de l'autre, il a plus ou moins de pouvoir sur moi. 

Tous les réseaux auxquels l'individu appartient et qui lui préexistent influencent son habitus

Les notions de "micro" et "macro-social" sont pour lui, relatives, puisqu'une relation nationale sera micro par rapport à une relation internationale mais macro par rapport à une relation de couple. 

Il rejette par ailleurs la vision des évolutionnistes qui voient l'Histoire comme unidirectionnelle et unidimensionnelle; pour lui l'Histoire est la somme des projets sans projet et des finalités sans finalité que les individus ont apporté au fil du temps.

                                     Extension des pratiques de la cour de Louis XIV ...                                                                     

Enfin, le processus (ou procès) de civilisation consiste en une médiation des pulsions, en leur canalisation par des dispositifs normatifs qui interdisent l'expression des émotions notamment violentes. Cf Freud Malaise dans la civilisation.

Ce processus est compris par Norbert Elias comme un effet de la "curialisation", c'est-à-dire de l'extension des pratiques de la cour à l'ensemble de la société : la cour, en particulier le Versailles de Louis XIV qui était le modèle des cours européennes  à l'époque classique, imposait en effet à ses membres une pacification des mœurs (dont l'interdiction du duel est le symbole),

un contrôle de soi extrême, en particulier sur les pulsions agressives,

ce contrôle de soi débouchant sur une distanciation intellectuelle par rapport aux conduites (ne rien laisser paraître, affecter l'indifférence)

et sur l'importance nouvelle donnée à la parole et à un langage "noble", "raffiné", "distingué" (dont la préciosité est une forme caricaturale).

La "société de cour" a ainsi favorisé lla réflexion sur soi, en particulier sur les pulsions et les émotions contraintes et refoulées, réflexion d'analyse psychologique dont des écrivains comme La Rochefoucault ou Saint-Simon sont des représentants exemplaires.

Au xixe siècle, le processus de civilisation s'étendra à la bourgeoisie puis aux classes populaires.

Meyran, Régis. Les mécanismes de la Violence. États - Institutions - Individu. Éditions Sciences Humaines, 2006

Meyran, Régis. Les mécanismes de la Violence. États - Institutions - Individu. Éditions Sciences Humaines, 2006

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