Vous avez dit ''Sanctuariser''...
"Sanctuariser" à tout va : la valeur du point de retraite, le budget de l'enseignement supérieur etc.
Le terme, dans la bouche des politiques, me hérisse
Tout d'abord parce qu'il fait partie
Du champ lexical de la religion, de la croyance
Du transcendant, celui qui te fait passer tout transi de la terre au ciel. Il vient du latin. Il veut dire "sacré", absolu de haute valeur, inviolable, séparé,
Du « Touche pas ! à moins que tu ne sois une vestale... ». La croyance c’est intangible.
Je ne comprends pas,
-Bon ! à ton âge, en même temps mamie c’est le contraire qui serait étonnant, genre j'en serais frappé du tonnerre...
je ne comprends pas,
en France, ça devrait être assez mal vu,
depuis qu’on a eu des Lumières à tous les étages
"-Je crois et puis c’est tout
-Et en plus tu t’inclines ?…"
Ah ! ça non ! Pas de ça chez nous. Au pays de la révolution permanente…
Enfin, je croyais, c’était ça ma came
Ça. La révolution et tout, les crises,
Le doute, qui fait que tu crois que tu ne crois plus en rien
Et l’esprit critique systématique
Le recul philosophique sereinement tiré par les cheveux…
Et voilà qu’on nous parle de « sanctuariser » ce qui a trait à l’argent !
Au pognon !
Alors oui ! ça ça me hérisse
Les gardiens du sanctuaire ce seraient les banquiers, les financiers, les commissions paritaires
Le budget serait devenu un lieu, un lieu-dit de dévotion, un territoire dont les profanes que nous sommes n’auraient pas le droit de s’approcher sans respectueuse crainte.
J’ai lu aussi quelque part que le mot « sanctuaire » s’utilisait pour désigner un territoire "intimidant" "bénéficiant" de la "dissuasion" nucléaire, autrement dit un pouvoir qui avait pu se payer la bombe …La bambe…la pampe…
La pompe ! Tiens, ça me fait penser à la pompe à phynances de l’« hénaurme » Ubu, roi consacré du territoire du fric frac et du cric de la machine à décerveler :
« Dans la trappe ! Qu'as-tu à pigner, Mère Ubu »
Pour en revenir à mes moutons, après avoir sauté du coq à l’âne et pour finir,
Je dirais que si l’emploi de ce mot me fait bondir et rugir
c’est parce que certes, l’employer pour désigner ces affaires si concrètes si terrestres, qu’on appelle parfois, c’est intéressant aussi « le nerf de la guerre »
permet de le nettoyer,
de le faire descendre de son piédestal,
de le débarrasser de sa teinture culturelle à la sauce langue morte
de le laïciser, de le désacraliser
Mais surtout c’est parce que dans un même mouvement, - en même temps - en deux temps trois mouvements,
il apporte une touche quasi divine Abracadabra ! au budget, et avec lui à tous ceux qui tiennent les cordons des bourses.
Eh ! pas touche sinon je te balance !!!!
D'ailleurs tu n'y connais rien
D'ailleurs, si ça se trouve tu ne sais même pas tes tables de multiplication…
Alors heu…Boîte à camembert, bonnet d’âne et au piquet !
A la trappe !
Merdre ! Qu'as-tu à pigner, Mère Ubu ? »