Poésie contemporaine - Petite prise de notes - Lien maupoix.net ''Jean-Michel Maulpoix sur la poésie d'Yves Bonnefoy''

Publié le par Claire Antoine

                                                       Prise de notes    
           "entre une sorte de matérialisme inné" et "un souci inné de la transcendance"
                                                assumer "la fatalité du réel"
Entre poésie et réflexion.
Matériaux : Expérience, écriture poétique, lecture critique, traduction, et l'étude des oeuvres des autres arts. 
Une expérience dialectique de la poésie: dépassement critique de l'opposition réel/rêve
"compassion" et amour, l' « amour réalisé du désir demeuré désir » de René Char.
 de René Char). 
Un exercice spirituel,  initiation à la réalité même.
Espoir. à réinventer, "intention de salut" dans "l'acte pur de la poésie" 
 
Le surréalisme luttait  contre l'apparence pour se défaire du monde par un soulèvement vertigineux  de la parole intensifiée. 
Excès des mots sur le sens
appel d'un ciel inconnu
énergie des bouillonnements imprévus de la profondeur du langage!
 
évidence
de l'eau qui coule, du feu qui brûle sans hâte,
de l'exister quotidien, du temps et du hasard
pour y poser la question du moi,  de la vie
comme on l'assume jour après jour,
sans chimère,
parmi les choses du simple.
 
contre l'autre évidence
Excès des mots sur le sens
appel d'un ciel inconnu
énergie des bouillonnements imprévus de la profondeur du langage! 
 
=> 
contre la langue bouleversée de mille façons
"la perception directe mystérieuse, du remuement du feuillage sur le ciel ou du bruit du fruit qui tombe dans l'herbe "  
 
L'attention à la réalité démythifiée
Trouvaille et coïncidence : le goût et idéalisation des objets de rencontre, des chemins traversiers  trajectoires extra-ordinaires. 
 
mais recentrement : 
Éloignement de la la chimère poétique, refus de l'exaltation du moi, du vertige, de la dépossession, du dérèglement, de la croyance en des puissances cachées 
Pour un retour à la réalité rugueuse
une révélation des richesses du monde qui tombent sous les sens
 
Rejet de "la mauvaise présence" qui survalorise "une image qu'on tient pour le seul réel" .
Il y a risque de gnose dès qu'il y a écriture
 
 Yves Bonnefoy , les textes ne sont pas clos sur eux-mêmes mais étapes d'un cheminement
"J'écris les ensembles dont chacun des textes n'est qu'un fragment"
L'expérience du poétique, dans sa relation avec la maturation de la pensée du sujet lui-même.  
En quête de la présence : un sens qui se reforme dans les choses simples. "l'acte et le lieu de la poésie"  "vrai lieu" et "vérité de parole"
 
Critique du concept pur, abstraction in-sensible, in-humaine,  intelligibilité séparée coupée de la réalité qui porte le langage au comble de son pouvoir d'abstraction. 
"il y a un mensonge du concept en général , qui donne à la pensée pour quitter la maison des choses le vaste pouvoir des mots"
« Anti-platonisme » : l'être n'est pas  au-delà du sensible mais dans son apparence même. "il s'agit bien de cet objet",
les "choses d'ici" pèsent "plus lourd dans la tête de l'homme que les parfaites Idées"
 
Renversement
C'est l'idée, le concept qui nous empêche d'appréhender l'être et non pas l'apparence 
Au langage figé du concept qui "persuade" 
il oppose  un flottement de la parole poétique : "il suffira que les mots refusent (...) de servir, qu'ils déçoivent (...) pour rester autant que possible dans la lumière de l'innommé"
 
=> le poème brouille ses propres contours ; parole ambiguë, qui efface la limite,
qui refuse de trop cerner l'objet 
qui déjoue la séparation entre les choses au profit du rétablissement d'un ensemble de correspondances.
 
Dans Les tombeaux de Ravenne, le feuillage empêche les tombes de révéler brutalement le néant, mais les anime "d'une vie subtile qui se fait dans le marbre par frémissement".
On aboutit ainsi à cette union modèle à l'écriture poétique : "conjonction de la pureté d'une eau et de la fluidité d'une parure, d'une immobilité solennelle et de secrets mouvements, inexplicablement la pire angoisse s'y calme."
 
Présence : posture existentielle.
Ce mot se présente comme une possibilité de synthèse entre réel et surréel. La présence, en effet, n’est autre que de l'immortalité sentie au coeur même de la finitude : elle est à la fois mouvement et immobilité, ce qui transit le sujet et ce qui met en valeur sa transitivité
Écrire de la poésie pour "rendre le monde au visage de sa présence"
"Voici le monde sensible. (...) la parole, ce sixième ... sens, se porte à sa rencontre et en déchiffre les signes." "La vraie poésie, celle qui est recommencement, celle qui ranime, naît au plus près de la mort."
"Il te faudra franchir la mort pour que tu vives / La plus pure présence est un sang répandu."
 
La mort reconnue, acceptée pour la possibilité de la présence
Empêcher "l'achèvement d'une digue contre la mort".
Par l'expérience de la poésie elle s'effondre, et la mort est rencontrée, visitée (Orphée, Blanchot), traversée et à sa place s'ouvre un fossé (...) clair-obscur d'une condition…
 
Notre réalité d'être humain au prix de l'acceptation de notre finitude.
Penser à l'intérieur de la mort, de la perte, se penser dans la plénitude de l'instant. Présence aux choses dans l'acceptation de la perte.
 
Absence de nostalgie pas de topos élégiaque du "ubi sunt".
Il ne s'interroge pas sur le passé
La prise de conscience apaise "les feux du monde enfantin".
Il résiste à la nostalgie de la magie du verbe.
Refus de l'utilisation du concept qui s'éloigne de l'image, du double abri de la permanence idéale et du merveilleux utopique.
 
Le vrai lieu "géographique". Pays versus concept.
 
 le vrai lieu à l’improbable intersection du réel et de l'irréel,
de l'ici et de l'ailleurs,
du relatif et de l'absolu :
il constitue une expérience du sens au sein même de la contingence, un point de contact entre le concept et le réel, un seuil, une expérience de l'entrouverture, un espace et un instant qui font seuil…
 
Saisie de la présence,  entre"un site localisé et un absolu"  "L'universel est en chaque lieu dans le regard qu'on en prend, l'usage qu'on en peut faire"
"vivre dans l'intensité d'un lieu particulier, d'un moment précis" en lieu et place de l'ailleurs 
 
Le poète se doit d’accepter les paradoxes de la parole :
"parlant, on perd l'unité qui est le seul lieu où vivre", et "dessinant, peignant, écrivant, on contraint l'être, puissance désormais incomprise, à claudiquer de plus belle sur les béquilles du signe"
 
                                 L'écriture nous retire du/le monde,
 
"l'écriture pourra se révéler le creuset où,
par une dialectique de (...) -l'action et du rêve réconciliés! -
la présence va, non seulement advenir, mais approfondir son rapport à soi."
 
Le langage interprète le monde et ses éléments (...) aveugle aux échanges sensibles avec lui
Le mot "arbre" sépare, l'arbre réel est pris dans un "donné d'ensemble" qui est le paysage…
 
La parole poétique, mémoire du paysage, sauvegarde cette entrappartenance, ressaisit cette configuration vivante,
                                           Vérité de parole contre parole de vérité 
                 L'être de la parole "sauvegarde(-t-elle) quelque chose du mode d'être de l'origine" ?
 
                          "De tout dieu qui vient rassembler, on peut dire qu'il est la Parole".
                                                "La vérité de parole est une proximité.
Quand les réalités essentielles sont transparentes d'être si clairement le seuil du vrai lieu, et d'autant plus opaques pourtant, d'autant plus étranges qu'elles en dérobent toujours, par le hasard de leur dispersion, le pas prochain mais secret." 
 
(à suivre)
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article