Quelques notes prises dans "Le sacrifice interdit" de Marie Balmary

Publié le par Claire Antoine

"D'abord, derrière les roses, il n'y a pas..." (G. Schéhadé)

"D'abord, derrière les roses, il n'y a pas..." (G. Schéhadé)

       Marie Balmary  propose de nouvelles traductions qui éclairent d'une autre lumière les passages de la Bible devenus des maximes psychologiques destinées généralement à  pointer des imperfections "insurmontables"     

             "Si quelqu'un te frappe sur une joue, présente-lui aussi l'autre", Luc 6, 29      

                            Quel sens donner au pronom indéfini " l'autre" ? 

                Une joue/l'autre joue - gauche/droite- avers/revers/- pile/face

          ou bien, comme le propose MB :  "le tout autre", "autre chose", "le différent" ?

« tends-lui aussi l’autre », « tourne-lui l'autre aussi » devient, traduit par Marie Balmary  : "tourne à lui l'autre aussi" 

Non pas "autre" (ἕτερος), hétéros, qui indique une dualité, un contraire, un opposé, à  (ὁμός), homos, semblable, pareil;   mais  (ἄλλος), allos, autre, différent. Ce qui signifierait, non pas la seconde joue, mais plutôt "autre chose", pour sortir du duel symétrique. Pour tendre vers un éveil, une nouvelle naissance, une réalité différente qui dépasse l'un  et permet à "(l'autre) aussi" de sortir de son enfermement.

       Et celle-ci : « Soyez parfaits comme votre Père des ciels est parfait » (5-48).     Être parfait, ce n'est  ni être enfin !!! ...capable de « faire tout parfaitement », ni,  plus impossible à atteindre, plus angoissant encore ...cet état qui consisterait à « être parfaitement bien dans sa peau », en conformité avec des modèles moralisant, religieux ou psychologique, mais être parfaitement autre, soi, uniquement ça, soi.
 Ce qui conduit à "Aimer son prochain ...comme soi-même", c'est-à-dire comme un autre "je". La lame du couteau d'Abraham doit pouvoir passer  entre soi et soi,  comme entre lui et Isaac, son fils, entre le prochain-autre  et soi. 

D'autres pistes ...  Pour rester soi, parfaitement autre, pour ne pas être chassé de sa place de sujet, il faut dire l'offense. La parole de reproche doit être reconnue, honorée, sans rejet, sans regret; ἀλήθεια, (ἀ-λήθ non-oubli) ,  vérité dévoilement contre doxa, opinion et aussi "réalité" contre " apparence".

- Se sentir mal/honteux par rapport à un souvenir, c'est dire que ce qui a été vécu
 l'a été sans l'avoir ressenti,
sans l'avoir compris.
C'est quand alors, on est face aux forces obscures d'un corps de paroles sans mémoire,
sans profondeur.
 Les événements passent comme un film sans images ni sons.
Qu'il n'y a donc pas de film.
Chassé, exilé, repoussé de sa position de sujet, avec seulement une illusion de présence
 
 

Publié dans Notes de lecture

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