(1er jet) Adaptation d'une clé "girardienne " : Tout désir d'un objet est imitation du désir d'un autre pour ce même objet.
Je me reproche tout le temps - à chaque expérience ou plutôt avant chaque expérience qui a à voir avec l'incontournable phase "communication" de la dite expérience - la même chose....
Mais quelle est donc cette névrose qui habite ton coeur ?
et là, Haut les coeurs... j'ai peut-être trouvé un truc qui pourrait m'aider
"Tout désir d'un "objet" est l'imitation du désir d'un autre pour cet objet.
Entre moi qui désire par exemple en arriver à être capable d'accéder à une écriture poétique personnelle et cet "objet" de mes vœux, il y a quelques poètes dont c'est aussi le désir ou qui sont même considérés comme ayant atteint ce but..., X,Y,Z... et qui sont mes modèles
Le désir est suscité par le désir qu’un autre – le modèle – a pour un objet quelconque.
Ce modèle est crédité d'un prestige particulier. Il bénéficie de l'illusion qui consiste dans le fait que le modèle semble désirer "l'objet" dans l'absolu, sans motivations "personnelles".
Il donne à cet objet un statut de l'ordre du sublime, indicible, mystérieux, attirant...loin de ce qui fait le quotidien banal de chacun. Et aussi c'est pour cela qu'il est inaccessible
Le prestige du modèle vient de son "autonomie métaphysique".
Il est hors-humain, anhumain et "métaphysique" en ce sens que ce que le MOI recherche - en passant par l'objet "médiateur" qu'il croit désirer et qu'il essaye d'atteindre - c'est "l'être", la plénitude "ontologique" supposée du modèle XYZ
Le rapport n’est pas direct entre le sujet et l’objet : il y a toujours un triangle.
MOI------X,Y,Z (médiateurs)-------LA CREATION LITTERAIRE
Contrairement au besoin, le désir humain recèle un caractère infini, au sens où il ne peut jamais être véritablement satisfait.
La médiation est externe lorsque le médiateur du désir est socialement hors d’atteinte du sujet, voire hors du monde réel.
Le MOI, un peu fou, reste alors optimiste et son désir peut se renouveler sans cesse...
Jouer avec le feu
Les difficultés arrivent, les choses se corsent quand la médiation est interne, que le médiateur est "réel" atteignable et au même niveau que le sujet.
Pour moi, prenons comme médiateurs des x,y,z, plus "proches"
Ils deviennent alors mes rivaux, des obstacles pour l’appropriation de l’objet dont la valeur augmente à mesure que la rivalité croît. Chacun tient absolument à l’illusion de l’authenticité de ses désirs quitte à ruser - mensonges, dissimulations, manœuvres – comme le « snobisme » des héros proustiens –pour éviter de voir en face deux "passions" terribles que sont "l’envie et la jalousie".
"Le combat changea d'âme"
Ce qui fait que, parfois, fasciné par le médiateur, parant ce dernier de vertus surhumaines le MOI en arrive à se déprécier, devant l'obstacle, devenant esclave, de ce petit dieu qu'est devenu le médiateur, qui dès lors n'est plus le médiateur entre MOI et LA CREATION, mais médiateur entre mon moi positif et ouvert et l'autre blessé, négatif, agressif...
En fait la médiation a changé l'objet, qui est complètement perdu de vue
MOI--------médiateurs--------MOI
Il arrive même que poussant cette logique, des "moi", devenus alors "masochistes" poursuivent les échecs qui sont les signes les plus sûrs de la proximité de l’idéal auquel ils aspirent.
Je rate et en fait je fais tout pour ça pour continuer à désirer quelque chose, pour continuer à pouvoir m'illusionner sur le caractère enviable de l'objet "création"
Et c'est ce masochisme qui peut se révéler "sadisme".
Découvrir la réalité du désir, dévoiler le médiateur, c’est ce que réalisent les grands romanciers, c’est accéder à la vérité romanesque. Histoire du désir, comme ratage, manque, humiliation, diminution de l'être face à un médiateur qui l'incarne et en devient "tout puissant".
13 janvier 2015