Réflexion préliminaire sur le personnage principal et ''les voix off '' dans la pièce ''Amable Tastu, une femme libre (?)''
Retour d'Amable, proto-féministe, ''non sexy'', qui ne fait pas vraiment rêver, qui ne provoque pas de ''goods vibrations''.
La pièce interroge les différentes manifestations de ''la présence'' d'Amable dans le paysage culturel et social du XIXe siècle. Aujourd'hui elle est morte, mais tient ici son propre rôle, propulsée qu'elle est sur le devant de la scène pour entrer dans un débat déjà daté.Une confrontation en vrai pour une femme morte depuis longtemps, à tous les niveaux. Elle revient des abimes d'un XIXe souvent discrédité pour l'idée qu'on se fait des carcans moraux qu'il a imposé, venus de la religion catholique en particulier, afin de se justifier, (oui ! C'est une femme), devant les femmes et hommes du XXIe siècle.
Son absence appelle sa présence.
Qu'est-ce qui se cache dans les coulisses d'où montent des voix off ?
Ces nombreuses voix, détachées de toute possibilité d'identification par la vue, ouvrent à l’imagination des spectateurs un autre espace, illimité, s’immiscent entre Amable et le spectateur pour livrer des aspects qu'elle aurait pu passer sous silence.
Corps-vocaux, simulacres de présences, elles cachent leur corps pour mieux la faire entendre.
En contrepoint des propos tenus en scène, elles suggèrent un ailleurs et contribuent à répondre à la question du déficit de postérité d'Amable, confirmant la légitimité de sa présence '' tout en défense''.
Dans une totale interdépendance, elles accompagnent solidairement Amable retenue jusque-là, comme elles, dans les limbes, mais qui aura, seule, au cours des deux premiers mouvements, la possibilité d'apparaître aux yeux du public. Au cours du troisième mouvement, sa belle-mère, Elise Petitpain-Voïart, la rejoindra pour un temps.
Mais pourquoi autant de voix hors-scène ? Qui parlent et s'évanouissent ?
Confirmation ? Paraphrase ? Appel du passé ? pour un passé qui se dira sur la scène ?
Où sont ''les ombres myrteux'', qui, ni corps ni âme, enveloppent le corps, lors de ''la descente aux Enfers''? Dans les coulisses et sur la scène ?
Ce que l'on fait des femmes auteures ...
Auraient-elles eu besoin d'être tirées par des ficelles, depuis les coulisses, comme des marionnettes pour se tenir debout ?