02 ''Les parents ont toujours tort'' : Souvenir sans nostalgie
« Les parents ont toujours tort »
Je me demande la raison de ce recul, cette ironie.
Au téléphone ou face à face, toujours la même attitude.
Courroucé le sourcil froncé, sans possibilité jamais
De trouver grâce à ses yeux clairs.
Me reste seule la solution d’invoquer sans illusion
Une maxime désabusée que j’ai tant de fois refusée
Viscéralement rejetée, qui cataplasme tant de cœurs
Blinde colmate, assèche et troue, finalement, au même instant,
S'amusant de sentir l’anxieuse attente, ardente, ardente, coupante…
Ces mots qui disent posément l’inacceptable reddition
Et l’angoissante trahison que j’ai du mal à formuler,
Tant elle me brûle au plus intime de ma raison et de mes sens.
J’en ai tant décousu. Mère, c'était pour la vie entière...
Se retrouver sonnée, ainsi jetée, dans les cordes tendues .
Blessée, humiliée, malmenée.
J’avais choisi, je crois, d’être Pélican. Mais, sans son ultime
Accomplissement. Cette offrande du goitre, hideux, sur la grève,
Restait au rayon des symboles, de ce que l'on salue chez les autres,
Et qu’on admire et qu’on redoute.
Et c’est sans doute, vérité, qu’il me faut ce jour accepter.
Sans rien attendre d’aucune sorte, sans renier mes amours, mortes
Sans être Médée ni Cassandre. Retourner ces fatalités,
S’insurger contre les semblants. Et cependant admettre que
C'est, quand il est libre et qu'enfin , sa vie, entre ses mains, il tient,
Ne dépendant plus que de lui, moi, il ne me sourit plus.
D’autres horizons adoucissent son humeur et d’autres musiques
Allègent ses doutes et ses peurs. Sans que je me mette à hurler,
Ecartelée au sol glacé. Mon Dieu, je me rends. Sauve-moi.
14/01/2012