La question du ''Voir'' : Est-ce que " Je vois ce que je vois " ? avec Isabelle Davy, Jacques Felix Faure à propos de Georges Didi-Huberman qui parle ( extraits) du "Die'' de Tony Smith'' 2 liens 1) Revue dela.univ-paris8.fr pour Isabelle Davy; 2) tse1.mm.bing.net pour le cube ''Die'' de Tony Smith
u'est-ce que voir en art ? Comment penser le voir dans notre relation à une peinture ou à une installation lorsqu'on veut travailler dans une anthropologie de l'art, c'est-à-dire lorsqu'on regar...
Isabelle Davy « What you see is what you say »
Dans Ce que nous voyons, ce qui nous regarde, Georges Didi-Huberman commente, à un moment donné, le cube en acier de 1962, de Tony Smith, intitulé Die : lisse, à l'éclat neutre et à la forme parfaite.
Début de l'article d'Isabelle Davy, en lien
"(...) G.D.-H. pose la question du voir à propos des œuvres réalisées dans les années soixante par Donald Judd, Robert Morris ou Tony Smith, œuvres dites « minimalistes » en raison de leur simplicité apparente. L'historien fait du cube noir de Tony Smith, intitulé The Black Box (1961), l'emblème de la remise en cause de deux tendances interprétatives du voir en art (en fait, de « l'expérience visuelle » des œuvres), celle de la « vision tautologique » repérée dans le « What you see is what you see » de Frank Stella, et celle de la « vision croyante » selon laquelle il y a toujours à voir au-delà de ce qu'on voit. Pour Georges Didi-Huberman qui se donne l'enjeu d'« une anthropologie de la forme », il s'agit de « dépasser » ce « mauvais dilemme » du visible en pensant le « point d'inquiétude » du voir, le moment où travaille ce qui nous regarde, nous concerne, dans ce que nous voyons."
Extrait d'un texte de Jacques Felix Faure de 2002 que je ne peux pas mettre en lien parce que je ne le retrouve plus...
" Je vois ce que je vois " ?
" Die " Le cube de Tony Smith 1.83 x 1.83 x1.83 m, œuvre de 1962, peut introduire notre réflexion. Smith est né en 1912 la même année que Pollock et Rothko dans il fut l'un des plus proches amis. Une forme très simple, tellement simple qu'on l'oublie pour commencer à percevoir d'autre choses…
Ce cube n'est qu'un cube, une forme sans anecdote. Mais on a aussitôt envie d'ajouter : il est massif, il est en acier et il a la taille d'un homme. Puis si on précise notre regard, on voit que chaque face à sa particularité et que notre regard s'y arrête.
Déjà on voit que l'on ne peut le réduire à sa seule géométrie. Porte-t-il pour autant à la croyance ?
S'agit-il de voir dans le mystère de cet objet quelque chose de l'ordre du religieux ? Pourtant il est en acier, matériaux industriel, qui ne porte en lui rien de tel.
Sa taille n'est ni celle d'un monument, ni celle d'un objet. Il n'est ni archaïque, ni design. Il dépasse l'opposition entre le géométrique et l'humain.
Peut-être, pose-t-il de manière brutal le problème de la forme et de l'homme ? Comme si cette forme nous disait que l'homme n'est pas là, absent : DIE.
Ou peut-être nous évoque t-il la mort ?
On sent que l'on est loin du simple regard, tout notre être est concerné, ce qui est devant nous vient en nous et ce qui en nous passe dedans.
Je suis soudain tellement concerné par ce cube géométrique ! comme si c'était lui qui nous regardait, comme si je l'habitais et qu'il m'habitait…
A travers cet objet qui est là, se produit un travail intérieur et virtuel de la mémoire de tout ce qui n'est pas là.
Le visible et l'invisible… Les œuvres d'art nous permettraient-elles d'avoir accès à l'inévidence des choses non pas de façon théorique mais de manière sensuelle ?
Et pour finir des extraits de Ce que nous voyons, ce qui nous regarde de G.D.-H.
"Sentir l'aura d'une chose, c'est lui conférer le pouvoir de lever les yeux " C'est là une des sources même de la poésie. (Walter Benjamin )
"Non pas hallucination, mais regard oeuvré par le temps, qui laisserait à l'apparition le temps de se déployer comme pensée, au temps de redevenir du temps. " On entend par aura d'un objet offert à l'intuition, l'ensemble des images qui, surgies de la mémoire involontaire, tendent à se grouper autour de lui."
Auratique serait l'objet dont l'apparition déploie,
au-delà de sa propre visibilité,
"ses images" en constellations qui s'imposent à nous comme autant de figures associées.
C'est ainsi que s'entrelacent dans l'aura la toute puissance du regard et celle d'une mémoire qui se parcourt comme on se perd dans "une forêt de symboles"
C'est tout le trésor du symbolique- son arborescence structurale,
...Quand le travail du symbolique parvient à tisser cette trame tout-à-coup singulière, à partir d'un objet visible, il le fait littéralement apparaître comme un élément visuel unique et il le transforme...car il se rend capable d'appeler un lointain dans la forme proche.
Freud Lieu paradoxal de l'esthétique : lieu de "ce qui suscite l'angoisse en général".
Lieu où ce que nous voyions fait signe au-delà du principe de plaisir.
C'est le lieu où voir c'est perdre et où l'objet de la perte sans recours nous regarde.
L'objet est devant nous comme s'il ns surplombait et c'est pourquoi il nous tient en respect devant sa loi visuelle. Il nous tire vers l'obsession, présent, témoin et dominant tout à la fois. Il se donne à nous comme s'il devait fatalement survivre à notre regard et à nous-même. Nous voir mourir en quelque sorte.
Entre mémoire et propension du désir; la répétition > le revenant (hantise/retour inquiétant des images)
>double; l'objet inversé contre la disparition du moi, mais qui signifie cette disparition (mort) quand il nous apparaît et nous regarde.
Double = inhumanité d'1 forme autonome "vivante" de sa propre vie d'objet pur, efficace jusqu'au diabolique.
Visualité comme apparition étrange, unique de quelque chose" qui devait rester secret, dans l'ombre et qui en est sorti"
Menace de la perte, de l'absence. La désorientation se manifeste, quand naît une limite qui s'efface, qui vacille entre réalité matérielle et psychique.
Joyce : " fermer les yeux pour voir"
Le cube et la porte réunis
la porte ultime image dialectique pour clore-ou laisser ouverte- cette fable du regard.
Le cube de Tony Smith est à la fois obstacle et trouée visuelle ;
Porte devant nous pour que nous ne franchissions pas son seuil, pour que nous craignions de le franchir, que nous différions sans cesse la décision de faire le pas.
Là se suspend notre regard entre le désir de passer, de toucher au but et le deuil interminable de n'avoir jamais pu toucher au but.