Rencontre avec Annie MULLENBACH-NIGAY (extrait de Plumes au Vent (n°72), revue de l'Association Plumes à Connaître))
En décembre dernier, j'ai eu le plaisir de poser quelques questions à Annie Mullenbach-Nigay, adhérente à l'APAC depuis de nombreuses années. Son talent ne nous est pas inconnu. Nous avons déjà pu nous régaler de certains de ses textes parus dans différents numéros de Plumes au vent.
A. M.-N. publie beaucoup, en solo, à 2 ou à 3 mains : un recueil de nouvelles et de poèmes illustré d’œuvres d’Art textile de Francine Fortier : Des mots et des couleurs , "les Amis de Thalie". Un recueil de poèmes illustrés de photos : La Belle Province Voyage au Pays d’en face, Les Amis de Thalie. Un roman, « récit-mémoire » : Les opérettes d’Offenbach sont toujours à l’affiche. Un recueil de nouvelles : Tu me manques, Prix des Beffrois 2008, http://www.editionsnouvellesparoles.com Au-delà des dunes, un roman-en-nouvelles co-écrit avec D. Boillot et A. Emery, aux Editions Nouvelles paroles et Grand large, son dernier roman, aux éditions du "Banc d'Arguin".
Elle participe aussi à de nombreux recueils collectifs dont on peut trouver les titres sur son blog : http://www.anniemullenbach-nigay.fr/
C.A. Votre blog est très agréable à parcourir. A la fois délicieux et stimulant.
A.M.-N. J'ai voulu ce blog comme point de rencontres avec des lecteurs et d'autres auteurs.
C.A. Qu'est -ce qui vous a incité à vous lancer dans cette expérience "internet" ? Livres et recueils vous paraissent-ils "lacunaires" ?
A.M.-N. J'ai ouvert ce site pour me faire connaître. Quand on n'a pas un grand éditeur il faut une" vitrine". Mais aussi, je le répète, pour partager des textes avec des amis, pour inviter d'autres auteurs et les faire connaître eux aussi. Le partage est pour moi primordial.
C.A. En effet, une de vos caractéristiques semble être votre capacité d'ouverture à d'autres écrivains et artistes. Le talent des autres vous stimule et dans tous les cas ne vous fait pas peur. Ce qui est rare et montre votre sérénité et votre force créatrice.
A.M.-N. J'aime les échanges et le partage. Je crois aux rencontres, surtout aux rencontres de hasard qui n'ont peut-être de hasard que le nom. Rencontre avec Bernard Appel qui m'a fait connaître l'APAC. Rencontre avec une amie d'enfance perdue de vue et retrouvée qui illustre mon recueil Des mots et des couleurs. Série de rencontres avec un compositeur puis un musicien et une chanteuse qui font l'illustration sonore du recueil de poèmes : La Belle Province, sans compter un photographe... Et le roman en nouvelles, Au-delà des dunes co-écrit avec deux autres auteurs rencontrés "par hasard" à une remise de prix. J'ai en préparation pour 2011 un recueil avec une autre poète.
C.A. Les photos de "la joyeuse bande du Procope" sont à ce titre révélatrices.
A.M.-N. L'association "Récits de Vie" et sa revue qui favorise l'écriture autobiographique réunit ses membres de Paris et de la région parisienne une fois par trimestre au Procope, le plus ancien café parisien. De très bons moments d'échanges où je retrouve Gérard Ambroise, également adhérent à l'APAC. Là aussi une rencontre. Une rencontre-hasard !
C.A. Revenons à vos oeuvres "papier". Vous écrivez des nouvelles, des romans ainsi que des poèmes...Pourriez-vous nous dire comment vous passez d'un genre à l'autre. Cela relève-t-il de l'évidence à certains moments ? Y a-t-il des "choses" que l'on ne peut exprimer qu'à travers un poème, par exemple ?
A.M.-N. Oui, le poème m'est toujours inspiré par un état d'urgence, soit par un sentiment, un évènement qui me tient à coeur, qui me "touche" et que j'ai envie de partager, soit encore par une "vision" de la nature : arbre en fleurs, neige, lumière... un instantané, quelque chose de fugace que je voudrais garder, que je pourrais peindre si j'étais douée pour ça ! Pour la nouvelle, c'est plutôt une ambiance qui m'inspire. Je m'immerge dans celle-ci sans savoir où elle me mènera. J'avance un peu à l'aveuglette, mais sans quitter la tonalité. Il n'y a pas urgence comme pour le poème. J'écris, je relis, je ré-écris... et tout finit par se mettre en place. En fait, la nouvelle s'écrit dans la durée et le poème beaucoup plus dans l'instant. Pour le roman la temporalité est encore différente. C'est œuvre de longue haleine et là il faut un plan !
C.A. Dans le dernier P.A.V., vous nous avez expliqué les conditions d'écriture d'Au-delà des dunes votre roman à trois voix. C'est un magnifique défi qui demande beaucoup de qualités d'accueil de la sensibilité de l'autre, beaucoup de confiance aussi.
A.M-N. Une expérience très enrichissante à tous les niveaux. Nos différences sont ici ferment d'unité.
C.A. Vous aimez les mots.
A.M.-N. Mon père était typographe, il m'a transmis le goût des mots jusque dans leur matérialité. Il aimait beaucoup lire et nous faisait la lecture le soir : Sans famille, Les misérables, Le petit chose... des classiques. Dans mon enfance j'étais souvent malade et on m'offrait des livres pour m'occuper. J'ai lu toute la Comtesse de Ségur. A cette époque, j'ai écrit une suite aux Malheurs de Sophie et j'ai continué à l'adolescence... avec des romans "à l'eau de rose" !
C.A. Cependant, pour vous ces mots ne suffisent pas toujours. Quand éprouvez-vous le besoin de les accompagner d'une illustration ou d'une photo ?
A.M.-N. Pour un carnet de voyage (La Belle Province) ou pour un recueil de poèmes mais seulement si le visuel est en adéquation avec l'écrit. ( Des mots et des couleurs)
C.A. Quels sont les grands principes sur lesquels vous fondez votre écriture ?
J'essaie de trouver le mot juste, celui qui donnera du sens à la phrase. Je cherche à ne pas surcharger la phrase, à en enlever toutes les fioritures pour aller à l'essentiel. En prose, je privilégie les dialogues qui font avancer l'action, les monologues intérieurs qui renseignent sur les sentiments des personnages.
C.A. Par curiosité... écrivez-vous quotidiennement, régulièrement ?
A.M.-N. Quotidiennement, surtout si j'ai une nouvelle ou un roman en cours. Un ou deux jours sans écrire et je ressens comme un "manque". En voyage, j'ai un carnet pour noter ce que je vois, mes impressions.
C.A. Quels sont les auteurs qui hantent votre imaginaire ?
A.M.-N. Maupassant, Stefan Sweig, Jane Austen, Virginia Woolf, Dorothy Parker ( ma nouvelliste préférée) et Philippe Claudel. Et puis beaucoup d'autres mais plutôt des classiques. Pour la poésie je m'attache plus au poème qu'au poète.
C.A. Pouvez-vous, pour finir, nous confier une citation qui vous touche particulièrement ?
A.M.-N. "Il n’y a rien de plus difficile qu’une ligne." Pablo Picasso
Claire Antoine