Théâtre Notes prises in "Le Langage s'entend"...cf Michel Guérin, "De la tragédie grecque à la doctrine chrétienne" : signes, symboles et symptômes. Lien ''Critique d'art'', article de Martial Guédron Nihilisme et modernité
Michel Guérin. Nihilisme et modernité
Entre Diderot et Duchamp, au cœur de l'ouvrage, un des grands héros de la modernité : Manet. " Vers 1863, à Paris... Heure d'un accord, d'un espoir dont nous sommes encore émerveillés ", écr...
"De la tragédie grecque à la doctrine chrétienne" Michel GUERIN
La pensée aristotélicienne (paradigme mimétique) a connu une longue carrière.
Loin de déstabiliser le modèle, la pensée chrétienne ( augustinienne surtout) l'a conforté : en "surdéterminant" l'action par le verbe.
Le drame chrétien prolonge la tragédie attique mais la modifie.
La tragédie est représentation d'une action. la doctrine chrétienne fait de la vie humaine un drame, dont la structure doit s'approcher d'une imitation de la vie du Christ.
Le Seigneur est le maître des signes. Il règle leur relation aux réalités, programme leur vocation à s'abolir dans la réalité vraie (ipsa veritas) qu'ils symbolisent.
Ni la mimesis grecque, liée à la praxis,
ni l'imitation chrétienne, guidée par le véritable amour, caritas, révélé dans la démesure immotivée par le mystère de l'incarnation, ne contestent que les visibles, audibles et intelligibles sont EPARS, SEPARES, "AUTRES".
Si une interprétation est nécessaire, c'est à cause de cette dissémination des signes au départ dont la cause est la condition de l'homme qui est chair...
Le pathos et l'éros brouillent le logos, et leurs mouvements l'emportent sur l'entendement (parfois l'homme conspire à son malheur alors même qu'il recherche le bonheur.)
Le principe "beatum esse velle" est légitime mais la voie est mauvaise, parce que
le BIEN que l'amour convoite est vain et illusoire : la cupiditas = faux amour, amour abusé, par lui-même.
Caritas#cupiditas; impasse de la cupiditas qui mime la voie royale de la caritas.
L'interprétation est brouillée par l'horizon de passion sur lequel elle bute parasitée par ses effets pathétiques et corporels.
Cf Pascal : l'homme est égaré dans le dédale de ses propres contrariétés; il interprète les signes de travers.
La souffrance nous cloue sur la planche de la passivité basique, en partage à tous, elle éloigne de l'exutoire d'un dire.
Les signes se dispensent dans le désordre(+/- opaques). Le désordre est en même temps pondéré par l'ordre de l'action et ce pâtir subsiste jusque dans l'agir car il est impossible de se décharger de son corps, à la fois handicap et instrument.
Les signes ayant un avenir d'action ( ou d'intellection = les symboles ) passent par le corps, les sens, non sans entrer en collusion (par osmose) avec des signes qui trahissent le passé immédiat du corps, sa voix à lui, ( les symptômes).
Action symbolique (ce que je veux dire...) et passion symptômatique ( mon visage marque la douleur que j'aimerais dissimuler) sont en concurrence. = courts-circuits de sens.
Donc à l'hétérogénéité totale des signes ( par la parole, l'écriture, le geste , le spectacle) s'ajoute , en les parasitant, l'incohérence des signes pratique, (multiplicité hétéroclite)
e qui est un défi pour l'interprétation, domaine psychologique où règne l'inconscient : principe d'ordre du désordre.
Le théâtre se présente comme le point ou l'espace de résolution du sens par lui-même contrarié.
Dimension de trouble, de dispersion première ( panique sémiotique) double bind de l'homme débordé de toutes parts par ses signes.
Ubris ( grec) et excès de mal ( chrétien)
Theoria et theatrôn, se retrouvent dans l'expérience fondamentale religieuse chrétienne.
Ils postulent un lieu où les anamorphoses et les déformations imposées par le corps et sa sensorialité plurivoque finissent par composer une image cohérente.
L'interprétation, dès qu'elle s'assure de l'assiette fournissant le point de vue, fonctionne comme un rassemblement de signes éparpillés, et simultanément, comme une remise à leur place.
Ils sont secondaires : ce ne sont que des signes : s'ils servent en second, c'est parfait, mais s'ils se complaisent à leur spectacle, alors, ils répandent le vide, la vanité, le mensonge et l'oppression...( et donc, ils véhiculent quelque chose d'autre, de l'ordre d'une forme de désespérance...)