(2/4) L' Otium philosophicum extraits copiés/collés sur un site intitulé ''philosophia perennis'' En juin 2011, http://sophia.free-h.net/ Lien 1) que je ne retrouve pus...; Lien 2) ancientphilosophysociety.org : Le philosophe dans la Cité : Sénèque ...

Publié le par Claire (C.A.-L.)

Ce terme (...) a de nos jours, pratiquement sans exception, un sens négatifEst oisif, selon l’acception moderne, celui qui est inutile à lui-même et aux autres.

Etre oisif et être indolent, distrait, inattentif, paresseux, enclin au “ dolce farniente ” de l’Italie des mandolines pour touristes, reviennent plus ou moins au même aujourd’hui.

Le latin "otium" avait par contre le sens de temps libre, correspondant essentiellement à un état de recueillement, de calme, de contemplation transparente. ( l' otium philosophicum )

L’oisiveté au sens négatif - sens connu aussi de l’Antiquité - n’était que ce à quoi elle peut conduire quand elle est mal employée : dans ce cas uniquement on put dire, par exemple, hebescere otio ou otio diffluere, s’abrutir ou se laisser aller par oisiveté. Mais ce n’est pas le sens courant. 

 Cicéron, Sénèque et d’autres auteurs classiques comprirent lotium comme la contrepartie, saine et normale, de tout ce qui est activité, et même comme la condition nécessaire afin que l’action soit vraiment activité, non agitation, affairement (negotium), “ travail ”.  [...]. D’un personnage comme Scipion l’Ancien on avait l’habitude de dire :

"Nunquam se minus otiosum esse quam cum otiosus esset, aut minus solum esse quam cum solus esset “

II n’était jamais aussi peu oisif que lorsqu’il ne faisait rien, et jamais aussi peu seul que lorsqu’il jouissait de la solitude ”, ce qui met en évidence une variante “ active ”, au sens supérieur, de l’“ oisiveté ” et de la solitude.

[...]On doit à Sénèque un traité qui s’intitule justement De otio, dans lequel l’“ oisiveté ” est décrite comme menant progressivement à la contemplation pure.

Certaines idées caractéristiques de ce traité valent la peine d’être rapportées ici.

Selon Sénèque, il y a deux États : l’un, grand et privé de limites extérieures et contingentes, contient à la fois les hommes et les dieux ; l’autre est l’État particulier, terrestre, auquel on appartient par la naissance.

Or, dit Sénèque, il y a des hommes qui servent les deux États à la fois, d’autres qui ne servent que le plus grand, d’autres encore qui ne servent que l’État terrestre.

L’État le plus grand, on peut le servir aussi par l’“ oisiveté ”, pour ne pas dire surtout par l’oisiveté

- en cherchant donc en quoi consiste la virtus, la force et la dignité viriles... 

L’otium est étroitement lié à la tranquillité d’âme du sage, à ce calme intérieur qui permet d’atteindre les sommets de la contemplation ;

laquelle contemplation, pour peu qu’on la comprenne dans son sens juste, traditionnel, n’est ni évasion du monde ni divagation, mais approfondissement intérieur et élévation jusqu’à la perception de l’ordre métaphysique que tout homme véritable ne doit cesser de voir dans sa vie même et dans son combat au sein d’un État terrestre.

Du reste, dans le catholicisme lui-même [...] on a figuré l’expression sacrum otium“ oisiveté sacrée ”, en référence, précisément, à une activité contemplative.

Mais dans une civilisation où l’action a fini par revêtir les aspects ternes, physiques, mécaniques et mercenaires d’un travail, même quand celui-ci doit tout à la tête

(les “ travailleurs intellectuels ” qui ont naturellement leurs “ syndicats ” et qui font valoir, eux aussi, des “ revendications catégorielles ”), le sens positif et traditionnel de la contemplation devait inéluctablement disparaître. [...]

Comme compensation du “ travail ” et de l’usure d’une vie qui s’abrutit dans une agitation et une production vaines, l’homme moderne, en effet, ne connaît pas l’otium classique : le recueillement, le silence, l’état de calme et de pause qui permettent de revenir à soi-même et de se retrouver.

Non : il ne connaît que la “ distraction ” (au sens littéral, distraction signifie “ dispersion ”). [...]

En juin 2011  L' Otium philosophicum sur philosophia perennis   http://sophia.free-h.net/spip.php?breve193