(3/4)L'otium philosophicum (Suite) "L'otium romain, un loisir problématique" par Chantal Labre. Extrait gratuit d'un article payant.
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01/07/2004 | Recherche | Magazine Littéraire n°433 | Article payant
Les Romains se méfiant de tout relâchement de l'effort, l'otium, le temps qui n'est pas consacré aux affaires commerciales ou politiques, doit être occupé.
Mais comment concilier ce loisir avec la vertu et l'honneur du citoyen, avec le souci des affaires publiques ou celui de soi ?
L'image de Rome - et l'image de la paresse à Rome - ne se sont jamais tout à fait remises, semble-t-il, de la rude et laborieuse fondation de la cité, de ses énergiques et incessantes guerres de défense ou de conquête, ni de l'idéalisation de ses premiers siècles dans l'historiographie romaine ; l'énergique figure de Caton l'Ancien, toujours convoquée par Sénèque, trois siècles plus tard, augure mal de l'avenir romain de la paresse...
Loisir raffiné et paresse, le « problème » est apparu à Rome avec les guerres puniques,
la victoire sur Carthage, l'afflux de bien-être matériel qui s'ensuivit pour la cité, et cet élargissement intellectuel dû à la découverte de cet Orient carthaginois.
Le cercle des Scipions, groupé autour du vainqueur d'Hannibal,
fut un foyer d'humanisme qui allait remettre en cause la coutume romaine et son puritanisme,
introduisant le loisir culturel (l' otium ) comme valeur.
La réaction suivit,
et Scipion se vit taxé d'avoir introduit dans la cité « l' otium graecum » - grec -, véritable injure.
L'infamie de l'adjectif pèsera toujours en puissance sur l' otium .
En soi, le terme même d'otium ne désigne ni un défaut ni une qualité.
Le défaut de paresse, si nous interrogeons les mots latins, c'est, au choix : pigritia, ou ignavia (manque d'énergie, paresse) ; aucune occurrence positive de ces... Chantal Labre