Méditation - Fascinant ruban de Möbius : mécanisme d'autorégulation, ''fusion'' des contraires - course en sens contraire. Lien : Möbius strip.jpg David Benbennick

Publié le par Claire Antoine

Le ruban/bande/boucle/anneau/ceinture de Möbius (Moebius) est quand on en fait une  description "topologique": "une surface compacte dont le bord est homéomorphe à un cercle".

Il ne possède qu'une face et qu' un seul bord, au lieu de deux, et sa surface est non orientable.

 

Comment réaliser un ruban de Moebius ? 

Faire subir à une bande depapier, une torsion d'un demi-tour,

coller les deux extrémités, créant un ruban sans fin n'ayant ni intérieur ni extérieur.

La "course en sens contraire", l’énantiodromie (terme utilisé par Héraclite) contient l'idée que tout ce qui existe évolue, au fil du temps, vers son contraire. (...), 

         C'est un mécanisme d'autorégulation dont la métaphore est le ruban de Möbius 

A la fin du xxe siècle, même s'ils n'utilisent pas le mot "énantiodromie", des penseurs comme  Jacques Ellul et Ivan Illich, se réfèrent à cette notion quand ils estiment que l'homme moderne se retrouve dépassé par ses artéfacts et ses procédures techniques à savoir les centrales nucléaires et la bureaucratie à force d'avoir cherché à s'en servir pour dominer sans fin la nature.

(Des transformations, celles qu'on retrouve dans le taoïsme - qui se base sur les principes d'opposition et de complémentarité du yin (attention, réceptivité) et du yang (action) - surviennent dans les comportements humains.)

Voyons ce que peut donner une telle figure dans le domaine des idées, en particulier chez Patrick Tort, ( linguistephilosophehistorien des sciences et théoricien de la connaissance français. qui a notamment analysé la dimension anthropologique de l’œuvre de Darwin.figure qui même si elle semble être une surface, est en fait similaire à un cercle avec un seul bord et une seule face.

                                                                    L'effet réversif ?

L'image du ruban de Möbius sert à faire comprendre l'opération réversive. Composé d'une bande (2 faces) refermée après torsion d'un demi-tour, il ne comporte plus désormais qu'une seule face et qu'un seul bord. 

"On parle aussi de l’effet réversif concernant le trajet de la lumière. C'est le phénomène qui se produit lorsque la lumière est réfléchie sur une surface, car alors, elle change de direction et se déplace dans une direction opposée à celle d’origine. Cela peut être observé dans des miroirs ou des surfaces réfléchissantes similaires."

L'image miroir d'un ruban de Möbius correspond à un retournement (avant collage) d'un demi-tour dans l'autre direction, et donc n'est pas identique au ruban initial.  

Dans l'épistémologie de Patrick Tort, la métaphore topologique du ruban de Möbius illustre ce qu'il nomme l'effet réversif de l'évolution chez Darwin : la sélection naturelle, née de la lutte pour l'existence, sélectionne les instincts sociaux, dont le développement en « civilisation » s'oppose de plus en plus à la lutte pour l'existence, donc à la sélection naturelle.

Si l'on nomme « nature » et « civilisation » les deux faces initialement opposées, on constate que l'on passe, à mi-chemin, de l'une à l'autre sans saut ni rupture (il ne saurait y en avoir au sein de la continuité « généalogique » qui demeure ici fondamentale). Le continuisme darwinien en anthropologie n'est pas simple, mais réversif. Le mouvement nature → culture ne produit pas de rupture, mais impose toutefois l'évidence sensible d'un « effet de rupture », car on est progressivement passé « de l'autre côté ».

                                                        Et pour aujourd'hui ? 

« Un nouveau découpage du savoir ou de la périodisation n’est pas plus une révolution théorique que ne l’est le fait de changer sur un objet l’angle d’incidence du regard en faisant, simplement, un pas de côté. L’unité d’un corpus de discours n’est jamais absolument close, ni absolument délimitable, car ce qui en règle l’apparition et la disparition n’est pas de l’ordre du commencement absolu et de l’extinction définitive, mais de l’ordre de la résurgence opportune et de la mise en sommeil plus ou moins prolongée. » Patrick Tort 

... Peut-être pour dire que qu'on peut toujours aller chercher dans les idées du passé ce qui nous intéresse pour servir nos causes. Mais, ce ne sera pas un recommencement,  pas un retour en arrière mais une "course en sens contraire". Le mouvement ne revient pas exactement sur lui-même,  puisqu'il y a eu torsion.

                                                         Dans l'air du temps !

Autrement dit, toutes les "avancées progressistes" pourraient effectuer une "course en sens contraire"... sans même que ce soit perçu, (montré) - comme un (vrai) retour en arrière...juste une torsion, un pas de côté qui fait qu'on ne voit plus les "choses", tout à fait, de la même façon. 

Je pense en particulier aux "atteintes" aux libertés, aux censures en tous genres (au nom d'un "neoprogressisme" ?). 

 

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