Mousson d'été 2022 - Dimanche 28 août - Lecture de ''L'Ange abîmé'' de la dramaturge suédoise Sara Stridsberg, dirigée par Véronique Bellegarde - 3 Liens : 1) les interprètes, Clotilde Hesme et Jacques Bonnaffé sur estrepublicain.fr ; 2) l'auteure sur theatre-contemporain.net; 3) la traductrice : video conversation avec Marianne Segol-Samoy

Publié le par Claire Antoine

La lecture de l'ange abîmé(/blessé; Den sårade ängel/Wounded Angel)dirigée par Véronique Bellegarde, a été mise en espace sur les bords de la Moselle, dans les jardins de l'abbaye des Prémontrés pour la 28 e édition de la Mousson d'été.

                                       1) Résumé de la pièce, trouvé sur theatre-contemporain.net

"Un homme converse avec sa fille, et leurs vies, à lui comme à elle, affleurent à travers leur dialogue tout en retenue qui traverse plusieurs décennies. De petits riens se mélangent aux grands événements : on y croise un divorce et une nouvelle rencontre, une naissance et une autre, et aussi un décès, qui les affecte profondément tous deux. Entre ces deux êtres marqués par une profonde fragilité se lit en filigrane un profond lien d'inter-dépendance émotionnelle qui échappe au verbe. Dans ce presque rien, on entrevoit le sens du mot famille." 

 

2) Quelques éléments épars "butinés" par-ci par-là sur Internet ... lus ou entendus dans la discussion ( cf. lien video) entre la traductrice Marianne Segol-Samoy et Jean-Pierre Ryngaert, ou encore ce qui me reste, avec erreurs et oublis (puisque je n'ai pas le texte sous les yeux), de la très intéressante lecture du dimanche 28 août.  

Sara Stridsberg s'intéresse "à l'extrême vulnérabilité de l'être humain" et elle lui tend la main. Les deux personnages , un père et sa fille, portent chacun une culpabilité qui se lit peut-être dans la constante allusion à l'alcool. Ils ne boivent pas devant nous, ils ont bu. Avec son regard de femme-féministe, elle nous fait entendre la culpabilité du duo. Elle est dans leur tête, dans le récit qu'ils font de scènes anciennes et nouvelles qui s'entrecroisent et se chargent, au fil des ans de trahisons et de dé-tresses.  

 

La mémoire et le présent sont indissociables. "Maintenant, elle est petite – maintenant grande. Et si à nouveau elle redevenait petite." 

Les décrochages temporels, analepses qui ont lieu à l’intérieur des personnages, sont là pour signaler les changements de scène redoublés, au moment de la mise en espace, par les déplacements des comédiens rapides, en ellipses, presqu'inattendus. 

Tout est continuité discontinue, temporalité instable aux possibles récits à la durée floue et à la violence contenue, régulée par peut-être la présence des spectateurs, se superposant aux extrémités, par un inlassable retour des mêmes thèmes.

Ils donnent à imaginer une vie hors scène qui ne peut se dérouler sans un retour vers le centre, vers le nœud obsessionnel, "la femme/ta mère". Ils se donnent à voir comme respectueux tous les deux de règles aussi bien langagières (il y a beaucoup de lieux communs, de phrases toutes faites alternant avec des « pics » de paroles critiques) que thématiques (l’enfance, l’alcool, l’épouse-mère-fille(s), le confort/inconfort des lieux évoqués, comme celui du centre de désintoxication, dans lequel, même la fille séjournera peut-être…). 

La fille enfant au début (elle joue dans les arbres) deviendra mère d’un fils après avoir souhaité devenir la mère de sa demi-sœur ( peut-être est-ce même elle, petite) : la deuxième fille de son père, qu’il aura avec une jeune femme qui le quittera.

Le temps passe malgré tout, borné par la vie et la mort. Le père qui finit toujours par s’apitoyer sur son sort, avance « crûment » en âge 50 ans , 57 ans… 

Est-il possible de changer ?  Où est-il allé, le père ? dans un centre de désintoxication ? Dans une nouvelle maison, un lieu où il habitera, avec une jeune femme dont il aura un enfant, une deuxième petite fille muette trimballée dans un couffin-coque de landau, qui mourra âgée et défigurée avant la fin de la pièce ? 

Dépendance et compulsion - la pièce fait ressortir le double tranchant de la coercition et de la liberté.

"Sara Stridsberg écrit sur "le pardon de l’impardonnable" dans la feuille de programme de la pièce. Peut-être le pardon doit-il résider comme non réalisé, mais possible et surtout audible.

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