Lien avec un article de Christine Noille qui traite de la rhétorique ancienne et de ce qui était, en 1516, considéré comme des ''défauts'' inacceptables dans les textes en prose
Tables des figures et des tropes. Seconde partie. Les défauts [Augs...
Présentation Or, le discours parfait, comme nous l'avons déjà dit ailleurs, repose sur trois éléments : une langue correcte, des énoncés convaincants et une éloquence ornée. Comme le premi...
Très intéressant en soi mais aussi pour placer la rhétorique dans une perspective historique. La morale est ici clairement liée au langage, ( Fautes, vices/vertus) ou vice versa. Et pour aujourd'hui ? Nouvelle rhétorique (nouveau "langage" ?) /nouvelle "morale". A l'heure de la déconstruction, d'un langage, d'une culture dominé·e par un imaginaire masculin et patriarcal.
Je sais bien que j'enfonce des portes ouvertes et qu'il faudrait redéfinir tous les mots mais ...
Peter Schade explique, en 1516, comment épurer le discours en prose pour le rendre, "vrai", efficace, et utile afin qu'il véhicule "Le sens". (Cf. Le "Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement" de Boileau, en 1674. Et lui c'était pour "L'art poétique".) Depuis des lustres la femme est mise en scène comme parlant trop, à tort et à travers...sans logique. Mais, quelle logique ?
Petite prise de notes dans un article en lien qui traite d’un opuscule d’enseignement des figures, paru en 1516 sous la plume de Peter Schade (1494-1524) est né à Proteg sur les bords de la Moselle, en 1517 il est nommé professeur de grec à l’université de Leipzig.
"Un défaut est dans l’énoncé comme une erreur qui,
si elle est pardonnée chez les poètes,
est cependant intolérable dans la prose." Peter Schade, 1516
Selon une conception ancienne de la rhétorique, qui se focalise sur les techniques des tropes et des figures, il donne la liste des « défauts », des « fautes » qui précise-t-il "chez les poètes, sont assurément des qualités, mais qui chez les orateurs, sont des défauts."
Les défauts, les fautes sont de trois ordres : l’obscurité, le désordre, l’incorrection.
- Il y a obscurité par les mots ou la construction et ses 8 figures
l’acyron, le pléonasme, la périssologie, la tautologie, l’homologie, l’amphibologie, l’ellipse, la périergie
-Acyron, Impropriété. Quand un terme est appliqué à l’énoncé en troublant complètement la signification propre, comme un épais brouillard.
-Pléonasme. Se produit chaque fois que, dit Quintilien, l’énoncé est surchargé de mots superflus.
- Périssologie. Se produit quand une expression est ajoutée sans aucune force dans la pensée.
-Tautologie. Répétition d’un même mot ou d’un même énoncé.
-Homologie < uniformité >. Défaut plus considérable encore, lorsque l’énoncé, de toute part semblable à lui-même, provoque l’ennui par son absence complète de variété, étant au contraire tout entier d’une seule couleur.
-Amphibologie. Quand par un défaut de construction, un mot est susceptible de deux interprétations différentes.
-Ellipse. Suppression. Il manque quelque chose à l’énoncé, qui fait qu’il est moins plein.
-Périergie < enflure >. Raffinement stylistique superflu et excessif.
- Il y a désordre quand il n’y a pas de dignité dans les mots.
Les fautes relatives au désordre sont au nombre de 6 : la tapinose, le cacemphaton, la cacozélie, l’aschematiston, le cacosyntheton, le soraismus.
-Tapinose. Défaut par lequel la dignité d’une chose est rabaissée par la bassesse du terme choisi.
-Cacemphaton, l’énoncé est interprété en un sens obscène.
-Cacozélie. Affectation fautive, quand l’ingéniosité est dépourvue de bon sens et prend pour le bien l’apparence du bien.
-Aschematiston. C’est-à-dire figuration défaillante, lorsque l’énoncé, tombant à plat, est privé de ses figures, lesquelles le feraient briller telles de petites étoiles.
-Cacosyntheton. Arrangement défectueux des termes, là où un élément n’est pas à l’endroit qui lui conviendrait.
-Soraismus. Un mélange et un entassement de dialectes d’origines variées chez les Grecs, et chez nous, de termes vernaculaires et latins, propres et impropres, anciens et nouveaux.
3) Et l'incorrection, un défaut qui tend à ce qu’on pourrait appeler une certaine barbarie.
Les fautes relatives à l’incorrection sont : le barbarisme, la barbarolexie, le solécisme.
-Barbarisme. Terme fautif qui pèche contre la grammaire de la langue latine, à l’écrit ou à l’oral. Il se produit par addition, soustraction, substitution, transposition : et ce, d’une lettre, d’une syllabe, d’un temps verbal, d’un ton, d’une aspiration.
-Barbarolexie. C’est-à-dire terme incorrect, chaque fois qu’un terme d’une langue étrangère est inséré dans un énoncé latin.
-Solécisme. Construction disconvenante et défectueuse, qui se remarque par tous les accidents dans les différentes parties de l’énoncé, quand une partie de l’énoncé est mise à la place d’une autre : un genre à la place d’un genre, un cas à la place d’un cas, un temps, un mode, un nombre, un adverbe à la place d’un autre, une proposition à la place d’une autre.
"Et pour ne rien vous cacher, dit aussi Peter Schade, en ce qui concerne ces défauts
je ne saurais vous en accorder aucun, non, pas le moindre.
Car quoique Virgile fut plus d’une fois audacieux dans ces mêmes défauts,
il ne serait cependant pas avisé que vous l’imitiez sur ce point »