Paul Mathieu à Poésie-Pontiffroy
Paul Mathieu, poète
Belle fin d'après midi, hier, samedi où Paul Mathieu, à l'invitation de Pontiffroy-Poésie a rassemblé des poètes du "dire" de l'"écrire" ou de l'"écoute" - certes, un peu moins nombreux que d'habitude...du fait de la date qui correspondait, hélas, à celle du WE du Livre sur la Place de Nancy.
Nous avons suivi, durant une heure qui a paru très courte, Paul Mathieu dans les méandres de son écriture, donnant ainsi quelques clés d'accès à ses différents recueils.
Il m'a semblé en l'écoutant que d'abord pendant quelques instants il convoquait les mots, jonglait, virevoltait, afin de préparer l'arrivée, dans une sorte d'évidence paradoxalement surprenante, de silhouettes, de scènes prenant petit à petit consistance pour finir par apparaître "en clair", en impression forte, sur l'écran des imaginations de ceux qui alors silencieux pouvaient entendre leur horizon s'élargir.
Scènes d'un ailleurs de beauté, de sensualité, dans les "Sables du silence" mais aussi de douleur, de recueillement et de révolte avec l'évocation du "chêne de Goethe"*1 devenu le titre d'un de ses recueils publié chez Tétras Lyre.
"Le scribe reprise le monde", écrit-il aussi.
A petits points, consciencieusement par le verbe il rend compte du monde, en prise avec la terre, qu'il graphie délicatement sans chercher à la cadastrer. Sur le fil, il en rattache les morceaux, les déchirures. Il les retisse, les rabiboche, dépassant le modèle de la ruine et du chaos.
Sollicité par Vincent Wahl, Anissa Mohammedi et Alain Helissen il a évoqué les liens entre sa pratique poétique et son positionnement culturel presque "naturel", pour un natif des Trois frontières, professeur d'espagnol, latin et français... de traducteur-passeur.
J'ai beaucoup apprécié également le texte très savoureux dans lequel il rend hommage, en le pastichant, merveilleusement bien, au poète belge Jean-Pierre Verheggen. On peut le trouver dans le recueil Auteurs autour , publié aux Editions Traversées qui témoigne de 20 ans de recensions littéraires.
Quelques titres encore (très bien choisis) :
Qui distraira le doute (l'Arbre à paroles, 2006)
Cadastres du Babel (Estuaires, 2008),
En venir au point (PHI, 2009)...etc
et d'autres en préparation
Et pour finir, quelques mots que j'ai eu envie de noter au passage de leurs envolées
Il peut y avoir des erreurs, si mon inconscient a décidé de me jouer des tours ...
Mots volés Etres mulets
Fouillis de verdure
nu pied moins de fleurs
palmes diverses couples surannés...
se lave le pêcheur des filets
point d'oiseaux
ce pont où quelques uns nous marchons
les perruches ...me suffit peut-être de les aimer
Ton pas où longtemps je n'ai aimé que le papier recrée les écureuils
Dans la jarre aux cris sonores
Quand ce que nous fûmes c'est fumée
Relief hocquetant entre courant
On ne déchiffre que les marques de la boue
Une simple goutte pourrait selon sa pente sauver bien des choses...
Claire
*1 Un arbre, chêne ou hêtre, conservé au milieu du camp de Buchenwald, au moment de sa construction en 1937, sur la colline d'Ettersberg, près de Weimar. Il aurait été selon la légende celui sous lequel le poète, philosophe et dramaturge Goethe (1749-1832) aurait eu l'habitude de se reposer, de méditer et de travailler et qui fut ensuite brûlé lors du bombardement allié de juillet 1944.