mai-juin 2000
Avant-Propos de Jean Lhote, le fils ainé de Lucie et Camille et également mon père.
"Soixante ans plus tard, en mai-juin 2000, que reste-t-il, dans nombre d'archives familiales lorraines, des souvenirs de l'exode de mai-juin 1940 ? Le plus souvent, quelques lettres, sauvegardées presque par miracle, véhiculées, comme celles conservées par mes parents, dans une précieuse boîte jusqu'à la fin du conflit. J'ai sélectionné ainsi, outre un fragment de poème, écrit par une de mes tantes et intitulé " La symphonie des bombes", placé en exergue de ce recueil de témoignages, un relevé des mesures préventives en cas de bombardement, datant du 10 mai 1940, rédigées par mon père et un sauf-conduit daté du 1e juin, la correspondance expédiée à ma mère, pendant ces deux mois capitaux de bouleversements de la France, soit une lettre de ma grand-mère paternelle datant du 19 mai, deux lettres préparant notre évacuation vers Tonneins ( Lot et Garonne) chez notre cousine du Château de Ferron, datant des 23 et 25 mai, une lettre des 7-9 juin écrite après notre départ de Mattaincourt, (Vosges) par mon père, Camille Lhote qui ne gagna le Sud avec son unité que huit jours plus tard, un télégramme de celui-ci datant du 23 juin et nous précisant sa position (Bages, dans les Pyrénées Orientales), une lettre du 29 juin de ma grand-mère paternelle annonçant le retour de son beau-fils à Xertigny (Vosges), après un périple dramatique jusqu'à Pau (Pyrénées Atlantique), et enfin, une lettre de mon père, datée du 30 juin, faisant le récit de son propre périple et recommandant la prudence à sa famille quant à l'avenir immédiat : " Il n'y a pas intérêt à revenir en pays occupé. ne faites rien sans m'en parler, méfiance...Les agneaux qui sont à cinquante kilomètres de Tonneins peuvent redevenir des loups quand nous aurons perdu nos dents.""