''Se déplacer, flâner...'' Transposition de quelques lignes du beau livre ''Marcher, créer'' de Thierry Davila
...de quelques lignes du livre
Marcher, créer, de Thierry Davila
"Déplacement, flâneries, dérives dans l'art de la fin du XXème siècle"
Se libérer d'abord
de l'attraction
terrestre
par ses bras
occupés
désormais
à d'autres fonctions.
Se délester s'alléger de ses pieds
posés toujours en premier,
aimantés.
Depuis les grands commencements.
Au ras du sol, l'humanoïde,
mobile, vertical
à marche forcée,
aveuglé,
se déplace.
Puis mesurer
avec un mètre d'arpenteur
tout ce que les lieux refoulent.
Et inscrire sur des cartes tout ce que les villes oublient
ce qu'elles délaissent
abandonnent
placent sous silence
épais de couches de macadam
gluant et fumant
ou au plus profond des excavations
des rues éventrées sans préavis sans délais
et recouvertes de sable jaune glissant au petit matin blême aussi encore.
Friches vagues désertes
qui n'ondulent pas sous le soleil
se terrent se taisent.
Parfois, les surfaces fluides en devenir t'invitent à les suivre.
Dès lors déambuler
à chaque instant
instants familiers
qui saisissent prennent serrent
à la gorge,
instillant de l'incertitude jusqu'au moment imprévisible, fulgurant, irréversible
incongru et indolore où s'opère la métamorphose.
À reconnaître enfin.
Ces objets que tu croyais si fort désirer connaître.
Nuit chaude ronde rouge.
Les lumignons renaissent dépouillés du dehors.
Les certitudes dérivent et dépaysent le regard.
Me transforment du dedans à la source de l'inquiétude.
Ma perception rendue plus pointue
découvre
sous le voile laiteux
l'espace d'un advenir
immédiatement étrange.
Puissantes impressions premières.
C.A.-L. octobre 2011