''Comment la bombe nucléaire imprègne notre imaginaire et nos expressions artistiques'' : 3 Liens 1) afis.org texte de Laurent B. Fay ; 2) you tube bing.com proposé par Jo Pistone : bande annonce de ''Docteur Folamour'' Stanley Kubrick ; 3) theconversation.com, texte de Teva Meyer sur ''le mythe d'un monde affranchi de toutes contraintes''

Publié le par Claire Antoine

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Le 11 décembre 2019, un colloque intitulé « Imaginaires nucléaires » a été organisé à la Bibliothèque nationale de France par le Commissariat à l’énergie atomique et l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire.

Ce colloque interdisciplinaire s’est intéressé aux représentations de l’arme nucléaire dans l’art et la culture et à la manière dont ces représentations façonnent nos perceptions et notre imaginaire collectif.

Le livre tiré de ce colloque et enrichi de dix-huit autres contributions constitue un volume original et pour tout dire passionnant.

Les bombardements d’Hiroshima et Nagasaki en 1945 ont vu surgir le nucléaire dans la vie du monde. La bombe nucléaire est rapidement perçue comme représentant le commencement d’une nouvelle ère pour l’humanité en raison de son pouvoir destructeur apocalyptique sans comparaison avec les explosifs conventionnels.

L’humanité s’est vue « en possession de sa propre mort » comme l’a écrit Jean-Paul Sartre en octobre 1945 dans un article publié dans la revue Les Temps modernes. L’art s’est alors emparé de l’arme nucléaire et de nombreux artistes l’ont intégrée dans leur travail.

Le livre dirigé par Jean-Baptiste Jeangène Vilmer et Céline Jurgensen expose de multiples points de vue sur le nucléaire bien au-delà des experts de l’armement.

Sont en effet conviés à donner leur perspective des chercheurs, artistes, diplomates, réalisateurs, muséographes, photographes, dessinateurs.

Le livre est organisé selon des verbes d’action : penser la représentation de l’arme nucléaire, lire les romans et bandes dessinées qui la mettent en scène, regarder la bombe au cinéma ou dans des séries télévisées, montrer par la photographie le champignon atomique, les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins ou la prolifération des armes nucléaires, écouter la musique qui parle de nucléaire, bâtir des villes en fonction de la menace nucléaire,jouer aux jeux vidéo qui incorporent la bombe atomique dans leur arsenal fictif, promouvoir les stratégies nucléaires et la dissuasion nucléaire, contester le nucléaire et ses applications.

C’est ainsi que des œuvres aussi diverses que des films comme James Bond contre Dr NoDr Folamour ou Avengersl’Ère d’Ultron, des séries télévisées comme Whoops Apocalypse ou Jericho, des bandes dessinées telles que Blake et Mortimerle Secret de l’Espadon ou Tanguy et LaverdureDestination Pacifique, des photomontages comme ceux de Clay Lipsky Atomic Overlook ainsi que les jeux vidéo Red Alert ou World of Conflict, se sont emparés de l’arme nucléaire pour la célébrer ou la décrier, participant ainsi à la « construction d’une véritable mythologie sur le nucléaire ». Chacun des neuf chapitres du livre peut se lire indépendamment des autres. Leur lecture est facile et le texte est soutenu par une iconographie variée et de qualité ainsi que par de nombreuses références bibliographiques.(...)

1 Étaient également partenaires de ce colloque Les Cahiers du cinéma, les Jeunes de L’Institut des hautes études de défense nationale (Jeunes IHEDN) et le Centre interdisciplinaire d’études sur le nucléaire et la stratégie (Ciens) de l’ENS Ulm.

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''Aux racines géopolitiques du nucléaire se trouvent deux mythes :

l’avènement de l’Humanité à l’âge de l’abondance

et la soumission de la nature,

fondés sur les propriétés physiques de l’uranium et du plutonium.

(...) Plus précisément, il faut prendre au sérieux la manière dont celle-ci a été convoquée par des acteurs scientifiques, politiques et économiques pour soutenir l’idée d’un nucléaire a-spatial par nature, d’une technologie permettant à l’Humanité de se défaire des contraintes que la géographie avait fait peser sur son développement.''

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