Voyage personnel dans "l'Ecriture du désastre"de Maurice Blanchot
FRAGMENTS
ICI INSCRITS SEULS CONTRE TOUT CONTRE TEMPS
DIRE CE QUI N’A PAS DE LIMITES ET NE PEUT PAS ÊTRE DIT
« Quand tout est dit, ce qui reste est le désastre, ruine de parole, défaillance par l’écriture, rumeur qui murmure : ce qui reste sans reste. » Maurice Blanchot
Eprouver la réalité d'un fragment, qui ne soit pas partie d'un tout, qui ne soit pas contiguïté, éclatement métonymique dispersion, éthique du discontinu
exigence du fragmentaire comme uniquement figure de l'inachèvement,
in-finitude sans possibilité, ni même volonté d'accomplissement,
refus d’une quelconque parousie
Sans en appeler au Dire contre, au re-Dire d'un monde magique
Au rond pour symbole.
Sans le "dépliement" sur la ligne des temps
questionner l’unité de l’être dans ses rapports au monde et à l’écriture, dire simplement qu’ils participent de ce que Blanchot Maurice, dans les 219 pages de L’écriture du désastre paru chez Gallimard en mille neuf cent quatre-vingt-sept, nomme le désastre, là où
« écrire, ne pas écrire, c’est sans importance, …qu’elle (l’écriture) ait lieu ou non ; c’est l’écriture du désastre.».
Les mots mis bout à bout en morceaux signalent au rêveur leur participation au désastre au rêveur qui accepte le protocole imposé par le manque l’ absence de liens visibles liens qui les auraient complétés et forcés à la dure et lisse indifférence fermée qui se donne au lecteur à regarder palper sentir…
Seul, silencieux en soi et hors soi, hors temps il est la passivité immobile essentielle, de « Bric perdu », verlainien, « jouet du flux et du reflux », il accepte la mort, d’oublier de chercher à savoir ce qui n’a pas été écrit, d’oublier jusqu’à l’existence de l’énigme, de la filiation.
Il ne cherche pas à rassembler à la pelle et au râteau les morceaux dispersés, pierres tombales des terres inondées de Baudelaire
Tentative pour faire échouer le rassemblement vers une unité non contestée dans sa présence
Mais tessons qu’aucun archéologue ne devra étiqueter,
placés dans une vitrine, sans commentaires, au milieu d’autres tessons venus d’un passé sans récit infiniment rompu – absent à jamais.
Désastre
puisqu’il y a « désastre parce que le désastre incessamment se manque », dit encore Maurice Blanchot
L’écriture du fragment c’est être « exposé à la passivité sans passion » du désastre.
Mis à distance d’une unité possible probable mais d’avant, à la fois advenu sujet, plein et vide, astre éteint, visible encore, pris dans le temps parfois du regard, de l’élan d’un lecteur désirant, signe d’Autre.
Claire ANTOINE-LHOTE