"Écrire sur soi, un risque ou une aubaine ?", voilà le thème du concours d'écriture organisé en 2009 par l'Association Récit de Vie

Publié le par Claire

J'y ai participé.

Je n'ai pas été retenue. A juste titre.

A l'époque, je n'avais pas saisi quels étaient les enjeux d'un concours de ce type, et pas non plus, le côté dérangeant  de mes souvenirs. 

 

J'avais pris un risque certain, risque inutile, en fait. Personne ne m'en demandait autant. J'ai évoqué ( pourquoi ? "l'occasion,...quelque  diable aussi me poussant"...) un traumatisme, dont je ressens encore parfois les effets, qui reste dans un coin de ma mémoire, ...qui m'empêche peut-être  d'être complètement sans arrière pensées quand tout a l'air de bien se passer. L'irruption du " haut le corps", toujours possible.  

Il s'agissait plus d'autobiographie avec certes, un certain recul, par rapport à moi-même, (heureusement...),

mais ce n'était pas un récit à " couleur" autobiographique. Un récit à lire avec un sourire ému aux  lèvres, en repensant aux jeunes années.  Ce qui est bien agréable.

 

Extrait  incipit   expurgé...                      RISQUER…

 

Mes souvenirs les plus anciens remontent à la rue Coislin. J’habitais à Metz, dans cette rue, au numéro 12. Quand je cherche aujourd’hui à situer l’emplacement de la maison où j’ai passé à peu près 11 ans de ma vie, je peine à le retrouver. Non que la rue ait disparu, mais elle a changé d’aspect. Elle me semble courte, compacte, avec ses résidences et sa tour. Des professions à plaque ont remplacé les petits commerces de mon passé. Et au lieu des maisons d’habitation assez inconfortables, mais, dans mon souvenir, grouillant d’enfants de mon âge, on trouve maintenant des logements silencieux de type résidentiel.

De la fenêtre de ma chambre je voyais  La Place. « Où tu vas ? Ben, sur La Place, m’man. » De terrain de jeux, elle est aujourd’hui devenue parking. Entre temps, elle fut gare des cars. Les travaux occasionnés par sa construction s’étalent sur une période qui a coïncidé avec la fin de mon enfance… C’est juste avant la mise en service de celle-ci que j’ai déménagé pour un autre quartier.

De cette période, certaines images me reviennent, diapositives qui se suivent dans le désordre. Je ne parviens pas à savoir si ce sont de vrais souvenirs, ou de ceux que j’ai, au fil du temps, façonnés afin de donner une armature à ma vie.

Si je pouvais, grâce à ces lignes trouver une réponse à mes interrogations, trouver l’équation, de ce néant qui m’envahit certains jours, il me semble, ce matin, que je serais moins poreuse, (j’ai, comme beaucoup, le fantasme de l’éponge,…). Dans un contact plus rugueux, mais aussi plus incisif, intrusif avec les choses et les gens, moins confus, fusionnel, me viendra, sans doute la possibilité d’être[...]
[...] Il me faut le recul du temps, et la solitude, pour rester libre…J’ai lu qu’on pouvait, dans un tel cas, soupçonner un lien à la vie foncièrement paranoïaque, qui se tapirait dans la conscience, attendant son heure. Mes parents, lecteurs compulsifs et aveugles d’ouvrages de psychologie, amateurs ivres de tests et recettes auxquels ils soumettaient les autres, s’entourant eux, de l’anneau de Gigès, détectaient, chez moi, selon les jours, un fort « manque de personnalité » ou même [...]
...Mais ça, uniquement quand leurs intérêts étaient contrariés. Il était, dans tous les cas, indispensable, de me mettre sur le bon rail. Après, ça allait tout seul… « Elle est gentille, mais influençable… ». J’évoquerai les batailles destinées à me réhabiliter à leurs yeux, dans un autre chapitre, car il faut en venir au fait.

 

J’avais 7 ou 8 ans et je remonte chez moi, avec un filet à commissions contenant de la viande. Un vieux chat affamé, qui me fait encore peur, le flaire et l’attaque avec une patte. Epouvantée, je jette le tout et cours me mettre à l’abri. C’est dans ce quartier que j’ai conçu ma terreur [...]

...

 

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